jeudi 1 juillet 2021

La Guerre des mondes : une minisérie fidèle et moderne

La Guerre des mondes minisérie DVD CINEBLOGYWOOD

En DVD et Blu-ray : Les Bleus éliminés de l'Euro, une météo digne d'un mois de novembre sur une grande partie du pays, la propagation du variant delta avec à la clé la perspective d'un 4e confinement à la rentrée... l'été 2021 ne commence pas de la manière la plus insouciante. Relativisons et profitons du sale temps pour aller au cinéma et découvrir dans notre canapé la bonne série british La Guerre des mondes, qu'Elephant Films propose en vidéo.



Le roman de H.G. Wells a fait l'objet d'innombrables adaptations, celle de Steven Spielberg (2005) étant la plus récente au cinéma. En 2019, le livre culte a donné lieu à deux séries, l'une sous la forme d'une adaptation moderne (la 2e saison est actuellement diffusée sur Canal+) quand l'autre a davantage collé à l'oeuvre d'origine. Cette minisérie BBC en trois épisodes s'avère réussie pour au moins trois raisons.

1) Respect et modernité

Le scénario de Peter Harness respecte le récit de l'écrivain britannique : l'histoire narre l'invasion alien à la fin du XIXe siècle. L'Angleterre, alors à la pointe de la révolution industrielle, étend son emprise (et son empire) sur le monde mais sa puissance militaire semble toute relative face à la technologie destructrice venue de l'espace. Respect du matériau originel donc mais le scénariste en profite pour appuyer le propos sur des thématiques qui résonnent avec notre monde actuel : le nationalisme agressif et le racisme décomplexé. La supériorité de la "race anglaise", exaltée par les politiciens, est censée empêcher l'invasion extra-terrestre. C'est tout le contraire qui se produit, cet excès de confiance aux relents nauséabonds retarde la mise en place d'une riposte appropriée. 

La minisérie poursuit sa critique de la période edwardienne en mettant en avant l'étroitesse d'esprit des élites associée à leur intolérante bigoterie. Les protagonistes principaux, le journaliste George et sa compagne Amy, sont considérés comme des parias car ils ne sont pas mariés. Et malgré son cursus scientifique, Amy est constamment renvoyée à la place qui lui est assignée, c'est-à-dire au foyer. Une des bonnes surprises de cette série est que le héros est en fait une héroïne : Amy, interprétée avec beaucoup d'intensité par Eleanor Tomlinson, prend le lead sur George (Rafe Spall). C'est elle qui participe aux investigations menées sur les aliens par un scientifique local (joué par Robert Carlyle) avant de tout faire pour retrouver George dont elle a été séparée, y compris en tenant tête au frère de ce dernier, Frédérick (Rupert Graves). Elle tient bon face à l'adversité, qu'elle soit incarnée par la "bonne société" ou les envahisseurs de l'espace.

2) Reconstitution soignée

L'époque edwardienne est magnifiquement reconstituée, aussi bien dans les décors que dans les costumes. Tout n'a pas été misé sur les effets spéciaux et c'est tant mieux car cela ancre la minisérie dans un réalisme qui soutient le propos. Reste que la CGI est réussie, contribuant à nous plonger dans le Londres grouillant et fumant de la fin du XIXe et surtout à rendre impressionnants les aliens et leurs vaisseaux.

3) Spectaculaire

Chacun des épisodes contient son lot de séquences spectaculaires, notamment lorsque les engins spatiaux sèment la mort et la désolation. La confrontation avec les extra-terrestres dans une maison abandonnée donne par ailleurs lieu à des jolis moments de tension. La mise en scène de Craig Viveiros est efficace. Si le récit se détend parfois ici ou là, le fait de l'avoir condensé en trois épisodes permet toutefois de garder un rythme soutenu.

La Guerre des mondes fait le job et l'édition d'Elephant Films itou, qui propose en bonus une intervention très complète d'Alain Carrazé sur l'oeuvre de H.G. Wells et son influence durable sur les petit et grand écrans. 

Anderton

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