Buzz : Journaliste à Première, fondateur de Studio Magazine, réalisateur de documentaires et programmateur aux Fauvettes, Jean-Pierre Lavoignat est un touche à tout du 7e art. Autant dire que c'est un habitué du Festival de Cannes. Ses réponses à notre Questionnaire cannois (découvrez nos interviews) évoquent la projo rock'n'roll de The Wall, des pâtes partagées avec Catherine Deneuve, une fête qui vire à la baston et un noeud papillon.
Qu’allez-vous faire à Cannes ?
Y voir des films, y rencontrer du monde et animer des conférences de presse, dont celles du Sean Penn. Je vais également interviewer des acteurs et actrices pour le webmag de Dior - 8 millions de VU quand même. En plus, ce que je n’avais jamais fait avant, en tant que programmateur des Fauvettes, j’irai voir la sélection Cannes Classics. On reprendra la sélection Cannes Classics aux Fauvettes du 1er au 7 juin pour la première fois, avec Lyon et Bologne, Indochine, Howard’s End, le Tavernier, etc.
Combien de participations à Cannes ?
Depuis 1982, j’y suis allé tous les ans. Je n’ai jamais compté ;-) La toute première fois, c’était en 1977, avec Marc Esposito [lire son Questionnaire cannois]. Mais à l’époque, personne ne nous connaissait.
Qu’attendez-vous de l’édition 2016 ?
Le Sean Penn, le Nicole Garcia, le Xavier Dolan, le Jeff Nichols, plein ! Je suis ouvert et curieux. Je ne demande qu’à en découvrir d’autres.
Quel est votre plus grand plaisir ?
A Cannes, j’aime tout ! Sinon, je n’irais pas. J’y éprouve autant de plaisir qu’au premier jour. Ce que j’y adore, c’est le mélange : les films, les gens, le soleil et la fête. C’est plus cool maintenant : pas d’article à écrire, pas d’équipe à gérer.
Qu’est-ce qui vous énerve ?
Tous ceux qui disent : "C’était mieux avant !". Et ceux qui râlent tout le temps : qu’ils ne viennent pas, il y a tellement de gens qui rêvent d’y aller !
Votre plus beau souvenir ?
Il y en a plein ! Peut-être la projection de E.T. : on ne savait pas du tout quel type de film on allait voir. Quelle surprise, quel moment magique ! [lire : Cannes 1982, avec E.T., Spielberg bouleverse les festivaliers] Sinon, The Wall à minuit, dans le Vieux Palais : le son était tellement fort que les plâtres du plafond tombaient en particules, comme de la neige ! Et puis, il y a le plaisir de voir des équipes bouleversées par l’accueil. Lors de la projection de Dancer in the dark, la productrice a fait écouter à Lars von Trier les applaudissements de la salle par portable, alors que lui n’était pas présent : bouleversant. Mais je ne peux citer tous les moments qui m’ont marqués.
Qu’avez-vous dans votre valise ?
Mes affaires, plus un maillot de bain, plus un smoking. Et un nœud papillon : sans nœud papillon, on ne peut pas monter les marches ! On peut porter un costume lambda, mais si on n’a pas de nœud papillon, on ne monte pas les marches. Jean-Paul Gaultier a quand même été refoulé pour cette raison !
Avez-vous un truc pour tenir le coup ?
Du temps de Première et Studio Magazine, je consommais beaucoup de Guronzan ! Maintenant, le café et le champagne me suffisent.
Avez-vous le souvenir d’une fête en particulier ?
Les fêtes de Maurice Tinchant au début des années 80 étaient magiques : toujours très élégantes, très belles. Pour Première et Studio, on organisait beaucoup de fêtes. Sans trop se vanter, elles sont restées dans les annales du Festival : tout le monde venait. A l’époque, il n’y avait pas de portables, et nous, on ne faisait pas de photos. Juste à l’entrée, et encore ! Du coup, tout le monde restait, s’amusait, se lâchait.
En 1995, Studio était associé au film de Xavier Beauvois N’oublie pas que tu vas mourir. Catherine Deneuve présentait Le Couvent de Manoel de Oliveira. Je me souviens être allé chercher Catherine Deneuve à l’entrée de la villa, et je ne pouvais pas revenir tellement il y avait de monde ! Catherine Deneuve avait faim. Du coup, on s’est réfugié dans la cuisine, et on s’est préparé... des pâtes à 2h du matin. Et nous a rejoints l’un des acteurs fétiches de Cassavetes, Seymour Cassel ! Très beau souvenir.
Autre fête mémorable : celle du film de Kusturica, Underground, qui s’est terminée en baston sur la plage. Thierry Kliffa et moi avons évacué Carole Bouquet qui a vu survoler un seau à champagne à "ça" de sa tête ! Sinon, il y en a beaucoup d’autres. On faisait souvent nos fêtes à la fin du festival : comme on n’avait pas beaucoup de moyens, Canal nous donnait l’alcool qu’ils n’avaient pas bu ! Les portables ont changé la donne : le fait qu’il n’y avait pas de photos permettait aux gens de s’amuser et de se lâcher.
Pour quelles raisons reviendriez-vous à Cannes en tant que fan, pour des raisons extra-professionnelles ?
J’ai déjà rencontré tous les acteurs et réalisateurs que j’admire... C’est le propre des vieux cons ! Peut-être pour déjeuner en tête à tête avec Marlon Brando, s’il était en vie, Brad Pitt, Michael Fassbender ou Kristen Stewart !
Votre Palme d’Or préférée ?
Trop dur ! Apocalypse Now, Le Guépard, Le Messager. Ou Il était une fois en Amérique, s’il avait été en compétition. Un regret : que Tout sur ma mère ne l’ait pas eue.
Votre programme après le Festival ?
Dormir 2-3 jours, notamment dans le train du retour, et revenir aux Fauvettes pour préparer la programmation Cannes Classics : essayer de faire venir Régis Wargnier pour Indochine, Claude Lelouch pour Un Homme et une femme. On diffuse un mini-cycle Palmes d’Or aux Fauvettes à partir du 11 mai. Guillaume Canet viendra y présenter L’Epouvantail.
Travis Bickle
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