lundi 10 février 2014

César : dans les coulisses du vote (1/2) - INTERVIEW


Buzz : Comment se déroulent les votes pour les César ? Qui vote ? Alors que les membres de l’Académie sont en train d’effectuer leurs choix, Cineblogywood a souhaité interroger l’un d’entre eux.

Depuis 2007, Laurent Coët est exploitant du Regency, une salle Art et Essai d’un seul écran située en milieu rural, dans le Pas-de-Calais. Il est également vice-président de la Chambre syndicale des exploitants de la Région Nord-Pas-de-Calais et rapporteur de la commission "petite exploitation" au sein de la Fédération nationale des cinémas français. Autant de fonctions qui lui ont permis, en 2009, de devenir membre de l'Académie des Arts et des Spectacles - "Les César". Pour Cineblogywood, il décrit les processus du vote.

Cineblogywood : Comment devient-on membre de l’Académie des César ?

Laurent Coët : Il faut travailler dans un métier du cinéma et faire acte de candidature, en envoyant une belle lettre de motivation et en se faisant parrainé par deux personnes déjà membres. Si notre candidature est retenue, on intègre alors un des douze collèges liés à un métier. Pour ma part, je fais partie du collège des exploitants [302 membres sur un total de 4377 membres au 31 décembre 2013, NDLR].



Qu’est-ce qui vous a motivé à intégrer l’Académie ?

Je ne vais pas dire que c’était un rêve mais enfin, je trouvais ça plutôt sympa de devenir membre de l’Académie des César. C’est aussi une forme de récompense du travail que j’effectue localement. Et puis, au-delà du prestige, je voulais apporter ma contribution et faire bouger les choses au sein de la profession.

Quelles sont les principales étapes du vote ?

Le vote en lui-même se déroule en deux tours : pour le premier tour, tout est ouvert. Il y a vingt catégories et on peut voter pour cinq œuvres ou talents à chaque fois ; pour les catégories meilleur acteur, meilleure actrice, meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur film étranger, il y a en revanche sept nominations possibles. On peut voter par courrier ou par internet, jusqu’à la veille de l’annonce officielle des nominations. Alors commence le deuxième tour : sur la base des nominations, on effectue un choix dans chaque catégorie. Là encore, on peut envoyer ses votes par courrier ou le faire sur internet jusqu’au jour même de la cérémonie, à 16h dernier délai.


Dès la mi-novembre, l’Académie adresse à ses membres des invitations valables dans tous les cinémas pour aller voir les films français à l’affiche. Et début décembre, nous recevons un coffret DVD de 150 films, surtout français, sortis au premier semestre. Démarre alors le grand marathon du rattrapage ! C’est une vraie mine d’or pour découvrir les films que j’ai ratés au cours de l’année. Il peut y avoir aussi des projections spéciales organisées à Paris par les producteurs. 


Enfin, début janvier, nous recevons un guide de 200 pages qui recense l’intégralité des œuvres sorties au cours de l’année précédente. Je m’en sers pour me remémorer les films que j’ai vus il y a plusieurs mois de cela, voire il y a plus d’un an lors de projections privées ou d’avant-premières. Au deuxième tour du vote, tous les films qui font l’objet d’une nomination sont projetés à l’attention des membres de l’Académie au cinéma Le Balzac, à Paris.

J’imagine que votre profession vous amène à voir beaucoup de films…

Je vois en intégralité 50 à 60% de la production distribuée en salles. Mais je vais aussi au Festival de Cannes, où je vois beaucoup de films ; cela me permet de prendre un peu d’avance.

Entre les invitations, les projections et le coffret DVD, comment vous y prenez-vous ? Vous ne regardez que les films que vous n’avez pas vus ou vous profitez de l’occasion pour tout revoir ?

Revoir tous les films, c’est intenable. J’ai essayé lors de ma première participation comme votant, en 2009, et c’était l’enfer ! Depuis, j’ai adopté une méthode : je prends des notes sur tous les films que je vois au cours de l’année, en tenant compte des catégories de César. Pour ceux que j’ai ratés, je regarde le DVD ou j’assiste à une projection. Et là encore, je prends des notes.

La deuxième partie de l'entretien : "Aux César, je ne m'interdis rien".


Anderton

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