samedi 7 mai 2022

Gangs of London : la série choc décryptée par Xavier Gens

Gangs of London Blu-ray CINEBLOGYWOOD


En Blu-ray et DVD : Gangs of London, la série la plus kick ass (et kick face, kick knee, kick arm, kick tout) du moment, débarque en vidéo. L'Atelier d'images la propose en VOST uniquement - et c'est bien comme ça - avec des bonus éclairants, dont un entretien passionnant avec Xavier Gens, l'un des trois réalisateurs avec Gareth Evans (cocréateur de la série) et Corin Hardy.


Londres vit sous la coupe réglée de deux familles associées, les Wallace et les Dumani. Quand Finn Wallace est abattu, son fils Sean est bien décidé à trouver le coupable, à n'importe quel prix. L'un de ses "soldats", Elliot, en profite pour grimper dans la hiérarchie... à coups de pieds et de poings. C'est qu'entre temps, les gangs albanais, kurdes, pakistanais et nigérians se sont affranchis de l'emprise des deux familles. La violence explose.

Comme un certain nombre d'entre vous, j'ai découvert Gareth Evans avec son troisième long-métrage, The Raid (2011), qui remettait les points sur les i et les poings dans la gueule dans le genre des films d'action. Sa science de la mise en scène quand il s'agit de filmer les combats nous saute une fois de plus au visage dans Gangs of London, série britannique en 9 épisodes, qu'il a cocréée avec Matt Flannery. Les séquences d'action sont dingues, brutales, sanglantes. Elles sont filmées avec une maestria rarement vue à l'écran, petit comme grand. 

Sope Dirisu : a new hope

Mais la série ne se résume pas à des séquences de baston, aussi spectaculaires soient-elles. Telle une tragédie grecque, elle aborde une saga familiale, ou plutôt des sagas familiales qui s'entrecroisent, où l'amour inconditionnel le dispute à la haine viscérale, où la loyauté s'accompagne de multiples trahisons et de secrets qui finissent par éclater. Les scénaristes ont soigné les personnages. Certains cachent bien leur jeu avant de se dévoiler au grand jour, d'autres portent leur détresse sur leur visage. Les acteurs britanniques démontrent une fois de plus l'excellence de leur art. Joe Cole (Peaky Blinders) campe avec sensibilité Sean Wallace, l'héritier à la fois déterminé à venger son père et écrasé par le poids de ses nouvelles responsabilités. Dans le rôle d'Elliott, Sope Dirisu explose à l'écran, phénoménal dans les scènes d'action intense comme dans sa capacité à transmettre les émotions enfouies de son personnage. Hâte de le revoir très vite, il a tout pour faire une grane carrière ! Trois beaux rôles féminins : Michelle Fairley (Games of Thrones) incarne une veuve qui révèle son caractère implacable ; Pippa Bennett-Warner, une jeune femme qui n'est pas une Dumani pour rien ; Narges Rashidi, une combattante kurde qui ne recule devant aucun sacrifice pour la cause de son peuple. Egalement au générique Colm Meaney (séries Star Trek), Brian Vernel (Dunkerque) et, le temps d'un épisode, David Bradley (Rusard dans Harry Potter).

Dans un entretien passionnant, Xavier Gens revient sur son implication dans la série et détaille l'organisation de la production par "blocs d'épisodes". Evans en a réalisé deux, Hardy quatre et Gens trois. Tout en respectant une esthétique très cinématographique (Gens parle d'ailleurs d'un "film de neuf heures"), chacun a pu apporter sa touche, proposer ses idées aux scénaristes, échanger avec les autres cinéastes. Sans tirer la couverture à lui, Gens explique simplement comment il a réalisé certaines séquences. L'une d'entre elles, a priori basique (une réunion de famille à table), a nécessité trois semaines de préparation et trois jours de répétitions avec des figurants pour établir les mouvements et placements de caméra mais aussi une dynamique de groupe. Le Frenchie, à l'origine d'un épisode particulièrement éprouvant (qui m'a obligé plusieurs fois à détourner le regard), a apprécié la liberté et le confort  dont il a pu bénéficier, la production permettant au trio de réalisateurs de retourner certaines scènes ou plans trois semaines après le premier montage de la série, pour en renforcer la cohérence. D'autres featurettes reviennent notamment sur les personnages et les séquences d'action.

Gangs of London est une série choc et réussie de bout en bout. On est content d'apprendre qu'une deuxième saison est d'ores et déjà programmée.

Anderton


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