En salles : Petit coup de chapeau à une maison de distribution, Madadayo Films, qui fait un travail exemplaire en matière de réédition : après notamment Aguirre et Harold et Maude, c’est le très rare Bienvenue Mister Chance (Being There) qu’ils nous offrent en ce moment. Et en copies neuves ! Très belle affiche, graphique au passage.
Le meilleur film de Hal Ashby
Mister Chance, c’est d’abord le meilleur film de Hal Ashby – consacré comme emblème du ciné hollywoodien des 70’s par Peter Biskind dans sa somme Le Nouvel Hollywood – par ailleurs réalisateur de Retour ou d’Harold et Maude. Avec Mister Chance, il narre la découverte par un jardinier dépourvu de nom de famille, de famille tout court, du monde à la faveur du décès de son employeur, et le confronte aux sphères du pouvoir et de l’argent. Qui vont prendre au pied de la lettre ses aphorismes naïfs et généraux, comme s’ils étaient le fruit de la sagesse et de son expérience de jardinier. Mais attention : point de charge sociale ou de satire politique – juste un regard quasi mélancolique sur un monde et une époque qui ne se rendent pas compte de leur propre déclin. Une comédie triste et hivernale, à l’image de Harold et Maude.
Stanley Kubrick ? Son numéro face au diplomate russe ne manque pas d’évoquer Docteur Folamour, tandis que retentit une version disco-funky de So sprach Zaratustra lors de sa première sortie hors les murs.
Pour incarner cet anti-Candide d’une constance et d’une placidité à toute épreuve, Peter Sellers. Dans le rôle de sa vie. Ironiquement, c’est quasiment son dernier – il mourra peu de temps après, et fera graver sur sa tombe la même épitaphe que le riche protecteur qui prend Mr Chance sous son aile, "Life is a stand of mind". C’est dire si ce rôle l’importait, qu’il incarne comme s’il avait souhaité résumer l’ensemble de sa carrière, sur un mode mineur, en minimisant à l’extrême les effets et gags qui l’ont rendu célèbre – Panthère Rose, The Party et autres Quoi de neuf, Pussycat ?. Son interprétation est absolument prodigieuse. Clins d’œil à
Seconds rôles de premier plan
Pour incarner cet anti-Candide d’une constance et d’une placidité à toute épreuve, Peter Sellers. Dans le rôle de sa vie. Ironiquement, c’est quasiment son dernier – il mourra peu de temps après, et fera graver sur sa tombe la même épitaphe que le riche protecteur qui prend Mr Chance sous son aile, "Life is a stand of mind". C’est dire si ce rôle l’importait, qu’il incarne comme s’il avait souhaité résumer l’ensemble de sa carrière, sur un mode mineur, en minimisant à l’extrême les effets et gags qui l’ont rendu célèbre – Panthère Rose, The Party et autres Quoi de neuf, Pussycat ?. Son interprétation est absolument prodigieuse. Clins d’œil à
Seconds rôles de premier plan
Autour de l’acteur britannique, Shirley McLaine – je vous recommande son numéro de drague proprement ahurissant ! ; le vétéran Melvyn Douglas, (acteur chez Lubitsch – Ninotchka – et Polanski - Le Locataire), en patriarche mourant et bienveillant, décrochera l’Oscar du meilleur second rôle. Et Jack Warden, immémorial second rôle du cinéma US des 70’s, vu dans Les Hommes du Président d’Alan J. Pakula, ou Verdict, de Sydney Lumet. Bref, la crème de la crème.
Enfin, même si le film doit beaucoup à son réalisateur et à son acteur principal, il ne faudrait pas oublier de mentionner son scénariste, également auteur de l’ouvrage dont le film s’inspire : Jerzy Kosisnki, écrivain mythomane et dont les frasques mondaines ont défrayé la chronique, retrouvé suicidé dans sa salle de bains en 1991, un sac plastique sur la tête. C’est à lui que l’on doit la tonalité quasi-absurde et automnale de ce film, proche d’un Polanski période polonaise, ou d’un Bartleby revu par Kafka.
Travis Bickle
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