En Blu-ray : StudioCanal propose une partie de son catalogue en éditions Blu-ray exclusivement disponibles à la Fnac. Parmi les pépites à (re)découvrir : Landru (1963) de Claude Chabrol, consacré au tueur en série qui fit disparaître onze femmes entre 1915 et 1919. Un film grinçant porté par la magistrale interprétation de Charles Denner.
Père de famille rigoureux mais peu présent dans son foyer, Henri Désiré Landru peine à gagner sa vie comme antiquaire. Profitant de la guerre, qui vide le pays de ses hommes, il décide alors de séduire des veuves et femmes seules via des petites annonces publiées dans le journal afin de mettre la main sur leur pécule. Les dames tombent sous le charme de ce petit homme sensible et bien éduqué, qui leur promet une nouvelle vie dans une belle maison à la campagne. C'est en ce lieu bucolique que Landru assassine ses fiancées, dont il fait disparaître les corps (bande-annonce OCS).
Grand pourfendeur de la bourgeoisie et de ses simagrées, Chabrol nous présente un petit Monsieur a priori bien sous tout rapport. Mais le pater familias s'avère bien vite un escroc qui délaisse sans états d'âme femme et enfants. Poli comme il faut et cultivé, le serial killer n'a rien d'une brute épaisse. Ses motivations : le fric ! On regarde le film en imaginant à chaque plan, chaque réplique le ricanement du Claude, qui devait être tout heureux de dépeindre au vitriol ce qu'on appelle la Belle époque. Une époque de raffinement, qui évoque autant les scènes champêtres immortalisées par les Impressionnistes que les bals sous les dorures. Sauf qu'en 1914, les élites nationales envoient la jeunesse de France se faire hacher menue dans les tranchées. Le film est d'ailleurs entrecoupé d'images d'archives en noir et blanc sur le conflit, qui tranchent avec les couleurs éclatantes du film, dans les décors comme les costumes inspirés de Renoir ou Monet.
"Qui est vraiment le tueur en série ?", semble demander le cinéaste, qui n'épargne personne. Ni la famille, ni la patrie. Ni nos héros : Clemenceau et Mandel, interprétés respectivement par Raymond Queneau et Jean-Pierre Melville (!), sont prompts à utiliser l'affaire Landru pour détourner l'attention de l'opinion du Traité de Versailles et de la difficile sortie de la guerre. Et le cinéaste de proposer une mise en scène primesautière et allègre. L'ironie des plans et des situations fait de ce portrait d'un monstre une sorte de comédie grinçante. Les meurtres de Landru ne sont pas montrés ; en revanche, Chabrol prend un malin à montrer la cuisinière (dans laquelle ont fini les restes des victimes), puis la fumée qui s'échappe de la cheminée (habemus victimam !) et enfin, les voisins anglais qui ferment leur fenêtre, incommodés par l'odeur qui se répand dans l'air.
Raymond Queneau joue Georges Clemenceau et Jean-Pierre Melville, Georges Mandel |
"Qui est vraiment le tueur en série ?", semble demander le cinéaste, qui n'épargne personne. Ni la famille, ni la patrie. Ni nos héros : Clemenceau et Mandel, interprétés respectivement par Raymond Queneau et Jean-Pierre Melville (!), sont prompts à utiliser l'affaire Landru pour détourner l'attention de l'opinion du Traité de Versailles et de la difficile sortie de la guerre. Et le cinéaste de proposer une mise en scène primesautière et allègre. L'ironie des plans et des situations fait de ce portrait d'un monstre une sorte de comédie grinçante. Les meurtres de Landru ne sont pas montrés ; en revanche, Chabrol prend un malin à montrer la cuisinière (dans laquelle ont fini les restes des victimes), puis la fumée qui s'échappe de la cheminée (habemus victimam !) et enfin, les voisins anglais qui ferment leur fenêtre, incommodés par l'odeur qui se répand dans l'air.
Au four et au malin
Quant à Landru, il est incarné par un Charles Denner méconnaissable, transfiguré. Alternant sa voix nasillarde et l'expression ampoulée d'un vieux sociétaire de la Comédie française, le comédien déclame le sublime dialogue de Françoise Sagan et campe un personnage fascinant, à la fois délicat et roublard, désabusé et un brin anar, plein d'esprit et traversé par des accès de spleen digne de la poésie baudelairienne, qu'il aime à citer. Un décadent à l'ère du chaos. Inoubliable composition.
Face à lui, Danielle Darrieux et Michèle Morgan incarnent des femmes fragiles et inconscientes tandis que Stéphane Audran joue à merveille une ingénue qui révèle toute sa sensibilité. Elle est fantastique. Egalement au générique : Mary Marquet, Mario David mais aussi Philippe Castelli et Pierre Vernier. Les plus vioques d'entre nous apprécieront. Il y a même Dominique Zardi et Henri Attal dans des rôles inhabituels de gendarmes ! A noter enfin que le jeune Claude Zidi est alors assistant caméraman sur ce film et d'autres réalisés par Chabrol (lire à ce sujet : Le cinéma français dévoilé par Claude Zidi).
Pas de bonus dans cette édition mais le film suffit amplement à notre plaisir. Et donne envie de replonger dans l'univers de cette sympathique canaille de Claude Chabrol.
Anderton
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