En salles : Si ce n’est pas le premier "ultime long-métrage" de l’irréductible Hayao Miyazaki, qui annonce sa retraite depuis déjà quelques années, il est difficile de regretter ce dernier opus. Le réalisateur japonais surprend encore : d’un onirisme et d’une fraicheur vivifiante, Le vent se lève est un hymne aux rêves et à l’espoir, qui émeut sans lourdeurs, ni fioritures.
Jiro Horikoshi est fasciné par les avions depuis son enfance. Conservant toute la fraicheur de sa passion d’enfant, il devient ingénieur aéronautique, et construit les premiers avions de chasse japonais, dont le Mitsubishi A6M, le "Chasseur Zéro". Le vent se lève raconte le rêve naïf et passionné des hommes qui veulent toujours s’élever plus haut. En s’inspirant de deux personnages historiques pour créer Jiro, l'ingénieur en aéronautique Jiro Horikoshi et le romancier Tatsui Hori, Miyazaki construit le fil conducteur du film et la psyché de son personnage : le rêve face à la réalité, qui tente encore et toujours de s’y adapter, sans pour autant jamais y réussir entièrement.
Comme sa musique, le film est à la fois profondément triste et d’une beauté à couper le souffle. Pour parler du rythme, François Truffaut déclarait qu’un film "était comme un grand train dans la nuit". Trains, avions, Le vent se lève relève le pari d’une narration relativement lente, mais qui ne s’épuise pas, en avançant tantôt à la cadence du rêve, tantôt à celle de la réalité. En revenant à cette fascination première de l’homme et son goût pour l’impossible, Miyazaki redécouvre la dimension romantique de la machine.
Des hommes et des avions
Encore centré sur une thématique écologique, où la nature et les inventions techniques de l’homme sont mises en parallèle, le réalisateur échappe toutefois à toute redondance ou message moralisateur. Au contraire, en s’immisçant dans la psyché du personnage principal, il montre comment, au détriment de la guerre et de la destruction, Jiro tente de réaliser son rêve : construire "de beaux avions".
En se concentrant ainsi sur des personnages historiques, parmi lesquels on compte Jiro, l’ingénieur italien Caproni et l’allemand Hugo Junkers, Miyazaki ancre la narration dans un contexte réel, ponctuée par différents évènements comme le tremblement de terre de 1923, l’entrée du Japon en guerre, ou la tuberculose. Plus réaliste, le film n’en ressort que plus fort, car mieux structuré que les précédents. Les scènes oniriques prennent plus d’ampleur, d’émotion. En concentrant ainsi le rêve voire le fantastique autour du thème de l’aviation, il construit une réalité alternative à celle que nous connaissons. Plus que des machines, les avions deviennent des êtres vivants qui respirent, vibrent, se gonflent, et se distordent au rythme de l’imaginaire de l’homme. L’animation apporte ainsi un caractère vibrant à l’image, toujours en tension, où les représentations du réel semblent à toute moment prêtes à voler en éclat.
Si tant est que Miyazaki se retire pour de bon de la scène artistique, il nous livre avec Le vent se lève, un bon témoignage de la passion et du fantastique de l’homme, en laissant place aux rêveurs pragmatiques que sont les passionnés du ciel.
Anouk
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