Buzz : Rédac chef aux Cahiers puis délégué général pendant dix ans à La Semaine de la Critique. Avec un tel CV, on peut affirmer que Charles Tesson est un pilier du Festival de Cannes. S'il n'a pas fait le déplacement sur la Croisette cette année, il a quand même accepté de répondre à notre Questionnaire cannois (découvrez toutes les interviews). Dans sa boîte à souvenirs : boire un coup de chablis avec Clint Eastwood, voir des films, danser, et accepter de se faire submerger par ses émotions.
Qu'allez-vous faire à Cannes ?
Je n’y serai pas cette année, ayant toujours eu pour habitude ou règle d’usage de me rendre à Cannes pour une raison professionnelle, claire et précise, en étant associé ou mandaté par un support - Les Cahiers du cinéma, par exemple, en tant que critique et plus tard comme rédacteur en chef - ou une structure : la société de distribution Lasa Films, que je dirigeais à la fin des années 1980 et récemment, La Semaine de la Critique, dont j’ai été membre du comité de sélection puis le délégué général pour les éditions 2012-2022.
Combien de fois avez-vous participé au Festival ?
La première, c’était en 1980 et la dernière, en 2021. Il y a eu des présences (Cahiers du cinéma, 1980-1985, 1999-2003, Lasa Films 1986-1989, Semaine de la Critique, 2009-2021). Des absences répétées aussi. Si le compte est bon, en déduisant l’année 2020, cela doit faire 27 fois.
Qu’attendez-vous de cette édition 2022 ?
Des très bons films, des belles révélations et découvertes du côté des premiers longs métrages. Et que cette édition, en dépit du contexte général et particulier, y compris pour le cinéma, soit la plus festive et surtout chaleureuse, joyeuse.
Quel est votre plus grand plaisir pendant le Festival ?
Voir des films. Rencontrer des amis venus des quatre coins du monde. Et danser aussi. Dire qu’il a fallu que je travaille pour La Semaine de la Critique pour découvrir que les fêtes de la Semaine sont l’endroit où on danse le mieux et le plus !!
Qu’est-ce qui vous énerve le plus ?
J’ai toujours été très heureux d’être à Cannes, c’est un festival unique et exceptionnel même si on traverse toujours des moments de creux ou de fatigue. Ce qui m’énerve le plus ? La hiérarchie. Qu'à chaque moment, chaque guichet (carte presse bleue, rose, rose pastille, blanche), on vous signifie votre rang. C’est une gigantesque gare de triage, mais à la verticale.
Quel est votre plus beau souvenir ?
Un souvenir en tant que critique de cinéma, c’était le très long moment passé sur un bateau, dans le port de Cannes, en compagnie de Clint Eastwood, avec une poignée de journalistes (5 ou 6, pas plus), le tout organisé par l’attachée de presse de la Warner, Michèle Darmon, et Pierre Rissient. C’était l’année de Pale Rider, donc en 1985. Moment inoubliable, fabuleux, en toute décontraction et simplicité. Clint Eastwood aimait bien le Chablis, ce qu’on ne saurait lui reprocher.
L’autre souvenir en tant que délégué général de La Semaine de la Critique, c’est l’an passé, lors de la soirée de remise des prix. Quand je suis entré sur la scène du Miramar, la salle a applaudi et s’est levée. Je ne l’avais pas vu venir. Il faut contenir ses émotions et accepter d’être submergé par elles. Car si on donne de sa personne (10 ans à la Semaine !) il faut savoir recevoir ce qu’on vous donne dans ces moments et le savourer pleinement.
Qu’y a-t-il dans votre valise ?
Ce qu’il y aurait les autres années : des vêtements, en fonction de ce pourquoi on est à Cannes, tapis rouge compris, et de quoi travailler (ordinateur). Le reste, on le trouve sur place. Sinon prévoir des bagages à 2/3 remplis pour l’aller pour éviter le 4/3 au retour.
Quel est votre truc pour tenir le coup pendant la quinzaine ?
Lorsqu’on vient en tant que critique, ce sont les films. On tient à les voir et en retour, on espère que leur qualité nous fera tenir. Le choc d’un très grand film et l’enthousiasme qu’il procure peut vous faire tenir plusieurs jours ou vous faire votre festival. En tant que Délégué général de La Semaine de la Critique, c’est différent. C’est comme une complétion sportive, on se se prépare toute l’année et même si on arrive fatigué, voire très fatigué (visionnage des films, processus de sélection), reste que faire vivre la sélection, rencontrer les cinéastes et les équipes, vous électrise et vous donne une incroyable énergie.
Pour quel(le) artiste redeviendriez-vous un fan de base si vous le/la croisiez sur la Croisette ?
Comme Thierry Frémaux aime beaucoup le sport, il y a souvent des sportifs à Cannes. Donc si je croisais Zidane, Pelé, Serena Williams, Giacomo Agostini, le champion de moto, je redeviendrais fan de base, à coup sûr, genre selfie avec eux.
Votre fête cannoise la plus délirante, c’était où et quand ?
La fête de la 50e édition de La Semaine de la Critique en 2011 et les fêtes à la Californie, organisées par Maurice Tinchant, dans les années 1980.
Quelle est votre Palme d’or préférée ?
Parmi toutes, il y en aurait trois. Une avant que je ne vienne à Cannes : Viridiana de Luis Buñuel en 1961. Une après : Le goût de la cerise d’Abbas Kiarostami en 1997. Et j’aime beaucoup la Palme d’or 1980, lors de mon premier Festival : Kagemusha d’Akira Kurosawa.
Quel est votre programme après le Festival ?
En général, rattraper les films de Cannes pas vus à Cannes mais visibles à Paris.
Sur Twitter suivez @Tesson_5475
Crédits de l’affiche officielle : Paramount Pictures Corporation – Jim Carrey, The Truman Show de Peter Weir / Graphisme ©Hartland Villa
Anderton
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