En DVD et Blu-ray : Près de 30 ans après leur sortie, Pulsions et Blow Out continuent de fasciner. A la fois films de genre, oeuvres expérimentales et purs objets de mise en scène, ces deux films majeurs de Brian De Palma viennent enfin de connaître des éditions DVD et Blu-ray dignes de ce nom, signées Carlotta.
Avant d'y revenir, plutôt que de traiter ces deux films – une énorme littérature s'y rattache – zoomons sur deux scènes particulières de chacun d'entre eux, et qui rendent compte de la méthode De Palma quant à l'élaboration de ses films.
Avant d'y revenir, plutôt que de traiter ces deux films – une énorme littérature s'y rattache – zoomons sur deux scènes particulières de chacun d'entre eux, et qui rendent compte de la méthode De Palma quant à l'élaboration de ses films.
Pulsions, sous influence Cruising
Pulsions (Dressed to kill, 1980) : parmi les multiples points d'orgue, un lancinant plan séquence tourné à la steadycam, dans le musée de Philadelphie suit Angie Dickinson, en plein flirt avec un bel et sombre inconnu. Majestueuse scène muette où se confrontent les pulsions de voyeurisme et de désir, dans le cadre ultra-maniéré d'un musée – une scène qui rend explicitement hommage à Vertigo de Hitchcock – au moins au premier abord. Mais le plus intéressant réside dans le fait que cette scène, souvent interprétée comme un pur hommage au cinéaste matriciel de De Palma, devait en fait s'intégrer dans la version de Cruising, finalement mis en scène par William Friedkin, que préparait De Palma : 3 intrigues devaient s'y croiser, dont le récit d'une femme mûre en chasse d'un gigolo dans un musée.... Finalement rejetée, sa version est intégrée au scénario de Pulsions, quelques mois plus tard.
Blow Out, sous influence Prince de New York
Autre exemple : Blow Out. Au premier tiers du film, un flash-back relate le passé du personnage principal incarné par John Travolta, ex-flic spécialisé dans les écoutes, et dont le dispositif technique a causé la mort d'un de ses collègues par un membre de la mafia qu'il était en train de traquer. Mini-film dans le film, qui rappelle par bien des aspects Le Prince de New-York, sujet sur lequel travaillait Brian de Palma peu avant Blow Out, avant d'en être débarqué et remplacé par Sydney Lumet. Là encore, il intègre directement ce sujet dans son film suivant.
Des appareils critiques et analytiques dignes de ce nom !
Deux éléments qui rendent nécessaire l'acquisition de ces deux splendeurs éditées par Carlotta dans des copies qui rendent enfin hommage au travail sur la couleur de Vilmos Zsigmond pour l'un, de Ralf Bode pour l'autre. Ce ne serait que ça, on s'y précipiterait. Mais ces éditions sont gorgées de bonus et les dotent enfin d'un appareil critique singulièrement absent de l'ensemble des éditions des oeuvres du cinéaste en DVD/B-r, Obsession mis à part.
Deux films majeurs pour deux éditions exemplaires
Trop nombreux pour les évoquer tous ici, je n'en retiendrais que quelques-uns.
Pulsions (Dressed to kill, 1980) : parmi les multiples points d'orgue, un lancinant plan séquence tourné à la steadycam, dans le musée de Philadelphie suit Angie Dickinson, en plein flirt avec un bel et sombre inconnu. Majestueuse scène muette où se confrontent les pulsions de voyeurisme et de désir, dans le cadre ultra-maniéré d'un musée – une scène qui rend explicitement hommage à Vertigo de Hitchcock – au moins au premier abord. Mais le plus intéressant réside dans le fait que cette scène, souvent interprétée comme un pur hommage au cinéaste matriciel de De Palma, devait en fait s'intégrer dans la version de Cruising, finalement mis en scène par William Friedkin, que préparait De Palma : 3 intrigues devaient s'y croiser, dont le récit d'une femme mûre en chasse d'un gigolo dans un musée.... Finalement rejetée, sa version est intégrée au scénario de Pulsions, quelques mois plus tard.
Blow Out, sous influence Prince de New York
Autre exemple : Blow Out. Au premier tiers du film, un flash-back relate le passé du personnage principal incarné par John Travolta, ex-flic spécialisé dans les écoutes, et dont le dispositif technique a causé la mort d'un de ses collègues par un membre de la mafia qu'il était en train de traquer. Mini-film dans le film, qui rappelle par bien des aspects Le Prince de New-York, sujet sur lequel travaillait Brian de Palma peu avant Blow Out, avant d'en être débarqué et remplacé par Sydney Lumet. Là encore, il intègre directement ce sujet dans son film suivant.
Des appareils critiques et analytiques dignes de ce nom !
Deux éléments qui rendent nécessaire l'acquisition de ces deux splendeurs éditées par Carlotta dans des copies qui rendent enfin hommage au travail sur la couleur de Vilmos Zsigmond pour l'un, de Ralf Bode pour l'autre. Ce ne serait que ça, on s'y précipiterait. Mais ces éditions sont gorgées de bonus et les dotent enfin d'un appareil critique singulièrement absent de l'ensemble des éditions des oeuvres du cinéaste en DVD/B-r, Obsession mis à part.
Deux films majeurs pour deux éditions exemplaires
Trop nombreux pour les évoquer tous ici, je n'en retiendrais que quelques-uns.
Blow Out :
- Samuel Blumenfeld revient sur le contexte historique et cinématographique de production du film : fin des illusions post-60's, le Watergate, hommage à Conversation secrète de Coppola, et à Blow-Up d'Antonioni.
- Le témoignage de Nancy Allen, spendide sexagénaire, madame De Palma pendant le tournage, qui raconte notamment son travail sur la voix de son personnage
- Pino Donnagio raconte comment, suite à son succès en tant que chanteur de variétés, il fut embauché par hasard par les producteurs de Ne vous retournez pas pour sa 1ère BO, et l'étroitesse de ses liens avec Brian De Palma (6 films ensemble, dont le prochain, Passion), et combien il est fier de celle de Blow Out. Son score a d'ailleurs été repris par Quentin Tarantino dans celle de Boulevard sur la mort
- Vilmos Zsigmond, enfin, le fabuleux chef op de Cimino, Altman et Woody Allen, revient sur l'emploi de la lentille bifocale par De Palma, et son procédé de désaturation des couleurs, de façon à rendre celles-ci proches du noir et blanc.
Pulsions :
- Les 3 scènes censurées (douche, ascenseur, chez le psy), dans leur versions non-censurées, exploitées en salles et diffusées sur le câble. Edifiant !
- Témoignage élogieux d'Angie Dickinson à propos du réalisateur : chapeau sur la tête, elle raconte avec courage et humour qu'elle a tenu la le plus grand rôle de sa carrière, même s'il ne durait que 30 mn – concession et hommage à Psychose d'Hitchcock, qui faisait disparaître sa vedette Vera Miles très rapidement... "Le film est parfait, vernis à ongles compris !" Dans le détail, elle raconte la fameuse scène du Metropolitan, tournée en fait à Philadelphie
- George Litto, le producteur, très loquace, revient sur les conditions de sa rencontre avec le cinéaste, et sur son étroite collaboration (3 films ensemble)
Une certaine idée du bonheur...
Bref, deux films majeurs, deux éditions exemplaires, qui témoignent parfaitement de l'affirmation de De Palma himself : "C'est à cette époque que j'ai été le plus heureux dans ma vie de cinéaste" (citation issue du livre d'entretiens du cinéaste avec les journalistes Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud, un ouvrage indispensable équivalent du Kubrick de Michel Ciment).
- Samuel Blumenfeld revient sur le contexte historique et cinématographique de production du film : fin des illusions post-60's, le Watergate, hommage à Conversation secrète de Coppola, et à Blow-Up d'Antonioni.
- Le témoignage de Nancy Allen, spendide sexagénaire, madame De Palma pendant le tournage, qui raconte notamment son travail sur la voix de son personnage
- Pino Donnagio raconte comment, suite à son succès en tant que chanteur de variétés, il fut embauché par hasard par les producteurs de Ne vous retournez pas pour sa 1ère BO, et l'étroitesse de ses liens avec Brian De Palma (6 films ensemble, dont le prochain, Passion), et combien il est fier de celle de Blow Out. Son score a d'ailleurs été repris par Quentin Tarantino dans celle de Boulevard sur la mort
- Vilmos Zsigmond, enfin, le fabuleux chef op de Cimino, Altman et Woody Allen, revient sur l'emploi de la lentille bifocale par De Palma, et son procédé de désaturation des couleurs, de façon à rendre celles-ci proches du noir et blanc.
Pulsions :
- Les 3 scènes censurées (douche, ascenseur, chez le psy), dans leur versions non-censurées, exploitées en salles et diffusées sur le câble. Edifiant !
- Témoignage élogieux d'Angie Dickinson à propos du réalisateur : chapeau sur la tête, elle raconte avec courage et humour qu'elle a tenu la le plus grand rôle de sa carrière, même s'il ne durait que 30 mn – concession et hommage à Psychose d'Hitchcock, qui faisait disparaître sa vedette Vera Miles très rapidement... "Le film est parfait, vernis à ongles compris !" Dans le détail, elle raconte la fameuse scène du Metropolitan, tournée en fait à Philadelphie
- George Litto, le producteur, très loquace, revient sur les conditions de sa rencontre avec le cinéaste, et sur son étroite collaboration (3 films ensemble)
Une certaine idée du bonheur...
Bref, deux films majeurs, deux éditions exemplaires, qui témoignent parfaitement de l'affirmation de De Palma himself : "C'est à cette époque que j'ai été le plus heureux dans ma vie de cinéaste" (citation issue du livre d'entretiens du cinéaste avec les journalistes Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud, un ouvrage indispensable équivalent du Kubrick de Michel Ciment).
Travis Bickle
2 commentaires:
Très belles éditions de ces deux chef d'oeuvre en effet. Par contre c'est Janet Leigh qui disparait rapidement de PSYCHO et non Vera Miles !
Ooops, mais bien sûr ! Le procédé reste le même, même si Janet Leigh était effectivement davantage star que Vera Miles. Merci de la rectification !
Enregistrer un commentaire