Il y a des lundis comme ça, où on a l'impression de revivre en permanence la même journée. Un cauchemar dont Ryo Takebayashi a fait une comédie, Comme un lundi. Sortie ce lun... mercredi sur nos écrans.
Y a-t-il encore quelqu'un qui pense qu'une agence de com est un merveilleux endroit pour travailler ? Certainement pas Yudai, qui peine à livrer un projet à son client et à mobiliser ses collègues sur le sujet. Quant à son boss, il est plus occupé à faire les mêmes blagues et à bouquiner un magazine qu'à mettre la main à la pâte. La jeune femme fait des heures sup, ce qui irrite son compagnon. Et pour couronner le tout, elle hésite à changer de boîte. Une belle journée de m... qu'elle a hâte de voir s'achever. Problème : le lendemain, elle a l'impression de revivre ce maudit lundi. Deux collègues lui expliquent alors que ce n'est pas qu'une impression, preuves à l'appui. Selon eux, s'ils sont coincés dans cette boucle temporelle, c'est à cause d'un bracelet maudit porté par leur patron.
Difficile de ne pas penser à Un jour sans fin (Groundhog Day, 1993) lorsqu'il est question de boucle temporelle - d'autant que l'un des personnages du film en parle. Bien entendu, la comparaison n'est en général pas favorable au film réalisé après celui d'Harold Ramis. Comme un lundi n'échappe pas à la règle, pour autant, le charme opère. Je m'explique : la répétition des situations participe à la drôlerie du récit. C'est bien le cas pour le film japonais. Le spectateur assiste aux mêmes scènes, à plusieurs reprises. Le réalisateur joue avec le montage pour les dérouler dans leur intégralité ou pour les enchaîner à travers leur moment fort, répété plusieurs fois en quelques secondes. Parfois avec des petites nuances. Et c'est marrant. Mais la petite faiblesse du film, c'est qu'il se déroule quasiment uniquement dans un même lieu, et pas des plus fun : un plateau de bureaux. Ce qui fait que les répétitions, dans le premier tiers du film, tendent à devenir un peu pénibles. Le temps s'étire et le récit perd en rythme.
Ceci étant dit, passé ce stade, l'histoire rebondit, les personnages ne sont plus les instruments d'un mécanisme répétitif. Leur aspect d'abord caricatural disparaît tandis que leurs personnalités se révèlent. Le film prend une autre tournure, plus touchante, avec une jolie réflexion sur les parcours de vie, les choix que l'on fait, les rêves que l'on abandonne. Les collègues qui s'ignoraient forment alors une communauté tournée vers un objectif commun. Et puis, Ryo Takebayashi propose une mise en scène alerte, avec quelques trouvailles visuelles sympas. De quoi sortir du cinéma content.
Au fait, dans ce film, la marmotte est remplacée par une colombe. Laquelle vit et revit un sale moment. Si les colombophiles risquent d'avoir les plumes toutes hérissées, les fans de manga seront à l'inverse comblés. Je n'en dis pas plus. A l'échelle de la semaine, Comme un lundi fait sentir le spectateur comme un mercredi. Et c'est déjà ça.
Anderton
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