En Blu-ray et DVD : Troisième film de la saga Kingsman, The King's Man Première Mission aborde, comme son titre l'indique, la genèse de la cellule d'agents secrets au service de Sa Majesté. Matthew Vaughn est à nouveau aux manettes et a fait appel cette fois-ci à Ralph Fiennes pour incarner la classe et le fighting spirit so british. Résultat : un film d'action malin, marrant, méchant. Et spectaculaire. 20th Century Studios propose une édition vidéo riche en bonus.
En 1902, en Afrique, Orlando, duc d'Oxford, a promis à sa femme mourante que jamais leur fils Conrad ne participerait à une guerre. Douze ans plus tard, le noble a créé une armée secrète, constituée de majordomes et de servantes. Placés dans les grandes familles, ambassades et institutions du monde entier, ils préviennent Orlando des moindres velléités belliqueuses des régimes et de leurs dirigeants. Mais une confrérie toute aussi internationale de malfaisants, dirigée par le mystérieux Berger, oeuvre à plonger le Royaume-Uni dans la guerre. L'un de ses sbires, Gavrilo Princip, assassine l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche et son épouse à Sarajevo. L'Europe s'embrase. Malgré l'interdiction de son père, Conrad s'engage dans l'armée et rejoint son régiment dans les tranchées de la Somme.
God save the fucking king
Avec Karl Gajdusek, showrunner de Stranger Things saison 1, Matthew Vaughn signe un scénario malin qui se réapproprie l'Histoire en réattribuant à certaines personnalités un rôle occulte. Rien de complotiste pour autant, tant le duo ne se prend jamais au sérieux, revisitant avec impertinence et humour la mythologie des films d'espionnage, et notamment la saga James Bond. Sauf que cette fois-ci, le méchant est écossais. On retrouve ainsi la guilde des criminels avec à sa tête un mystérieux leader qui tire les fils des opera mundi depuis son repère secret. Pas de chat angora sur les genoux mais des chèvres cachemire dans un enclos. Quant à l'agent secret de Sa Majesté, il est bien éduqué, bien habillé (chez le tailleur Kingsman, bien sûr) et se bat comme un enragé. Un vrai gentleman auquel Ralph Fiennes apporte sa classe naturelle mais aussi une sensibilité poignante. C'est tout l'intérêt d'avoir choisir un comédien de sa catégorie : il se donne à fond dans son rôle, ne cherchant jamais à faire d'Orlando un simple pastiche, bien aidé en cela par les scénaristes.
Des scénaristes qui se jouent des clichés. Le brave duc se retrouvera ainsi plusieurs fois dans des situations humiliantes, de même que les cousins royaux (George V, Guillaume II et Nicolas II), tous incarnés brillamment - idée géniale - par Tom Hollander, s'avèrent être de sacrés "fins de race", aussi stupides qu'immatures. Le souverain britannique s'en sort un peu mieux mais il envoie quand même à la mort la jeunesse de son empire. Et parlons-en de l'Empire britannique, il a beau entrer en guerre contre des pays bellicistes (l'Allemagne) et dépravés (la Russie), il est présenté au début du film comme une puissance coloniale brutale, qui invente des camps de concentration où elle fait mourir de faim les Boers, hommes, femmes et enfants. Autant dire que si Matthew Vaughn crée un nouveau mythe de défenseurs du bien, présentés comme les dignes héritiers des Chevaliers de la Table ronde, il démonte toute l'hypocrisie d'une caste au pouvoir qui ne fait que corriger les erreurs sanglantes qu'elle a provoquées.
No (Kings)man's land
J'ai dit tout le bien que je pensais des prestations de Fiennes et Hollander. Ses camarades de jeu sont à la hauteur itou. Quel plaisir de revoir Djimon Hounsou et Gemma Arterton : ils interprètent un personnel qui n'a rien de petit et qui n'hésite pas à bousculer la famille d'Oxford. Dans les règles de la bienséance, of course. Matthew Goode porte bien son nom, Charles Dance est parfait en militaire aussi dévoué que borné, Daniel Brühl ne force pas son talent pour incarner une âme damnée teutonne tandis que Harris Dickinson manque un chouïa de charisme dans le rôle de Conrad. Quant à Rhys Ifans, il campe un Raspoutine magistral : pervers, goinfre, menaçant, fou, écoeurant. Il prend son pied (à la cosaque) et nous, le nôtre.
Ce côté barge assumé de la saga Kingsman est à nouveau exploité par Matthew Vaughn sans aucune retenue. Il met en scène avec virtuosité des combats ahurissants, multipliant les mouvements de caméra audacieux. Le film bascule parfois dans le cartoon avec une jubilation contagieuse. C'est notamment le cas quand l'équipe d'Orlando affronte Raspoutine dans un ballet martial dément. Autre ambiance, même prouesse quand Matthew Vaughn, bien aidé par son équipe de cascadeurs comme le montre un des nombreux bonus sur les coulisses du film, met en scène un spectaculaire combat silencieux dans le no (kings)man's land entre les tranchées britanniques et allemandes.
Hérauts de vérité historique et membres de la Team Premier degré, passez votre chemin. En revanche, les amateurs de films d'action décomplexés vont adorer. Et bonne nouvelle, la fin du film et les interviews des talents dans les suppléments laissent entendre que la saga imaginée par les auteurs de comics Mark Millar et Dave Gibbons ne restera pas une trilogie. Long live the Kingsman!
Anderton
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