En salles : Tous les Soleils, le second film de Philippe Claudel, est une bouffée d’air frais et de drôlerie. Après nous avoir fait pleurer dans le genre dramatique, pour Il y a longtemps que je t’aime (2008), le réalisateur nous réjouit avec une comédie aux accents italiens.
L’histoire : Alessandro est professeur de musique baroque à Strasbourg. D’origine Italienne, veuf depuis 15 ans, il a depuis longtemps renoncé aux relations amoureuses. Il vit avec sa fille Irina, adolescente, qu’il refuse de voir grandir et son frère, anarchiste, qui a fui l’Italie et le régime de Berlusconi.
Le vin, l'amitié...
Agrégé de lettres modernes, Ecrivain et scénariste, Philippe Claudel a reçu en 2003 le Prix Renaudot pour Les Âmes grises. Son premier film a reçu en 2009 le César du Meilleur Premier Film et César du meilleur second rôle féminin (Elsa Zylberstein). Le thème de son second film : la relation papa-poule qui s’accroche à son enfant et se retrouve finalement moins mature que lui, ou bien le désarroi des parents qui sont dépassés par le petit qui grandit et les difficultés relationnelles face à l’adolescence (Le Fils à Jo, Mon Père, ce héros ou Lol), tout cela n’a rien de très original mais le charme de ce film est ailleurs.
C’est un hymne aux valeurs chères au réalisateur : le vin, l’amitié, la littérature qui prend source dans une ville étonnante. L’histoire se situe, non pas dans un petit village italien comme on aurait pu s’y attendre, mais à Strasbourg, carrefour de l’Europe, mixité de cultures et de langues.
En traitant de choses graves mais avec légèreté, Philippe Claudel nous entraîne dans une danse. Car si le film ne manque pas de rythme, c’est aussi grâce à la musique des tarentelles du Sud de l’Italie. Ces musiques populaires sont créées pour guérir les piqûres de l’araignée tarentule qui rendent tantôt fou, tantôt abattu. A noter que certaines chansons du film sont aussi composées par Philippe Claudel.
Duo italien
Stefano Accorsi, qui joue le rôle de ce père dépassé, est plus connu en France, sous son identité de "mari de Laëtitia Casta". Ils ont joué ensemble en 2008 dans La jeune fille et les loups de Gilles Legrand. Dans Tous les soleils, le comédien est à la fois drôle et émouvant, usant de son accent italien qui fait chavirer les filles. Entouré de sa bande de copains, il s’est réfugié dans un célibat monacal et se dévoue à sa fille.
La jeune Lisa Cipriani interprète son premier grand rôle et on ne peut rester insensible à son joli minois. Elle nous émeut dans sa complicité avec son oncle mais aussi dans sa tendresse envers son père envahissant qu’elle voudrait heureux avec une autre femme. Les scènes filmées avec sa grand-mère maternelle sont touchantes et là encore, on aborde un thème difficile : celui du souvenir d’une mère qu’elle n’a pas connue et du poids omniprésent de cette absence.
La révélation de ce film, c’est aussi le personnage du frère, Crampone (Neri Marcoré). Cet acteur, découvert par Philippe Claudel en Italie, est un imitateur parfaitement bilingue français et qui possède cette allure de clown exubérant non sans rappeler un certain Benigni… Dans le film, il a fui le régime de Berlusconi, et demande asile politique en France. Il vit aux crochets de son frère, entretien le foyer et peint des œuvres qu’ils refusent de vendre. Refusant de parler italien, sa folie douce le rend téméraire mais peu courageux. "Agir mais nier" est son credo !
Clotilde Coureau fait une courte apparition à la fin du film. A tel point qu’on aurait presque oublié qu’elle fait aussi partie du casting. Elle porte sur elle le poids du deuil et vient troubler la légèreté qui émane du reste du film. Même si elle interprète son rôle avec dignité, son personnage triste, est le seul qui arrive en décalé avec les autres. Enfin, on est bouche bée devant la splendide Anouk Aimée. Pleine de sérénité, de douceur, sa beauté nous subjugue et nous fascine.
Une comédie à voir pour oublier la grisaille et ensoleiller vos journées de printemps.
Mrs Peel
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