vendredi 31 mai 2019

Green Book : l'humanisme au coeur

En DVD et Blu-ray : Après un beau parcours en salle et quelques prix, dont l'Oscar du meilleur film, Green Book Sur les routes du Sud est disponible en vidéo. L'occasion d'accompagner (à nouveau) Viggo Mortensen et Mahershala Ali dans un périple qui semblait tout tracé d'avance et n'en finit pourtant pas de nous surprendre.



Cette histoire de chauffeur italo-américain un peu rustre conduisant un pianiste afro-américain virtuose et sophistiqué dans le Sud des Etats-Unis, au début des années soixante, à l'époque de la ségrégation, avait de quoi susciter une certaine méfiance. On connaît la propension d'Hollywood à faire dégouliner une épaisse couche de bons sentiments sur des tartines de bienpensance. Mais Green Book a su éviter cet écueil grâce à quelques atouts.

Il y a d'abord un formidable duo de comédiens, à savoir Viggo Mortensen et Mahershala Ali. Dès le début du film, Viggo nous bluffe dans un rôle complètement à contre-courant de ses précédentes prestations. Il est totalement crédible en Frank Vallelonga, surnommé Tony Lip pour sa capacité à baratiner son monde. L'accent ritalo-new-yorkais, la médaille pieuse sur le marcel tendu par une grosse bidoche, la consommation pantagruelique de clopes et de bouffe grasse, les manières rustres, les propos bas du front... hors des acteurs d'origine italienne, peu de stars auraient pu incarner un tel personnage sans en faire trop ou passer à côté de la plaque. Pas Viggo, dont on finit par se demander s'il n'a pas des racines transalpines. Et lorsque son Tony risque de verser dans la caricature, Mortensen lui fait remonter des émotions pour le coup complètement subtiles.

Face à une telle interprétation, Mahershala Ali semble en retrait. Il faut dire que c'est l'attitude même de son personnage, le "docteur" Don Shirley. Un artiste réservé, limite hautain, dont on découvre progressivement qu'il est en proie à bien des questionnements. Et des souffrances. Là encore, on frôle la caricature de l'artiste tourmenté mais Mahershala parvient à fendre l'armure par petites touches jusqu'à nous bouleverser dans le dernier tiers du film. J'ajouterai à ce duo un second rôle, celui de l'épouse de Tony, une femme au foyer dont la gentillesse et l'ouverture d'esprit sont incarnées avec conviction par Linda Cardellini, une comédienne dont j'apprécie le talent, de Bloodline à Avengers.


Troisième atout du film : Peter Farrelly. Avec son frère Bobby, le cinéaste a su nous faire hurler de rire en mettant en scène des personnages marqués par la différence, psychologique ou physique (le handicap au sens large) mais sans jamais tomber dans le politiquement correct. En solo, il poursuit cette démarche et signe avec Green Book une belle ode à la tolérance. 

On sait où ce road trip nous emmène mais le voyage est plus important que la destination. Et cette traversée des Etats du Sud en compagnie de Tony et du Dr Shirley nous réserve des bons moments d'émotions, qui suscitent des rires francs et font embuer nos yeux. Sur fond d'une B.O. soul  et jazzy entraînante, Green Book nous divertit tout en nous faisant découvrir un autre pan de la ségrégation pourtant bien représentée au cinéma. 

L'édition de Metropolitan Films propose en outre trois bonus sur le tournage, le Green Book, ce guide rédigé par V. H. Green à destination des personnes de couleur, et l'histoire vraie à l'origine du script, cosigné par le fils de Tony. C'est un plaisir de se replonger dans ce film chaleureux et humaniste. 

Anderton

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