mercredi 16 février 2022

Mourir peut attendre : l'adieu aux armes de Daniel Craig

Mourir peut attendre Blu-ray CINEBLOGYWOOD


En Blu-ray et DVD : Quelques mois après la sortie en salles de Mourir peut attendre, il est désormais possible de (re)voir Daniel Craig endosser une dernière fois le smoking de James Bond. Un adieu aux armes, qui prend parfois ses distances avec les canons de la franchise, et dont la mélancolie douce-amère touche en plein coeur.


James Bond veut tourner la page. L'implacable tueur est bien décidé à laisser son Walther P99 dans son holster et à tourner le dos aux aventures d'un soir. James Bond est amoureux de Madeleine, avec laquelle il est parti en voyage romantique à Matera. L'occasion pour l'ex-007 d'aller refermer une autre page de sa vie : son histoire d'amour avec Vesper Lynd, qui repose dans un caveau de la cité italienne. Mais Spectre n'a pas dit son dernier mot.

Les puristes n'ont pas aimé voir Bond se délester de tout ce qui le caractérisait dans les 24 premiers films. A savoir : un concentré de testostérone, une vitalité arrogante, une violence implacable et un détachement stratosphérique sur les êtres et les choses. Bon, l'agent incarné par Craig avait commencé son cycle en imposant sa force brutale avant de fendre progressivement l'armure. Une démarche qui culmine ici avec un James Bond sensible et amoureux. Le guerrier semble fatigué et même s'il reprend du poil de la bête, la machine à tuer grince un peu. Il compense alors par de l'humour plus marqué que par le passé. Surtout, Bond accepte son sort. Il reconnaît être dépassé. Les jeunes femmes qu'il croise le lui font d'ailleurs remarquer.

Contrairement aux gardiens du temple, j'ai trouvé que ce James Bond en bout de course, mais portant encore beau, était touchant. Et il faut porter au crédit de Daniel Craig l'humanisation d'un personnage qui risquait d'être enfermé dans sa propre caricature. Ce n'est pas seulement l'époque qui empêche Bond de s'enfiler des Vodka Martini, de coucher avec toutes les femmes et de tuer sans remords. C'est le parcours personnel d'un personnage qui a découvert - en cinq films - une autre façon d'aborder la vie.

La tradition secouée, pas remuée

Qu'on se rassure, Cary Fukunaga et les coscénaristes, dont Phoebe Waller-Bridge, ont coché les cases de tout Bond movie qui se respecte : les séquences spectaculaires, les femmes fatales, les gadgets et belles bagnoles, le méchant iconique, les destinations de rêve (dont un retour en Jamaïque, île qui a vu "naître" 007). Pour autant, la tradition est souvent bousculée, parfois même gentiment moquée. Les James Bond Girls (Lashana Lynch, Ana De Armas) ne sont pas des potiches ; au contraire, elles font la misère au dinosaure et dégagent une vivifiante énergie. Quant au bad guy, incarné par Rami Malek, il est finalement assez peu développé, comme si les scénaristes ne parvenaient plus à croire en une némésis omnipotente. Un autre personnage trouble, joué par Billy Magnussen, subit le même sort, réduit au rang de bouffon, dont il est bien difficile d'avoir peur. Fukunaga & co ont même recyclé une chanson d'un précédent James Bond mais We Have All The Time In The World, chanté par Louis Armstrong dans Au Service secret de sa Majesté, est particulièrement bien adapté au ton de Mourir peut attendre.

Universal Pictures France propose en plus du film un Blu-ray de bonus qui lève le voile sur les personnages, les lieux de tournages et les cascades, bien entendu. Il manque peut-être ce moment où Daniel Craig peine à cacher son émotion alors qu'il rend une dernière fois hommage à l'équipe du film. Pas grave. Cary Fukunaga met fin à l'ère Daniel Craig et sort de la saga bondienne telle que Ian Fleming l'avait imaginée pour signer une conclusion forcément mélancolique, qui culmine dans un final poignant et pourtant plein d'espoir. 

Anderton

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