vendredi 27 mai 2022

BD - The Scumbag : le super-espion est une ordure

The Scumbag Rick Remender BD comics CINEBLOGYWOOD


A lire : Si je vous dis "agent secret", vous pensez illico à James Bond. L'élégance, le sex-appeal, le savoir-faire. Soit tout le contraire d'Ernie Ray Clementine, un biker toxico et analphabète qui devient le plus puissant des espions. Tel est le pitch de The Scumbag, une création de Rick Remender que publie Urban Comics. Un réjouissant album de BD pour publics avertis. 


Comment résumer ce premier tome - intitulé Cocaïnefinger ! -, qui regroupe les cinq premiers épisodes de The Scumbag ? C'est le scénariste qui en parle le mieux dans une postface : "Imaginez un sérum de super-soldat unique (...) mais au lieu de finir dans les veines d'un individu héroïque, il s'est retrouvé dans l'organisme" d'un sac à merde (scumbag en V.O.), une relique de "l'esprit dépassé du Sex, drugs and rock'n'roll". Ernie Ray Clementine est en effet une épave, amateur de blagues pourraves prêt à tout pour un shoot, un fix ou quoi que ce soit qui l'envoie en l'air. Et, par un improbable concours de circonstances, il se fait inoculer ce sérum qui lui donne des super-pouvoirs. L'Agence qui l'a mis au point n'a d'autre choix que de s'appuyer sur ce dude irresponsable pour sauver le monde. Car un groupe de néo-nazis est bien décidé à faire table rase de tous ceux et celles qui remettent en cause la place et l'autorité de l'homme blanc. Mais même avec ces super-pouvoirs, Ernie reste un raté, aussi lâche que veule. Le gars se prend quand même un vent par un sex-toy et ne parvient pas à taper l'incruste au sein d'une méga-partouze.

Trash et punk

Remender ne nous épargne rien. Ni du comportement abject de ERC, ni de la diarrhée complotiste des fachos du groupe Scorpionus. Du comic book punk qui pue la bière chaude et le dessous de bras. On sent que le scénariste s'en donne à coeur joie à balancer toutes ces horreurs. Et je dois avouer qu'on ressent le même plaisir à les découvrir. Même si ce ramassis de crétins ne nous a jamais paru aussi crédible. Suffit de regarder un bulletin d'infos ou de parcourir les réseaux sociaux pour s'en convaincre. Remender nous envoie un reminder : "On vit une époque formidable" (sic et sick).

Ce scénar trash est illustré par cinq artistes talentueux (un par chapitre) : Eric Powell (The Goon), Lewis Larosa (The Punisher), Wes Craig (Deadly Class), Andrew Robinson, Roland Boschi. Lesquels choisissent souvent de montrer frontalement les turpitudes de l'anti-héros. Du jet de chiasse au grattage de burnes. L'action est toutefois au rendez-vous car ERC est pris en main par une espionne kick-ass qui se charge d'empêcher les bad guys de parvenir à leur fin. Cinq styles de dessins différents mais qui s'associent bien, donnant à la série une identité visuelle et un style cohérents. Cohérence également apportée par la magnifique mise en couleurs de Moreno Dinisio.

Les cinq premiers chapitres sont suivis d'une postface de Remender donc, et d'une galerie de couvertures alternatives. Un bel album pour une série trash dont on a hâte de découvrir le tome 2. Bordel.

Anderton

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