Artistes : Le Dernier Loup, le beau film de Jean-Jacques Annaud, concourra pour l'Oscar 2016 du meilleur film étranger... sous les couleurs de la Chine. Rien d'anormal puisqu'il s'agit d'une coproduction franco-chinoise. Rien de nouveau non plus pour le cinéaste, qui a récolté certains de ses prix les plus prestigieux sous une bannière étrangère. Petit rappel.
La Victoire en déchantant
Pour son premier film, La Victoire en chantant (1976), Annaud fait très fort puisqu'il obtient l'Oscar du meilleur film étranger l'année suivante. Pas de cocorico pour autant puisque le film a été présenté par la Côte d'Ivoire au titre d'une coproduction internationale avec la France, l'Allemagne et la Suisse. C'est d'ailleurs le producteur suisse Arthur Cohn qui ira récupérer la statuette. Le film, qui n'a pas marché lors de sa première exploitation en salles, ressort sur les écrans français en 1977 sous un nouveau titre : Noirs et blancs en couleurs, traduit du titre américain Black and White in Colors. Le public français ne suit pas plus. Dommage car cette comédie acide est une formidable attaque contre le colonialisme. Mais Annaud se remettra bien vite de cette demi-désillusion puisqu'il enchaînera avec une autre comédie culte, Coup de Tête (1979) avec le génial Patrick Dewaere. Surtout, son Oscar attire l'attention de Claude Berri qui produira La Guerre du Feu, en 1981, lançant la carrière internationale de JJA.
"C'est moi, l'étranger"
En 1986, Jean-Jacques Annaud sort Le Nom de la Rose, un autre de ses grands films, un succès au B.O. français (près de 5 millions d'entrées), une autre coproduction internationale. La part des investissements allemands et italiens est plus importante que celle des investissements français. Le film est ainsi nommé aux César dans la catégorie du meilleur film étranger en 1987. La compression dorée revient à Jean-Jacques Annaud qui commence son discours de remerciement en lançant avec émotion et malice : "C'est moi, l'étranger" (dans mon souvenir, il apostrophait gentiment le public en disant : "Alors, l'étranger, c'est moi ?" mais la vidéo ci-dessous m'a remis les idées au clair). Pendant son speech, le cinéaste fait monter sur scène son coproducteur français Alexandre Mnouchkine (le partenaire de Philippe de Broca) puis son acteur principal Sean Connery - la star écossaise préside alors la cérémonie - et lui offre son César sous les applaudissements des professionnels.
LE NOM DE LA ROSE de Jean-Jacques Annaud, César 1987 du Meilleur Film Étranger from Académie des César on Vimeo.
Deux récompenses qu'Annaud ne peut donc pas exhiber chez lui. Pas grave, il a reçu d'autres César (meilleur film et meilleur réalisateur pour La Guerre du feu, meilleur réalisateur pour L'Ours). Mais un Oscar serait du plus bel effet sur sa cheminée. Le 28 février 2016, moi, je soutiens la Chine.
Anderton
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