vendredi 29 avril 2016

American Crime Story : The People v. O.J. Simpson - une grande réussite

Buzz : En 1994, les Américains vont se passionner pour un fait divers très people, lorsque l’ancien  footballeur américain O.J. Simpson est accusé du meurtre de sa femme et d’un second homicide à Los Angeles.


Vue de France, cette histoire apparaît alors comme une curiosité. Déjà par son déroulé très hollywoodien : un millionnaire noir tue sa femme blanche dans l’un des quartiers les plus huppés de Los Angeles et se fait arrêter après une folle course poursuite de plusieurs heures. Ensuite parce que chez nous, Simpson est quasiment inconnu. Sa mince carrière cinématographique  (quelques apparitions dans les Y a-t-il un flic ? des frères Zucker et dans l’excellent Tour infernale) permettent à peine de reconnaitre le visage de celui est qui pourtant une véritable légende aux États-Unis.

C’est le début d’un désynchronisme total entre ce qui est perçu comme un simple fait divers folklorique en Europe mais qui est en réalité un véritable phénomène de société de l’autre côté de l’Atlantique.

Si cet American Crime Story est une véritable réussite, c’est d’abord parce qu’il nous permet enfin de percer le mystère de cette affaire Simpson. Il ne s’agit pas de savoir si oui ou non son protagoniste est coupable (cela ne fait aucun doute) mais de comprendre comment un procès qui s’annonçait limpide a pu s’achever par un acquittement et diviser à ce point l’Amérique.



Tout est réussi dans cette première saison. D’abord, son casting brillant et surprenant : Cuba Gooding Jr livre un  Simpson plus vrai que nature. Sarah Paulson est la copie carbone du procureur qu’elle incarne, autant déterminée que moquée, raillée par la presse pour sa coiffure et ses choix vestimentaires. John Travolta parfait dans son interprétation du charismatique avocat Robert Shapiro, véritable diva des cours de justice. Mais c’est Courtney Vance qui remporte la palme avec son interprétation totalement formidable de Johnnie Cochran, l’autre avocat star de Simpson qui mettra sur la table la "race card", l’hypothèse d’une conspiration raciste qui finira par convaincre les jurés du procès.

Plus qu'un fait-divers

La narration, qui rappelle celle de la série culte The Wire, est centrée sur les protagonistes principaux de l’affaire (l’accusation et la défense) mais se permet des écarts, avec une grande intelligence, vers d’autres acteurs fondamentaux de l’affaire pour présenter une image complète de la situation. Un épisode est ainsi consacré presque exclusivement aux pauvres jurés enfermés pendant les 9 mois de ce procès interminable. Le Juge, les familles, le rôle de la presse, tout y passe. Et à la fin, on a l’impression d’avoir tout compris. Pourquoi cette affaire dépassait de loin le simple fait divers et comment le procès a abouti sur un acquittement.

C’est une histoire avec ses héros, des deux côtés de la salle d’audience, et ses méchants. Le triste reflet d’une société profondément divisées, jusqu’à l’irréconciliable. Mais le plus inquiétant, c’est peut être que cette affaire qui nous paraissait si exotique vu de France il y a vingt ans, nous semble aujourd’hui plus actuelle que jamais.

L'Oncle Ben
@romainbrami



La série sera diffusée en France par le groupe M6. La première saison est complète (elle commence et termine le procès d’O.J. Simpson). S’agissant d’une série d’anthologie, chaque saison aura un sujet différent. La deuxième portera sur l'Ouragan Katrina et ses conséquences.



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