dimanche 19 mai 2024

Sugar : L.A. Confidential

Sugar Colin Farrell AppleTV+ CINEBLOGYWOOD

Une petite virée à Los Angeles vous tente ? Colin Farrell vous réserve une place dans sa Chevrolet Corvette 1953 décapotable. Dans Sugar, disponible sur AppleTV+, il interprète le rôle d’un détective privé américain tout droit sorti d’un film noir, et féru de cinéma.


Après une mission risquée au Japon, John Sugar est de retour à Los Angeles où il se voit confier une enquête sur la mystérieuse disparition d'Olivia Siegel (Sydney Chandler, vue dans Don’t Worry Darling), la petite-fille bien-aimée du légendaire producteur hollywoodien Jonathan Siegel (James Cromwell, vu dans Succession, La ligne verte, I Robot...).

Dès le départ, cette série hors du temps nous trouble et l’on cherche des repères : films noirs ? David Lynch ? Psychose hallucinatoire ? L’intrigue démarre comme le L.A. Confidential de James Ellroy, dans une ambiance vénéneuse et mystérieuse, portée par la voix off de Sugar/Farrell lui-même.

Direction Hollywood Boulevard

John Sugar est un personnage atypique et élégant, au physique et au style dignes d’un grand acteur des années 50. Un personnage mélancolique prônant la non-violence, bien qu’il ait rarement le choix de s’en passer. Quand ses enquêtes lui laissent un peu de répit mais que l’insomnie le guette, il arpente la ville au volant de sa décapotable - direction Sunset ou Hollywood Boulevard - et termine souvent la soirée à l’alcool fort et cher (sans jamais tituber car il ne lui fait aucun effet) dans un bar huppé, ou au cinéma devant un vieux film de l’âge d’or hollywoodien.

L’obsession que nourrit Sugar pour l’enquête sur la disparition d’Olivia Siegel – puisqu’elle fait écho à celle de sa propre sœur – inquiète sa patronne Ruby (Kirby Howell-Baptiste, vue dans Killing Eve). Il ne fait pas bon déterrer certains secrets, et la torpeur envoûtante de la Cité des Anges s’avère trompeuse : plus Sugar s’approche de la vérité, et plus il prend des risques.

De Bogart aux Cahiers

Créée par  Mark Protosevich avec Fernando Meirelles (La Cité de Dieu), la série est un plaisir des yeux de par sa beauté visuelle. C’est aussi une subtile mise en abyme, à travers un montage distillant des extraits de chefs d’œuvre du cinéma très à propos, avec entre autres Humphrey Bogart ou Robert Mitchum. Une série truffée de références (filmiques, Sugar est d’ailleurs un lecteur des Cahiers du Cinéma) un jeu de miroirs entre fiction et réalité mais également entre passé et présent, dans les codes du film noir. Sugar est aussi et surtout une vraie surprise en termes d’écriture : elle finit par nous emmener là où on ne l’attendait absolument pas (no spoilers).

En ligne sur AppleTV+ depuis le 5 avril, à raison d’un épisode par semaine (le huitième et dernier épisode est sorti le vendredi 17 mai), Sugar confirme le talent de Colin Farrell et le parti-pris de la plateforme : proposer moins de contenus mais faire des choix artistiques pointus et audacieux (Hijack, Silo, Ted Lasso...).

Joanna Wallace


Aucun commentaire: