A lire : A quelques semaines de la sortie en salles de The Batman (le 2 mars), Urban Comics (ré)édite des albums cultes consacrés aux deux protagonistes du film de Matt Reeves : Batman et Catwoman. A savoir : Batman Ego et Catwoman Le Dernier braquage du regretté Darwyn Cooke, ainsi que Catwoman A Rome... de Jeph Loeb et Tim Sale. Du grand (9e) art.
Darwyn Cooke a imposé son style cartoon à une époque où l'univers des super-héros était plutôt représenté de manière réaliste. Dans la préface qu'Amanda Conner signe pour Batman Ego, publié aux Etats-Unis pour la première fois en 2000, l'artiste explique qu'à la même époque, les éditeurs lui reprochaient son style trop dessin animé. Tout en courbes et mouvements, le trait de Cooke associe élégance et lisibilité dans une approche un peu vintage. Ce qui est très fort, c'est que le résultat n'a rien d'enfantin - encore moins d'infantile ! -, bien au contraire. Les récits de Cooke s'avèrent sombres et violents, influencés par le polar hard boiled. C'est clairement le cas pour Le Dernier braquage (Selina's Big Score, 2002), son oeuvre solo préférée, inspirée de l'oeuvre de Donald Westlake, dont Cooke a d'ailleurs adapté la série Parker (que l'écrivain a signé sous le nom de Richard Stark).
Du polar à Louis Malle
L'album consacré à la voleuse déguisée en chatte (lire un extrait) s'ouvre sur deux histoires qui se suivent. La première, écrite par Ed Brubaker, a pour anti-héros Slam Bradley, un détective chargé par le maire de Gotham de retrouver la trace de deux disparues, Catwoman et de Selina Kyle, dont le lecteur sait qu'il s'agit de la même personne. Ambiance polar. Monologue du privé, dur à cuire et dur au mal. Descente dans les bas-fonds, castagnes et femme fatale. S'ensuit Le Dernier braquage, au découpage très cinématographique, avec des personnages inspirés, de l'aveu même de Cooke, de Lee Marvin, Chow Yun-Fat, Pam Grier et Burgess Meredith. Un casse avec ce qu'il faut de rebondissements, de séquences spectaculaires, de trahisons... Dans la troisième histoire (Anonyme), Catwoman enquête sur un tueur en séries de prostituées. Dans le dernier récit (Chevalier servant), Cooke scénarise un jeu de chat et de la chauve-souris, entre Catwoman et Batman, que met en scène Tim Sale.
Cinq récits sont également au sommaire de Batman Ego (lisez un extrait), dont celui qui donne le titre à l'album, et dans lequel Bruce Wayne débat avec Batman. Une histoire inspirée par My Dinner with Andre (1981) de Louis Malle ! Une autre aventure associe le Chevalier Noir à un autre justicier : le Spirit. Dans les deux albums, Cooke alterne les dessins au trait fin et précis à ceux réalisés au pinceau, au noir plus marqué. Une diversité d'approches pour une variété d'ambiances, tantôt noires, à la limite de l'épouvante, tantôt plus enjouées.
Vacances romaines
Catwoman A Rome... (lire un extrait) constitue un récit complet. Selina part en Italie, accompagnée par Edward Nigma aka Le Sphinx. Un voyage qui tient autant lieu de quête que de fuite. L'héroïne veut s'affranchir de ses sentiments pour Batman en même temps qu'elle veut mettre la main sur Le Romain, le boss de la mafia de Gotham. Jeph Loeb signe un scénario enlevé, plein d'action et d'humour, prenant un malin plaisir à mener Catwoman et le lecteur sur des fausses pistes et dans des chausse-trapes, à distordre la réalité. Le dessin de Tim Sale déborde de souplesse et de sensualité. Catwoman est sexy en diable. Le dessinateur emploie la technique du lavis qui se marie à merveille avec les couleurs de Dave Stewart. Le résultat est spectaculaire.
Urban Comics a soigné l'édition de ces trois comics, les complétant de couvertures alternatives, de propos des artistes et de sketchbooks. Des albums cultes donc indispensables.
Anderton
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