lundi 2 novembre 2015

La Résistance de l'air : deuxième fenêtre de tir à ne pas rater



En DVD : Il y a de fortes chances que, comme moi, vous n'ayez pas vu La Résistance de l'air, sorti au cinéma en juin 2015. Et pour cause, le film fut un échec cinglant. Sa sortie en vidéo permet de réparer cette injustice.


Car les défauts de ce polar dur, glauque qui ont été pointés lors de la sortie en salle sont tout autant des qualités que les amateurs du genre apprécieront.

Le pitch : Vincent, un champion de tir, se retrouve dans une situation financière difficile. Un père sénile à charge, une maison dont la construction est à l'arrêt... et voici son couple qui bat dangereusement de l'aile. C'est alors qu'à son club de tir, un homme lui propose de tuer quelqu'un contre une forte somme d'argent.
Un "héros" trop transparent, trop ambigu ?
Vincent est dans la merde et ce n'est qu'après mûre réflexion, et moult questionnements moraux, qu'il finit par accepter son premier contrat. Après avoir tué, il prend confiance en lui et se comporte comme un voyou. Y compris avec ses proches. Puis le doute revient, les ennuis avec. Le personnage est constamment ballotté par les événements, hésitant sur la posture à adopter. Pas très positif comme héros ? C'est justement ce qui rend l'histoire crédible. Comme s'il était facile de tuer quelqu'un... Comme s'il était naturel de fréquenter des mafieux...Vincent est un homme, pas un surhomme. C'est ce qui provoque l'empathie. On partage ses doutes, ses souffrances pour mieux accepter son comportement final.
Un film qui manque de rythme ? 
Je le répète, Vincent n'est pas John McClane. Pas la peine d'imaginer un film d'action dans lequel les scènes spectaculaires s'enchaînent jusqu'à un final "climatique". La Résistance de l'air est un polar, un vrai. Il instaure une ambiance et décrit en passant une société qui va mal sans tomber dans le documentaire social. Oubliez Hollywood, vous êtes en France ! Alors, forcément, le fan de blockbuster n'y trouve pas son compte. En revanche, l'amateur de Manchette prend son pied. Et Fred Grivois, pour son premier long métrage, signe une mise en scène sobre mais efficace, entièrement tournée sur l'histoire et les personnages. Pour le final, plutôt que filmer les actes, il préfère en montrer les conséquences - ceux qui ont vu Pour Elle de Fred Cavayé pourront comparer les deux approches.
Un casting pas assez bankable ?
Mettez Gilles Lellouche ou Jean Dujardin, que j'adore tous les deux, dans le rôle principal et on n'y croit pas un seul instant. Reda Kateb apporte au contraire sa "normalité", avec ses faiblesses mais aussi une certaine force de caractère qui finit par s'imposer au-delà des épreuves que traverse son personnage. Il est parfait. Johan Heldenbergh, quant à lui, est juste phénoménal, hypnotisant, dans le rôle du criminel qui approche Vincent. Tantôt charmant, tantôt inquiétant, il laisse planer une menace constante lorsqu'il est à l'écran. Belles performances également de Ludivine Sagnier, qui parvient à faire exister son personnage d'épouse larguée (à tous points de vue), et de Tchéky Karyo, dans le rôle ingrat du père sénile. D'une manière générale, tous ces acteurs apportent beaucoup de nuances à leurs personnages.
Il faut vaincre ses a priori et donner sa chance à La Résistance de l'air. Comme Vincent, tout le monde a le droit à une deuxième chance.
Anderton


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