En DVD et Blu-ray : En cette journée pluvieuse, qui nous rend maussades, il n'y a qu'une chose à faire : sortir les parapluies... de Cherbourg ! Et ça tombe bien, Arte Editions a concocté un coffret Jacques Demy qui comprend Les Demoiselles de Rochefort, Peau d'âne et Les Parapluies de Cherbourg en versions restaurées. Trois gemmes colorées, aussi acidulées que vénéneuses, à (re)découvrir illico.
J'ai d'ailleurs une confession à faire. mieux : un mea culpa. Je n'avais jamais vu de films de Jacques Demy avant de recevoir ce coffret. Ah oui, j'entends vos cris de rage et d'indignation et je vous comprends. Comment expliquer ce trou monumental dans ma cinéphilie ? Par des préjugés, des idées reçues. De la bétise, en somme.
Mea Culpa
Pendant longtemps, les extraits des Demoiselles et des Parapluies que je voyais ici et là m'avaient rebuté de regarder les films. J'avais du mal avec les chansons -les mélodies, les paroles - et avec le côté pop, voire décalé des œuvres (et même WTF de Peau d'âne). Et pourtant, j'adorais les comédies musicales hollywoodiennes mais là, ça ne passait pas. Et puis, je n'étais pas fan de Catherine Deneuve, que je trouvais trop froide, pas bonne (oui, j'entends vos cris redoubler).
Puis ma sottise s'est estompée à mesure que mon amour du cinéma croissait, s'ouvrant à des univers nouveaux. je n'étais pas non plus insensible aux odes enflammées de certain(e)s de mes amis, qui portent Demy aux nues. John Woo est d'ailleurs un inconditionnel du cinéaste français et John Woo ne peut pas avoir tort ! Restait à sauter le pas. Finalement, ce coffret m'a donné l'occasion de combler une lacune.
Swing et pop
J'ai suivi l'ordre chronologique et glissé dans mon lecteur Blu-ray Les Parapluies de Cherbourg (1964). Le choc ! Enfuis, mes a priori. Je me prenais en pleine face une œuvre osée, tant dans la forme (il s'agit d'une "seule" chanson, sans temps mort, dont les airs sont autant de couplets différents ; toutes les répliques sont chantées) que dans le fond (une histoire d'amour sur fond de guerre d'Algérie, alors que le conflit s'est terminé à peine deux ans plus tôt). C'est beau, c'est fort. Je me suis laissé emporter. A peine le film terminé, j'avais envie de le revoir ! Prix Louis-Delluc 1963 et Palme d'or 1964 amplement mérités.
Même emballement pour Les Demoiselles de Rochefort (1966), un film volontairement plus joyeux que le précédent. Séquences parlées et séquences chantées sont alternées. Le réalisateur a voulu revenir aux fondements de la comédie musicale hollywoodienne - Gene Kelly et George Chakiris sont d'ailleurs au générique. Les couleurs explosent à l'écran : la vieille ville de Rochefort se réveille et prend des airs pop ! Enfin, Peau d'âne (1970). Adaptation du conte de Perrault dans un esprit très 70's, avec des hommages évidents à La Belle et la Bête de Cocteau, dans les décors comme dans l'emploi de Jean Marais.
Trois films, un monde
En trois films, Demy impose sa marque et son univers que ce coffret permet de bien appréhender. Histoires et personnages se répondent d'une œuvre à l'autre. Un fil rouge : l'amour. Ou plutôt, les amours contrariées. Demy s'affranchit des contraintes (tourner en extérieur alors que les caméras sont imposantes) pour proposer une mise en scène aérienne, virevoltante mais au service de l'action. Son entente avec Michel Legrand est telle que paroles et musique se complètent, s'enrichissent dans une même envolée. Legrand joue avec les notes, Demy avec les mots. Quelle maestria !
Les trois films ont pour vedette Catherine Deneuve. Elle est désarmante de naturel, tantôt mutine, tantôt grave. Tous les acteurs sont bons, d'ailleurs. Avec une mention pour Jacques Perrin, que l'on retrouve dans Les Demoiselles et Peau d'âne.
Arte Editions a mis le paquet : les films sont complétés par moult suppléments (un Blu-ray de bonus rien que pour Peau d'âne), qui éclairent l'œuvre du cinéaste, grâce aux images d'archives ainsi qu'aux témoignages d'Agnès Varda, de Catherine Deneuve, Jacques Perrin, Michel Legrand et bien d'autres. Bref, ne faites pas comme moi, ne passez pas à côté de ces grands films.
Critique réalisée dans le cadre d'un partenariat avec Cinétrafic : découvrez la fiche des Parapluies de Cherbourg, des Demoiselles de Rochefort et de Peau d'âne.
Anderton
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