Paroxysme et ascèse
Un prophète, sélectionné en compét officielle au Festival de Cannes 2009, n'échappe pas à ces "règles". Il les transcende en les poussant à leur paroxysme. Comme si l'ampleur des thèmes évoqués - la mort, le pouvoir, la connaissance, l'enfermement - demandait l'ascèse des situations : un jeune homme "innocent" (illettré il n'a aucun repère culturel ou religieux) doit survivre à l'enfer carcéral. Il n'y a rien dans ce film qui ne soit pas au service de l'histoire, pas de coquetterie de réalisateur surpayé, pas de numéro d'acteur décalé, pas d'artifice. Juste Malik qui vient de prendre 6 ans fermes pour agression. Juste Malik dont la personnalité s'affirme sous les coups de ses tortionnaires. Juste Malik qui apprend petit à petit toutes les ficelles d'une voyoucratie qu'il n'apprécie pas. Et pourtant tellement plus.
Pour servir ce parcours initiatique atypique, Audiard a choisi Rahim Tahar. Bien lui en a pris car Rahim crève l'écran de la seconde où il apparaît au générique de fin. Il passe de la naïveté à l'assurance des plus grands sans que jamais le spectateur ne surprenne l'effort de l'acteur. Son regard noir hante le film et ne vous lâche plus. Et tout ça sans tatouage.
Mon conseil : si un film suscite autant de critiques positives, c'est qu'il doit y avoir une raison. Courez-y avant qu'Audiard n'envisage plus sérieusement une suite...
Sentenza
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