En salles : Bon, j’avoue. En janvier 1992, My Own private Idaho, le 4e film de Gus van Sant, ne m’avait guère emballé – « prétentieux » et « chichiteux », l’avais-je qualifié. A la revoyure, force est de constater que GVS frappait très fort, en signant une œuvre désormais culte, le Macadam cow-boy des 90’s.
C’est tout d’abord une oeuvre quasiment sociologique sur les jeunes mecs de la rue de Portland, ville pluvieuse de l'Oregon, dont est originaire GVS. Mais pas que : à partir d’anecdotes recueillies auprès de jeunes prostitués, le futur réal de Gerry et Harvey Milk signe une bouleversante histoire d'amour et d’amitié, de ruptures et de trahisons.
Le Macadam cow-boy des 90’s
Ce qui frappe dans ce film, c'est la liberté de mise en scène de Gus Van Sant. Malgré un sujet qui aurait pu facilement verser dans le sordide ou le pathétique, le réalisateur s’amuse et expérimente – plaisir d’un film dont nous découvrons la trajectoire en même temps qu’elle s’invente à l’écran. Inserts de paysages, trouées poétiques et visuelles, nuages en accéléré, maisons volant en éclat, poissons bondissant hors de la rivière, Unes de magazines gays s’animant et s’interpellant dans les rayonnages d’une librairie – autant de fulgurances et d’audaces visuelles qui imposent un rythme particulier à ce road-movie gay.
Car My Own private Idaho demeure le double récit d’un amour et d’une amitié entre deux hommes d’une beauté stupéfiante, et d’un voyage entre passé et présent, Europe et Etats-Unis, rêve et réalité. Récit qui suit la double trajectoire initiatique d’un jeune homme en perdition à la recherche de sa mère et de son paradis perdu, d’une part ; et d’un jeune bourgeois en rupture de ban, d’autre part. Tous deux sous la coupe d’un clochard céleste tout droit sorti de l’univers de Burroughs, et inspiré du Falstaff de Shakespeare. Et dont la cultissime scène sentimentale autour d’un feu de camp, d’une élégance et d’une délicatesse inattendues, constitue le sommet.
Alchimie Keanu-River
Au-delà des prouesses narratives, des inventions formelles, de la liberté formelle que s’arroge Gus Van Sant, en mixant western et beat generation, homosexualité et hétérosexualité, Shakespeare et Warhol, Europe et Etats-Unis, scènes oniriques et accélérations speedées, super-8 et 35 mm, une grande part du charisme de My Own private Idaho provient évidemment de l’alchimie de ses interprètes.
Keanu Reeves dans le rôle du prostitué en rupture de ban, n’a jamais été aussi intense et convaincant ; River Phoenix, frappé de narcolepsie, nageant entre rêve et réalité, livre une prestation d’une fiévreuse mélancolie – sans doute son plus beau rôle, avec A bout de course et Stand by me, récompensé au Festival de Venise en 1991.
Bref, redécouvrir My Own private Idaho, c’est redécouvrir la liberté de ton, l’invention formelle et la formidable direction d’acteurs d’un cinéaste qui semble depuis figé dans le statut d’auteur, certes élégant, mais vain et creux – cf Elephant et Last days – et qui semble avoir perdu une partie de la sève de son talent singulier.
Travis Bickle
C’est tout d’abord une oeuvre quasiment sociologique sur les jeunes mecs de la rue de Portland, ville pluvieuse de l'Oregon, dont est originaire GVS. Mais pas que : à partir d’anecdotes recueillies auprès de jeunes prostitués, le futur réal de Gerry et Harvey Milk signe une bouleversante histoire d'amour et d’amitié, de ruptures et de trahisons.
Le Macadam cow-boy des 90’s
Ce qui frappe dans ce film, c'est la liberté de mise en scène de Gus Van Sant. Malgré un sujet qui aurait pu facilement verser dans le sordide ou le pathétique, le réalisateur s’amuse et expérimente – plaisir d’un film dont nous découvrons la trajectoire en même temps qu’elle s’invente à l’écran. Inserts de paysages, trouées poétiques et visuelles, nuages en accéléré, maisons volant en éclat, poissons bondissant hors de la rivière, Unes de magazines gays s’animant et s’interpellant dans les rayonnages d’une librairie – autant de fulgurances et d’audaces visuelles qui imposent un rythme particulier à ce road-movie gay.
Car My Own private Idaho demeure le double récit d’un amour et d’une amitié entre deux hommes d’une beauté stupéfiante, et d’un voyage entre passé et présent, Europe et Etats-Unis, rêve et réalité. Récit qui suit la double trajectoire initiatique d’un jeune homme en perdition à la recherche de sa mère et de son paradis perdu, d’une part ; et d’un jeune bourgeois en rupture de ban, d’autre part. Tous deux sous la coupe d’un clochard céleste tout droit sorti de l’univers de Burroughs, et inspiré du Falstaff de Shakespeare. Et dont la cultissime scène sentimentale autour d’un feu de camp, d’une élégance et d’une délicatesse inattendues, constitue le sommet.
Alchimie Keanu-River
Au-delà des prouesses narratives, des inventions formelles, de la liberté formelle que s’arroge Gus Van Sant, en mixant western et beat generation, homosexualité et hétérosexualité, Shakespeare et Warhol, Europe et Etats-Unis, scènes oniriques et accélérations speedées, super-8 et 35 mm, une grande part du charisme de My Own private Idaho provient évidemment de l’alchimie de ses interprètes.
Keanu Reeves dans le rôle du prostitué en rupture de ban, n’a jamais été aussi intense et convaincant ; River Phoenix, frappé de narcolepsie, nageant entre rêve et réalité, livre une prestation d’une fiévreuse mélancolie – sans doute son plus beau rôle, avec A bout de course et Stand by me, récompensé au Festival de Venise en 1991.
Bref, redécouvrir My Own private Idaho, c’est redécouvrir la liberté de ton, l’invention formelle et la formidable direction d’acteurs d’un cinéaste qui semble depuis figé dans le statut d’auteur, certes élégant, mais vain et creux – cf Elephant et Last days – et qui semble avoir perdu une partie de la sève de son talent singulier.
Travis Bickle
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