A lire : La Terre post-apocalypse, ce n'est pas forcément un cauchemar. Surtout si elle ne semble habitée que par sept jeunes femmes, aussi sexy qu'intelligentes et qu'on est le seul homme à la ronde. Evidemment : si on est petit, vieux, moche et un brin pervers, le quotidien s'annonce davantage compliqué. Avec Lucky Boy Coquin de sort, publié chez Ankama Editions, Bill Presing, artiste chez Pixar, met en scène un univers coloré où la sensualité fraie avec l'humour et l'émotion.
Nous sommes au Japon, mille ans après "l'effondrement". Une végétation luxuriante a recouvert les mégalopoles abandonnées. L'espèce humaine est éteinte, à quelques spécimens près. Et quels spécimens ! Zoé l'archéologue, Lola la botaniste, Chika la chimiste, Talaa et Balaa les jumelles physiciennes, Kai la biologiste marine et Vixen la zoologiste survivent en mettant leurs compétences à contribution tout en profitant de la plage. Super intelligentes, les jeunes femmes sont aussi super sexy. C'est pourquoi elles sont épiées à longueur de journée par un drôle de petit vieux qui les poursuit de ses assiduités. Il faut dire qu'il aimerait bien repeupler la planète. Mais il est trop dégoûtant pour les demoiselles qui le repoussent systématiquement. Et sans ménagement. C'est alors qu'un beau jour, la plantureuse Kai sauve de la noyade... un jeune homme mutique vêtu d'une peau de bête. Fou de jalousie, le pervers pépère est bien décidé à se débarrasser de cet inattendu concurrent.
Le dessin souple et tout en courbes de Bill Presing traduit sa riche expérience dans le domaine du dessin animé. Au sein de Pixar, il a notamment travaillé sur Ratatouille et Là-haut. Egalement à son crédit, un album de BD, Rex Steele Nazi Smasher (paru chez Akileos), dans lequel le bonhomme exaltait sa passion pour l'aventure et les femmes plantureuses. Car Bill aime les femmes, ça se sent, ça se voit. En témoigne cet album sur Pinterest. Que ce soit à travers un jeu de cartes ou des tatouages éphémères, l'artiste remet au goût du jour la pin-up, en tenue légère ou en uniforme, sous les cocotiers comme au travail. Il joue avec les codes de la fille légère et insouciante, mais ses demoiselles en ont autant dans le crâne que sous le bikini. Comme dans Lucky Boy, où les sept survivantes font preuve d'une sacrée force de caractère.
Bill l'espiègle
Bill Presing prend un coquin plaisir à multiplier les angles plus que suggestifs et à faire prendre à ses héroïnes des poses lascives. Grands yeux de biche, lèvres pulpeuses, poitrine XXL, postérieur exubérant et jambes interminables, Zoé, Kai & co s'exhibent sous toutes les coutures et le lecteur partage les émois du papy voyeur. Pour autant, Presing ne franchit jamais la ligne rouge du vulgaire : sa démarche est enjouée et espiègle. La première partie de Lucky Boy relève de l'hommage à Tex Avery, Chuck Jones et Betty Boop. Tel le loup du premier et Pepé le Pew du deuxième, le petit vieux échafaude des plans pour mater les belles et tenter d'en tâter les chairs généreuses. Avant de se prendre des râteaux monumentaux.
Presing aurait pu en rester à la succession de gags mais il fait prendre une autre tournure à son récit, en expliquant comment les sept donzelles ont pu survivre à une apocalypse vieille de mille ans et d'où vient ce petit bonhomme lubrique. L'humour est toujours au rendez-vous mais l'émotion jaillit, sans qu'on s'y soit attendu. Comme dans un film de Pixar. Et, pour couronner le tout, les dessins ronds et dynamiques sont magnifiquement mis en couleurs.
Ankama a soigné l'édition de cette bande dessinée charmeuse et charmante, en y ajoutant un somptueux ex-libris. Ce sont les lecteurs qui sont lucky.
A suivre sur Instagram : @billpresingart
Anderton
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