En salles : Impossible de ne pas saluer la réédition en copies neuves de La Nuit du Chasseur, le chef d’œuvre et unique film du comédien Charles Laughton (1955), et la magnifique idée de Carlotta : créer une nouvelle affiche pour le film. Dans un très beau noir et blanc tout en contrastes, elle est désormais centrée sur les désormais fameuses mains de Robert Mitchum tatouées Love and Hate. D’accord, vous en avez le oreilles rebattues, de cette Nuit du Chasseur. Mais quand même !
True Grit : un palimpseste
Pour ceux d’entre vous qui ont vu et apprécié le dernier opus des frères Coen True Grit, il ne vous a pas échappé que la poursuite nocturne finale se voulait une relecture, que dis-je, un palimpseste directement inspiré du film de 1955. La musique de Carter Burwell est directement inspirée de la partition de Walter Schuman. Donc, un film d’une actualité brûlante.
Bon, ensuite, parce que dans cette quête onirique aux allures de conte maléfique, Mitchum en pasteur mi-ange, mi-bête, Lilian Gish, en mère nourricière, qu’on n’avait quasiment pas revue depuis ses films avec Griffith, les 2 enfants – dont Peter Graves, le futur Jim Phelps de Mission Impossible – en créatures abandonnées des hommes, le tout sur un scénario de James Agee sublimé par la lumière de Stanley Cortez et les décors en studio d’Hilyard Brown (peu reconnu, mais qui réalise là des prodiges), ça imprime bien plus les rétines et la mémoire que tous les
Poésie argentique
Comment oublier la découverte d’une noyée, les cheveux flottant au fond de l’eau, la descente du fleuve sous un ciel parsemé d’étoiles ou la silhouette d’un Mitchum à cheval qui apparaît découpée sur le ciel (en fait, un nain sur un poney !) ? Ou bien le parfum d’éternité qui s’en dégage via les cantiques ou le visage de Lilian Gish apparaissant dans le ciel étoilé ? Bref, un conte filmique, de la poésie argentique à l’état brut. Bien sûr, ce fut un bide absolu qui ruina la carrière de cinéaste de cet immense acteur, alors âgé de 55 ans.
Une dernière preuve ? Voici ce qu’en disait Gérard Mordillat dans la post-face au roman : "Personne ne peut expliquer raisonnablement une symbiose si parfaite, on a le sentiment que le cinéma atteint une dimension qui lui est généralement étrangère : la poésie, cette condensation de tous les sens à un si haut degré d’intensité qu’aucune explication jamais ne pourra en épuiser la matière" (via Bertarnd Tavernier et Jean-Pierre Coursodon, 50 ans de cinéma américain). On ne saurait mieux dire !
Travis Bickle
Sucker Punch du monde entier !
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