mercredi 15 avril 2015

Gaumont 120 : Jean-Paul Salomé et La Folie des grandeurs - INTERVIEW


Artistes : Scénariste, réalisateur (Je Fais le mort, Les Femmes de l'ombre, Arsène Lupin...), Jean-Paul Salomé est depuis 2013 le président d'uniFrance Films, l'organisme chargé de promouvoir le cinéma français dans le monde. A l'occasion du 120e anniversaire de Gaumont, marqué par une grande exposition, Cineblogywood lui a demandé s'il avait été particulièrement marqué par un film produit par la firme à la marguerite. Direction la puerta del sol !



Cineblogywood : Y a-t-il un film Gaumont qui vous a particulièrement marqué ?

Jean-Paul Salomé : Je vais remonter dans mes souvenirs de jeune spectateur - à douze ans, c'est l'âge auquel j'ai commencé à aller au cinéma frénétiquement. Mes cinémas de prédilection n'étaient pas des cinémas Gaumont mais le Pathé de Champigny et l'Artel de Nogent et j'ai le souvenir d'y avoir vu La Folie des grandeurs [sorti en 1971, NDLR]. On est alors en pleine période 'Alain Poiré présente', dans la grande tradition des comédies à la française. Gérard Oury est à son zénith, Louis de Funès et Yves Montand aussi. Pareil pour Michel Polnareff. C'est un ensemble qui pouvait paraître hétéroclite mais ça a donné un film qui vieillit plutôt bien. Certes, il y a un texte derrière, puisque c'est une adaptation fantaisiste du Ruy Blas de Victor Hugo.
 
Le film s'inscrit aussi dans une sorte d'âge d'or de la coproduction européenne. La Folie des grandeurs est une coproduction franco-italo-allemande et cela s'en ressent jusque dans le casting. Le tournage s'est déroulé en Espagne... C'est d'ailleurs assez synchro avec ce que fait Sergio Leone à l'époque, qui tourne ses westerns en Espagne avec des acteurs américains et italiens. Ces coproductions européennes faisaient que ces films avaient les moyens de leurs ambitions, tant au niveau du décor ou des costumes que du casting. C'était des comédies populaires et en même temps de vrais films, pas comme aujourd'hui, certaines comédies romantiques à deux balles tournées dans un appartement sur un canapé.
 
Quel regard portez-vous sur la Gaumont d'aujourd'hui ?

Après Poiré, dans un genre très différent, il y a eu la période Toscan du Plantier, avec les opéras, les films de grands cinéastes...Et depuis plusieurs années, Gaumont a la volonté de se réinvestir dans la production, et pas seulement dans des comédies à la Poiré. Ils ont produit beaucoup de films différents, dont pas mal de premiers films faits par de jeunes réalisateurs. Ils ont aussi investi sur des films qu'ils cofinancent aux Etats-Unis [notamment un accord avec The Weinstein Company, NDLR]. Cette diversité est illustrée notamment par Grace de MonacoLes Garçons et Guillaume à table !, Respire... Sans compter que leurs vendeurs internationaux sont parmi les meilleurs du marché. Le revers de cette envie tous azimuts d'aller dans plusieurs directions, c'est que cela peut donner l'image d'une production tâtonnante, un peu confuse. Mais enfin, on ne peut pas leur en faire reproche. Gaumont fait partie des sociétés qui illustrent le mieux la diversité de la production française. 
  
Découvrez également le témoignage de Frédéric Krebs, directeur marketing des Cinémas Pathé-Gaumont, et de trois journalistes.
Anderton



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