En salles : Après le succès populaire du Fils à Jo, Philippe Guillard revient occuper le grand écran avec On voulait tout casser. S’il n’est jamais simple de réussir un deuxième film et de répondre favorablement aux attentes de ceux qui avaient aimé le premier, l’ancien rugbyman et journaliste s’en sort merveilleusement bien.
L’histoire est celle d’une bande de potes quinquagénaires qui, loin d’avoir tout cassé, a tout de même réussi – ce qui n’est pas une mince affaire - à rester unie. Ensemble, ces amis de plus de trente ans ont su déjouer les vents contraires pour traverser le temps au gré des amours, des emmerdes, des joies et des peines des uns et des autres. La maladie qui s’invite dès le début du film à la table de cette amitié solide en frappant l’un d’eux, va révéler les failles et espoirs de chacun tout en dessinant la force et l’amour de cet équipage solidaire et attachant.
Avec Christian, Kiki pour les intimes (Kad Merad), Bilou (Charles Berling), Gérôme (Benoît Magimel), Tony (Vincent Moscato), Pancho (Jean-François Cayrey), Philippe Guillard ébauche le portrait de cinq hommes très différents, qui malgré les années continuent à boire, se chamailler, rire et s’aimer... comme des enfants, comme des hommes.
Quinqua cassés
Individuellement, ces quinquagénaires ne sont pas au mieux. Bilou est un musicien frustré qui tient un restaurant et voit sa femme s’éloigner. Gérôme est chômeur, confronté à la perfection du nouveau mari de son ex-femme et à la difficulté d’être papa un week-end sur deux. Tony, ancien boxeur, vit seul avec son fils tout en cherchant obstinément l’amour. Pancho a beau être père et marié, il se perd dans des considérations matérielles du quotidien qui l’éloignent un peu de l’essentiel... sa femme, interprétée par l’excellente Anne Charrier, et ses enfants. Quant à Kiki, il sait qu’il va mourir. Alors forcément plutôt que de le dire à ses potes, il décide de partir loin... très loin... et de réaliser l’un de ses rêves, effectuer un tour du monde en solitaire.
Ce petit truc
Amitié, nostalgie, conscience du temps qui passe et des amours qui s’en vont, des enfants qui grandissent, voilà les battements de cœur de ce joli film. Côté comédien, mention spéciale à Jean-François Cayrey, très juste tout en étant très drôle ! A l’inverse, Kad Merad déçoit.
Finalement, On voulait tout casser nous rappelle un peu Le cœur des hommes ou Un Eléphant ça trompe énormément d’Yves Robert... mais surtout beaucoup Vincent, François, Paul et les autres de Claude Sautet. Car Philippe Guillard a en lui ce petit truc qui fait que ses répliques sonnent justes, que ses personnages respirent la tristesse et la gaité, l’espoir et la résignation. Ce petit truc qui fait que l’on pleure et que l’on rit, que c’est amer, doux, grave, léger et tendre. Ces petits trucs qui font le miracle du cinéma : insuffler aux spectateurs, par petites touches quasi invisibles, les émotions qui nous rendent l’existence à la fois tragique et belle.
Pierre Delhomeau
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