dimanche 24 avril 2016

Bloodline : sombre saga sous les Tropiques

En DVD et Blu-ray : Diffusée sur Netflix et désormais disponible en coffret vidéo, Bloodline est une série qui rend accro dès le premier épisode. Pour trois raisons, dont une vieille comme le monde.



1) Parce qu'elle aborde une saga familiale
On le sait depuis les Atrides, la famille est le terreau fertile des passions les plus violentes. Les Johnson ne dérogent pas à la règle : le retour au bercail de Danny, le fils aîné, met la famille en émoi. Les parents qui gèrent un hôtel, les frères et soeur, John le flic, Meg l'avocate et Kevin le gérant d'une flotte de bateaux. Sous le soleil de Floride, le mal transpire, le bonheur apparent craquelle et la haine enfouie rejaillit comme du pus d'une blessure jamais guérie. L'horrible secret familial revient hanter chacun des Johnson. Les héros se révèlent être des salauds, les victimes des bourreaux et vice versa. Les créateurs de la série, Todd A. Kessler, Glenn Kessler et Daniel Zelman, ont certainement lu Eschyle ou Sophocle et probablement vu Dallas
Pour autant, Bloodline n'est pas une énième resucée de la saga familiale. Les Kessler et Zelman l'ont enrichie d'une intrigue policière, en résonance avec un des drames les plus poignants de notre époque. Et dans la forme, chaque épisode débute et se termine par un flash-forward qui donne envie de se livrer à un bingewatch intégral.



2) Parce qu'elle met en scène un casting parfait
Dans le rôle de John, le flic a priori infaillible, le roc de la famille, il y a Kyle Chandler, au physique proche des stars de l'Hollywood de la grande époque, qu'on a déjà apprécié dans des rôles de héros (Super 8, Le Loup de Wall Street, Friday Night Lights). Ici, même présence imposante, rassurante, sauf que peu à peu, il fend l'armure. Face à lui, Ben Mendelsohn (The Dark Knight Rises, Cogan et bientôt Rogue One A Star Wars Story), avec son air narquois, sournois, malsain : il incarne Danny, le vilain petit canard de la famille, le fouteur de merde qui revient pour régler ses comptes... et cautériser ses plaies. Linda Cardellini (Freaks and Geeks, Avengers L'Ere d'Ultron) joue pour sa part Meg, la fille dévouée qui cache aussi un vilain secret, tandis que Norbert Leo Butz (que je ne connaissais pas) met sa fragilité et son regard paumé au service de Kevin, le "petit" dernier dont le couple bat de l'aîle. Dans le rôle des patriarches, deux monstres sacrés : Sam Shepard et Sissi Spacek. Tout ce petit monde se retrouve, s'embrasse, boit (beaucoup, à se demander si la série n'est pas sponsorisée par un brasseur), se déchire, se menace. L'horrible secret familial se révèle par bribes et les apparences tombent. Difficile de détester franchement un personnage. Tous sont victimes. Et bourreaux donc.

3) Parce qu'elle se déroule dans une Amérique tropicale
Le théâtre du drame, ce sont les Keys, cet archipel d'îles au sud de la Floride. Islamorada exactement, entre Key Largo et Key West. Un monde à part, une Amérique tropicale, renfermée sur elle-même, où le soleil éclatant peut laisser place à des orages de fin du monde, à l'instar des sentiments qui animent successivement les personnages. Ce Deep South caliente, traversé par une ligne de bitume, est sublimement mis en valeur par la photo du Mexicain Jaime Reynoso.

Les 13 épisodes de la saison 1, enrichis de scènes coupées, sont rassemblés dans le coffret de cinq disques, édité par Sony Home Entertainment. Indispensable avant le démarrage de la saison 2 sur Netflix, le 27 mai prochain.

Anderton



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