Artistes : Un Tonton Flingueur a failli interpréter un ennemi de James Bond. Problème : il était trop beau ! C'est ce que raconte Venantino Venantini dans son autobiographie, Le Dernier des Tontons Flingueurs.
La scène se passe au début de l'année 1965, à Londres.
Venantino Venantini débarque de Rome, à l'invitation des producteurs Harry Saltzman et Albert Broccoli. Le réalisateur Terence Young, qui prépare Opération Tonnerre, a pensé à l'acteur italien pour incarner le méchant, Emilio Largo. Venantini raconte :
"Les tests se déroulèrent dans les studios de Pinewood, dans la proche banlieue de Londres. Tout se passa très bien. Trop bien même. Le soir, après avoir visionné les rushes, Terence Young, Albert Broccoli et Harry Saltzman m'invitèrent à dîner. La bonne humeur régnait autour de la table. Au moins jusqu'à ce que Young prenne la parole.
- Tout a été parfait. Mais il y a un petit problème, Venantino. Tu plais trop !
C'était bien la première fois que l'on me faisait ce reproche. Le metteur en scène précisa sa pensée.
- Emilio Largo est un méchant hors norme. Une ordure cynique, machiavélique et amorale. Et toi tu es naturellement sympathique. J'ajouterais même que tu as parfois des faux airs de Sean Connery..."
Malgré tout, de nouveaux tests sont réalisés. Venantini est affublé d'une mâchoir en acier... comme le futur Requin de L'Espion qui m'aimait. Mais ça ne le fait toujours pas. C'est finalement Adolfo Celi, un compatriote, qui obtient le rôle. Les acteurs sont amis, ils se retrouvent deux ans plus tard dans un restaurant romain. Celi balance :
"- Tu sais, Venantino, ce film m'a fait gagner un argent fou. Je peux me permettre de ne plus travailler jusqu'à la fin de ma vie !
Ce saligaud riait aux éclats et moi aussi. On commanda une bouteille de champagne et ce soir-là on fit une tournée des grands-ducs mémorable."
De Braque à Brando
Le livre de Venantini, publié aux éditions Michel Lafon, est formidable. L'acteur revient sur sa vie digne d'un film : enfance dans l'Italie fasciste, éducation religieuse, adolescence perturbée par la guerre et l'après-guerre... à Rome, Venantino devient le roi de la débrouille, il apprend l'anglais en prévision de l'arrivée des Américains, se met au marché noir. Question de survie. Il gribouille des dessins obscènes dans une école religieuse : il se fait virer et reçoit une trempe de son père mais la vocation d'artiste est née ! Plus tard, il intègre les beaux-arts à Paris avec comme professeur... Georges Braque ! C'est la bohème dans le Paname des années 50.
Sa belle gueule l'amène à faire du cinéma, au départ sans grande conviction. Il fait de la figuration dans Ben-Hur tourné à Cinecitta. Son premier vrai rôle, il le doit à Francesco Rosi mais si Venantino abandonne ses pinceaux, c'est parce que le film se tourne à tahiti et qu'il est fou de Gauguin. D'ailleurs, il décide de rester dans l'archipel après le tournage... ce qui lui donnera l'occasion de rencontrer Marlon Brando, venu tourner Les Révoltés du Bounty. Puis c'est le retour en Europe, les coproductions franco-italiennes, les rencontres avec Georges Lautner (qui devient son pote), Gérard Oury, Louis de Funès, qu'il emmène visiter une trentaine d'églises romaines lors du tournage du Corniaud... Le livre regorge d'anecdotes et nous fait découvrir un artiste complet, à la carrière surprenante et surtout un homme au grand coeur.
Anderton
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