lundi 30 juillet 2007

Serrault-Bergman, même combat ?

Artistes : Michel Serrault, Ingmar Bergman. Deux monstres sacrés du cinéma disparus à quelques heures d'intervalle. A priori, tout les séparait : Serrault était un clown (j'emploie ce terme à dessein car il avait beaucoup d'admiration pour ces saltimbanques), tantôt Auguste déconneur, excessif... hilarant (Le Viager, La Cage aux Folles, Le Miraculé, Préparez Vos Mouchoirs, Buffet Froid, Le Cri du Cormoran le Soir au-dessus des Jonques...) ; tantôt clown blanc, voire triste, tout en nuances, sobre... émouvant (Garde à Vue, Mortelle Randonnée, Docteur Petiot...). Bergman, lui, est assimilé à un cinéma exigeant, voire difficile d'accès, à mille années-lumières des rôles "grand public" de Serrault.
Pour autant, chacun à sa manière s'est attaché à décortiquer l'âme humaine, à pénétrer au plus profond des personnages pour en révéler leur vérité. Comme le précisait ce lundi le critique Michel Ciment sur France-Info, l'oeuvre du cinéaste suédois est caractérisée par la diversité : il a réalisé des films très épurés (Le Septième Sceau), des sagas (Fanny et Alexandre) comme des adaptations d'opéras (La Flûte Enchantée)... Le réalisateur était également un grand metteur en scène de théâtre.
Artistes multi-genres
Serrault aussi a usé ses souliers sur les planches, de La Cage aux Folles à Knock en passant par L'Avare. Il a aussi beaucoup oeuvré à la télévision, notamment au côté de Pierre Tchernia (Offenbach, adaptations des nouvelles de Marcel Aymé). De la télé, Bergman en a aussi beaucoup fait, notamment ces dernières années. Et puis, Serrault comme Bergman n'ont jamais cessé de travailler : le second jusqu'en 2003 (Sarabande), le premier jusqu'en 2006 (Pars Vite et Reviens Tard de Régis Wargnier). Bref, des artistes intégraux, ouverts mais exigeants.
Enfin, comme ce blog est largement consacré au cinéma américain, il est intéressant de noter que ni le comédien (à l'instar de Philippe Noiret), ni le cinéaste n'ont répondu aux sirènes d'Hollywood, si tant est qu'elles les aient jamais appelés. Et pourtant, leur influence s'y est fait sentir : Bergman est un dieu pour Woody Allen et il a inspiré de nombreux réalisateurs, jusqu'à Spielberg dans Minority Report. Quant à Serrault, il a d'abord marqué indirectement Broadway, où La Cage aux Folles a été adapté avant de l'être sur grand écran.
L'acteur concluait son émouvante autobiographie, Vous avez dit Serrault ?, en écrivant qu'il était impatient de retrouver Poiret et Carmet pour refaire les cons comme au bon vieux temps. Allez, va Michel, fous-toi à poil devant Saint-Pierre, ça le fera sûrement marrer.
Anderton

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