mardi 23 juin 2015

3 x de Funès = 6 Fufu rires et plus !


En Blu-ray : En quelques semaines, Gaumont a édité en Blu-ray trois films mettant en scène Louis de Funès. Deux classiques et une rareté à redécouvrir dans de splendides nouvelles éditions.


Comme un cheveu sur la soupe (1957)
La voilà, la rareté ! Le premier film de Louis de Funès en tant que tête d'affiche. Il incarne un pianiste qui recherche la mort après avoir été éconduit par l'amour de sa vie. Et, alors qu'il s'apprête à se jeter à l'eau, une jeune femme le devance. Il la sauve de la noyade et devient un héros. Une histoire dont la trame fait comme un écho à la vie de l'acteur : cela fait des années que de Funès bouffe de la vache enragée, cumulant petits rôles au théâtre et au cinéma après avoir donné des cours de piano et joué dans les cabarets jusqu'à pas d'heure.
Pour se faire remarquer, lors de ses passages-éclairs à l'écran, Fufu multiplie alors les mimiques. Un "truc" qu'il conserve alors qu'il est devenu premier rôle dans ce film réalisé par Maurice Régamey. Du coup, on découvre un de Funès en formation : son art comique est encore brut, alourdi par des grimaces inutiles, dont il se débarrassera progressivement... comme de ses cheveux. Mais son "personnage" est là. Comme un cheveu sur la soupe nous offre donc ce précieux passage vers la maturité. C'est tout l'intérêt de ce film mineur mais plein d'enseignement, tourné avec un tout petit budget et qui n'attira pas les foules en salles.

Ni Vu, Ni Connu (1958)
Un an plus tard, il y a du changement. Louis de Funès a un poil allégé son jeu et accepté sa calvitie. Il campe un braconnier aussi malin que sympathique. Le garde-champêtre Parju tente bien de lui mettre la main dessus mais Blaireau est rusé. Et son gibier fait le bonheur des notables du village... Adapté de l'œuvre d'Alphonse Allais, le film est signé Yves Robert que vous me permettrez de trouver plus talentueux que Maurice Régamey. Assisté de Claude Sautet, le cinéaste livre une comédie pétillante, dans laquelle les gags abondent. Le cadre parfait pour que Fufu y développe son art, déjà plus affiné.
Le comédien retrouve deux partenaires de Comme un cheveu sur la soupe : Noëlle Adam, qui interprétait la suicidaire et qui recroisera la route de Fufu dans L'Homme-orchestre, et Moustache, qui apparaissait furtivement dans le premier opus et qui endosse ici l'uniforme du malheureux garde-champêtre. Pierre Mondy et Claude Rich (qui s'opposera à de Funès dans Oscar) sont également au casting. Robert est dans son élément pour filmer cette France champêtre de l'éternel été, qu'il a magnifiée dans La Guerre des boutons, Alexandre le bienheureux ou La Gloire de mon père. Rien de nostalgique ou de nauséabond dans sa vision, juste le plaisir de filmer un mode de vie simple et des personnages hauts et en couleurs.

Le Grand restaurant (1966)
Maître en son domaine, Louis de Funès règne sur la comédie française de 1964 à 1969, enchaînant les Gendarmes, les Fantômas, Le Corniaud, La Grande Vadrouille, Les Grandes vacances, Oscar, Le Petit baigneur, Le Tatoué et Hibernatus ! Honnête metteur en scène, Jacques Besnard (dont j'ai bien aimé C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule, avec Bernard Blier, Michel Serrault et Jean Lefebvre, sur un scénar de l'équipe du Splendid) met sa caméra au service du génie de Louis de Funès. Et franchement, on ne lui en demande pas plus. Car, dans son rôle de Monsieur Septime, l'intransigeant propriétaire d'un grand restaurant accusé d'enlèvement de chef d'Etat, Fufu livre une de ses prestations les plus mémorables. Le radis, les coulis, le p'tit filleul, la danse cosaque, la recette du soufflé avec l'ombre d'Hitler, la voiture amphibie... On connaît tous le film par cœur et on se marre à chaque fois. En prime : une sacrée brochette de seconds rôles : Bernard Blier, Pierre Tornade, Grosso et Modo, Paul Préboist, Jacques Legras et la bombe équatorienne, Toty Rodriguez.

Comme d'hab, Gaumont a soigné ses éditions. Les images retrouvent un lustre insoupçonné : les détails des textures se révèlent sous nos yeux - et j'ai pourtant vu et revu Ni Vu, Ni Connu et Le Grand Restaurant ! En bonus, pour chaque galette, un entretien avec Bertrand Dicale, biographe du comédien (et spécialiste de la chanson française, qu'on entend sur France Info) qui remet le film dans son contexte, avec ce qu'il faut de chiffres et d'anecdotes. Difficile de ne pas craquer. 

Anderton


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