mercredi 20 janvier 2016

Ettore Scola : nous l’avons tant aimé… VIDEOS

Artistes : Avec la disparition d’Ettore Scola, à 84 ans, c’est la comédie italienne qui perd le dernier de ses géants, après Dino Risi, Mario Monicelli ou Luigi Comencini. Retour en vidéos sur les principaux films de sa carrière.


 
Issu du journalisme et de la BD, comme Fellini, Ettore Scola commence sa carrière comme scénariste – Le Fanfaron, c’est lui ! – avant d’aborder la mise en scène. Peintre au vitriol des travers de la société italienne, il se passionne pour l’histoire et les grands mouvements sociétaux. Pour autant, il n’hésite pas à revenir vers le psychologique et l’intime, afin d’y percevoir les ondes de l’Histoire s’y propager. A partir de dispositifs scénique et chorégraphiques, Scola se veut le peintre de sociétés en évolution, et dont il se plaît à brosser les travers, avec tendresse et acidité.
 
Tous les acteurs de sa génération sont passés sous ses projecteurs – Mastroianni, Gassman, Sordi, Tognazzi, Loren, Sandrelli, Vitti, sans oublier, co-productions oblige, nombre d’acteurs français, Blier, Trintignant, Noiret, Fanny Ardant notamment. Ses deux plus belles réussites resteront incontestablement Une journée particulière (1977), revenue bredouille de Cannes, avec le couple mythique Sophia Loren-Marcello Mastroianni, et surtout Nous nous sommes tant aimés (1974), chronique générationnelle et fleuron de la comédie italienne, doublée d’une réflexion sur l’amitié et le temps qui passe. Après l’apogée des années 70 et 80, sa carrière s’essouffle peu à peu, avant de connaître un regain d’inspiration au tournant des années 2000, même si elle ne retrouve pas son aura d’antan.

Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? (1968). Mais quel titre !! Petit bijou de la satire à l’italienne sur le néo-colonialisme économique, sorti en France 10 ans après, avec un couple de comédie grinçant à souhait, Alberto Sordi et Bernard Blier.
 

Drame de la jalousie (1970). Prix d’interprétation masculine à Cannes pour ce film à la De Sica dans lequel Marcello Mastroianni en maçon casse son image de latin lover, face à Monica Vitti et Giancarlo Giannini. Le film de la reconnaissance, pour Scola.

La plus belle soirée de ma vie (1972). Adaptation d’une pièce de Durrenmatt dans laquelle Alberto Sordi se trouve hébergé le temps d’une panne de voiture dans un château habité par une brochette d’octogénaires - Pierre Brasseur, Claude Dauphin, Charles Vanel, Michel Simon – qui dressent littéralement le procès de son existence. Comédie italienne mâtinée d’étrangeté à la Kafka, à redécouvrir.
 

Nous nous sommes tant aimés (1974). Récit d’une amitié masculine sur 30 ans, de la Libération aux années de plomb, dominée par un Gassman impérial. On n’est pas près d’oublier le saut dans la piscine de Gassman, ni les larmes de Stefana Sandrelli dans le photomaton. "Nous voulions changer le monde, et c’est le monde qui nous a changés"...
 

Affreux, sales et méchants (1976). La comédie italienne à son apogée : satirique, hénaurme, grinçant. Indémodable. Infaisable aujourd’hui, car trop impolitiquement correct. Le Père Noël est une ordure lui doit beaucoup. Prix de la mise en scène à Cannes.

Les Nouveaux Monstres (1977). Personnellement, je considère le sketch qu’il signe, Comme une Reine, comme son chef d’œuvre.
 

Une journée particulière (1977). Son chef d’œuvre ? En tout cas, l’état de grâce total pour cette journée du 8 mai 1938, au cours de laquelle deux parias du régime fasciste, un homosexuel et une femme au foyer, vont se découvrir dans un immeuble vidé de leurs habitants pour applaudir Hitler et Mussolini. Sublime photo sepia de Pasqualino de Santis.
 
La Terrasse (1980). Chronique désabusée sur l’intelligentsia de gauche aux prises avec la cinquantaine. Le film de la crise, économique et existentielle. Brochette d’acteurs au top – Mastroianni, Gassman, Trintignant, Tognazzi, Reggianni. Prix du scénario à Cannes.
 

Passion d’amour (1981). Etrange récit que cette idylle entre un splendide officier et une femme laide, dans une garnison du Piémont. Casting de luxe – Bernard Giraudeau, Jean-Louis Trintignant, Bernard Blier, Laura Antonelli – pour cet opéra en sourdine.
 

La Nuit de Varennes (1982). Le film Gaumont période Toscan du Plantier par excellence : un sujet emprunté à l’Histoire, reconstitution de luxe, casting ébouriffant, si possible européen – Mastroianni, Barrault, Brialy, Keitel, Schygulla, entre autres – avec dispositif de mise en scène. Peut-être atteint-il là ses propres limites.
 

Le Bal (1984). A partir d’une pièce du théâtre du Campagnol, Scola reconstitue 50 ans d’histoire de France à travers un dancing. Sans paroles, le film se concentre sur la chorégraphie. Splendide photo de Ricardo Aronovitch. César mérité du meilleur film en 1983, ex aequo avec A nos amours, et César du meilleur réalisateur pour le cinéaste.
 

Macaroni (1985). Un peu oublié dans sa filmo, c’est pourtant un formidable buddy movie napolitain, avec un couple de génie, Jack Lemmon et Marcello Mastroianni. Qui le rééditera ?

La Famille (1986). Magie et élégance d’une mise en scène qui reconstitue 80 ans d’histoire italienne à travers les rituels d’une famille romaine résidant dans le même appartement, dans lequel règne en maître Vittorio Gassman, accompagné de Stefania Sandrelli. Fanny Ardant et Philippe Noiret rejoignent le petit théâtre Scola.
 

Quelle heure est-il (1989). Petite musique de nuit pour ce récit des retrouvailles mélancoliques entre un père et son fils, à forte tonalité autobiographique. Inoubliable duo Mastroianni-Massimo Troisi. Double prix d’interprétation à Venise.
 

Splendor (1989). Chronique d’un cinéma italien, de son âge d’or à sa transformation en centre commercial, menée par Mastroianni et Massimo Troisi. Si la nostalgie y est bien présente, c’est surtout un parfum d’amertume que l’on y décèle. A eu le tort de venir juste après Cinéma Paradiso, sorti quelques mois plus tôt.

La Gente di Roma (2008). Très jolie chronique sur Rome, ses habitants, leurs travers, le temps d’une journée, des éboueurs du petit matin jusqu’à la tombée de la nuit.
 


Comme il est étrange de s’appeler Federico (2013). Son dernier film en forme d’hommage à son maître, au cinéma italien, et au cinéma tout court, qui s’achève sur un plan de toute beauté. Une ode resplendissante au cinéma.
Nous en avions parlé ici.
 
Travis Bickle
 

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