Buzz : Un bilan, ce sont aussi des (re)découvertes, des joies de lecture, bref, le cinéma, quelle malle aux trésors inépuisable ! Retour sur 10 moments marquants de 2015, résumés en 3 rééditions, la Cinémathèque, une maison d’édition, et 3 cinéastes.
Le Conformiste : parce qu’il permet de remettre Bernardo Bertolucci sur le devant de la scène, avec son meilleur film, dans une copie sublime, qui rend hommage aux couleurs de Vittorio Storaro.
The Rose : parce que Bette Midler, parce que Vilmos Zsigmond, parce que Mark Rydell, parce que Lost Films, qui accomplit un boulot de rééditions impressionnant (après Du silence et des ombres, La Fille de Ryan et Seconds)
Rocco et ses frères : parce que... Faut-il vraiment le rappeler ? En tout cas, en cette année où Alain Delon fêtait ses 80 ans, il n’y avait peut-être pas plus belle occasion que de rappeler l’incroyable charisme de l’acteur, magnifié par la caméra de Visconti.
Francis Ford Coppola en master class : le 31 janvier 2015, le réalisateur d’Apocalypse Now livrait une magistrale master class à la Cinémathèque française. Au cours de laquelle le cinéaste, finalement aux antipodes de son image de dictateur ou de gourou, a fait preuve d'une belle lucidité - "J'ai perdu Zoetrope à cause de ma stupidité"-, d'une magnifique foi en l'avenir, et d'un humour sur lui-même inattendu. A l'instar de cette belle anecdote qui concerne encore une fois le tournage du Tombeur de ces dames, de Jerry Lewis.
Expo Antonioni : de toutes les expositions proposées par la Cinémathèque française depuis cinq ans – Kubrick, Demy, Almodovar, Langlois, et même Truffaut – c'est la plus réussie. En raison de la plasticité des centres d'intérêt d'Antonioni, de la richesse et de la curiosité dont il a toujours su faire preuve à l'égard des autres formes d'expression artistique, du monde qui l'entourait, et des êtres qu'il fréquentait. Splendide réussite.
Rétrospective Philippe de Broca : belle idée de la Cinémathèque de Paris que d’avoir mis à l’honneur l’un des cinéastes français les plus injustement mal connus du cinéma français ! Redécouvrez ici notre ABCdaire consacré au réalisateur de L’Homme de Rio et du Cavaleur.
Playlist Society : se lancer dans l’édition d’ouvrages de cinéma, chapeau ! Playlist Society repose sur un modèle original qui combine support papier et support numérique, pour des monographies percutantes sur Terrence Malick et Michael Mann. On attend la suite avec impatience.
Francesco Rosi : décédé le 7 janvier 2015, son œuvre irrigue secrètement une partie du cinéma contemporain. Cinéaste engagé au sens noble du terme, il manque au cinéma et au débat public. Comme le rappelle Michel Ciment, "Son œuvre ne cherche pas à nous faire oublier lâchement la nuit qui nous entoure. (…) Au cœur des ténèbres, elle apparaît plus que jamais à nos regards comme un infracassable noyau de lumière".
Louis Malle : 20 ans après sa disparition, s’il ne suscite pas encore tout l’intérêt qu’il devrait, le cinéaste connaît un véritable regain : éditions DVD-BR chez Gaumont, hommage au cinéaste dans sa demeure du Quercy au Coual à l’été 2015. S’il fallait vous convaincre de l’importance du cinéaste, parcourez notre dossier. Ou procurez-vous l’énorme biographie que lui a consacrée Pierre Billard chez Calmann-Lévy.
Miklos Jancso : décédé en 2014 dans l’indifférence générale, le cinéaste hongrois avait apporté du sang neuf au cinéma européen des années 60. Ses plans-séquences de folie, la mobilité incroyable qu’il donne à ses plans, son attention à la lumière et à l’éclairage, la force de son mixage qui allie sons naturels et post-synchronisation font du cinéaste un créateur de mondes, à l’instar d’un Fellini. Voilà qui devrait suffire à susciter l’admiration aujourd’hui. A quoi s’ajoutent la précision et la géométrie de ses plans, son souci d’agencer formes et architectures font de lui un équivalent au cinéma d’un Chirico en peinture ou d’un Buzzatti en littérature. Pas moins.
Travis Bickle
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire