En salles : On vous a déjà dit tout le bien que l'on pensait d'Iron Man (lire : J'ai vu Iron Man, mes premières impressions). Au delà du film d'action réussi, l'oeuvre de Jon Favreau balance quelques piques bien senties sur l'American way of life.
Guerre à la guerre
Tony Stark (Robert Downey Jr) est un magnat de l'industrie dont l'activité principale consiste à fabriquer des armes. Sans complexe. Certes, le milliardaire rappelle à une journaliste toutes les retombées scientifiques et médicales de la R&D dans le domaine militaire mais fondamentalement, il croit au pouvoir du canon. La paix n'est possible qu'avec un gros bâton dans la main, déclare-t-il, reprenant la célèbre expression est de Theodore Roosevelt. Expression qui résume assez bien la doctrine américaine de défense.
Or, que montre Iron Man (découvrez ici notre dossier : trailer, photos, infos, buzz...) ? Que ce sont les Américains qui déploient des armes de destruction massive en Afghanistan (le missile Jéricho mis au point par Stark Industries) et que ce sont les fabricants d'armes US (Stark accepte même d'être qualifié de "marchand de la mort") qui contribuent à armer les ennemis mêmes de l'Amérique et à provoquer des victimes civiles innocentes.
Des "rouges" aux "barbus"
Quand Tony Stark est confronté personnellement aux conséquences de sa politique industrielle, sa conception du monde en est bouleversée. Dès lors, la création d'Iron Man ne vise pas à créer une super machine de guerre mais à mettre au point une machine de paix. Un renversement de discours d'autant plus intéressant que le personnage d'Iron Man a été créé par Stan Lee et Don Heck dans les années soixante pour s'opposer au péril rouge.
Lisez L'Intégrale Iron Man tome 1 (1963-1964), une anthologie des premiers épisodes de la BD, publiée par Panini Comics : lors d'une visite aux troupes américaines au Vietnam, Tony Stark est kidnappé par un affreux Vietcong et c'est pour lui échapper qu'il construit sa fameuse armure. Si les communistes sont remplacés par les terroristes islamistes, le discours belliqueux disparaît du film et pas seulement sous le coup du politiquement correct. Favreau dénonce bien l'interventionnisme US au Moyen-Orient : une politique qui aboutit aux résultats inverses de ceux recherchés.
Super-héros écolo ?
L'autre coup de griffe est balancé à la politique énergétique américaine. A l'arrière-plan d'une scène, sur le site du groupe Stark, les usines crachent de sombres fumées. Et pourtant, les ingénieurs du groupe ont mis au point une mystérieuse énergie qui reste confinée au site. L'associé de Stark, Obadiah Stane (Jeff Bridges), précise qu'il ne s'agit que de la poudre aux yeux destinée à calmer "les hippies". Et pourtant, cette énergie servira à maintenir Stark en vie tout en fournissant l'énergie (propre) nécessaire au fonctionnement d'Iron Man.
Détail intéressant : lors du combat final, Iron Monger jette Iron Man dans un bus dont le flanc est recouvert d'une pub pour l'hydrogène. De l'énergie propre !
Allez, je rassure ceux que cette analyse rebuterait par avance, le message de Favreau ne brouille pas du tout le récit. Iron Man reste avant tout un pur divertissement avec, disons, un supplément d'esprit.
Pour info : LCI.fr nous apprend que les exosquelettes à la Iron Man, ce n'est pas de la science-fiction...
Anderton