En salles : Comme mon invitation à la projo presse de Captain America Civil War a été détournée par le Baron Zemo (d'ailleurs, il détourne toutes mes invitations aux projos Disney/Pixar/Marvel/Lucasfilm, ce fumier), j'ai payé mon billet (et ceux de mes deux fils) pour aller voir le film des frères Russo au cinéma. Et je ne regrette absolument pas la vingtaine d'euros que j'ai filés à Marvel. Car Captain America Civil War balaie d'un coup de bouclier trois idées reçues sur les films de super-héros.
1) "Encore un film de super-héros ! Rien de nouveau !"
Que nenni, l'ami ! Poursuivant la réflexion abordée dans Captain America Le Soldat de l'hiver, Captain America Civil War inscrit le genre dans une réalité, celle d'un monde confronté à de multiples menaces, notamment terroristes, et place les super-héros face à leurs responsabilités. Sont-ils au-dessus des lois sous prétexte qu'ils combattent le mal et qu'ils veulent faire triompher la justice ? N'ont-ils aucun compte à rendre, quelles que soient les conséquences de leurs actions ? Chaque super-héros est amené à répondre à ces questions fondamentales et, au-delà, à faire un examen de conscience et à questionner sa propre morale, son code de l'honneur. "Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités", avait déclaré l'oncle Ben à Peter Parker/Spider-Man. Alors, pour éviter les excès et les dérapages, autant placer ce super-pouvoir sous la responsabilité d'une autorité suprême, transnationale, démocratique, comme l'ONU. Il y a ceux qui l'acceptent (la team Iron Man) et ceux qui le refusent (team Captain America).
Voici un scénario intelligent, adapté de Civil War, la brillante BD de Mark Millar mise en images par Steve McNiven, qui incite le spectateur à réfléchir lui-même aux conséquences de la guerre à tout prix contre la terreur, sujet ô combien d'actualité. La recherche du bien peut-elle être injuste ? Oh mais dis donc, voilà que Marvel fait réviser le bac de philo aux lycéens !
2) "Encore un blockbuster abrutissant qui enchaîne les séquences explosives"
Mais non, mon bon ! On ne va pas prétendre que Captain America Civil War pourrait être présenté au Festival de Cannes (encore que..., hors compétition) : c'est en effet un blockbuster, un popcorn movie, comme le disent les Américains qui n'ont pas honte de faire des films destinés à divertir. Et comme tout film de cette catégorie, CACW propose son lot de séquences spectaculaires. Oui, il y a de la castagne, des explosions, des courses-poursuites mais elles sont filmées et montées avec beaucoup de maîtrise par les frères Russo. C'est vif, nerveux mais cela reste "lisible" : pas de micro-plans enchaînés à toute vitesse ni de plans complaisants sur la même grosse explosion. Les séquences d'action, que le duo de réalisateurs n'a pas cherché à étirer jusqu'à l'écoeurement, s'inscrivent dans le cadre du récit, qu'elles contribuent à faire progresser, contrairement à ces blockbusters qui comblent leur vide scénaristique par des intermèdes explosifs. D'où un film bien construit, équilibré, où la tension grimpe crescendo. On prend autant plaisir à suivre l'évolution des relations entre les personnages que leurs affrontements spectaculaires.
3) "Encore des types en collants joués par des cabots !"
No way, José ! On l'a vu, le récit est porté par une réflexion que l'on peut qualifier d'ambitieuse pour ce genre de cinéma. Et elle ne peut tenir la route que parce que les personnages échappent à la caricature. Les "super" tombent le masque. Leurs questionnements, leurs inquiétudes, leurs remises en cause rendent plausible cette histoire. D'ailleurs, force est de constater que chaque héros (ou vilain) a le temps d'exister à l'écran. La dynamique de groupe joue à fond, sans effacer les individualités. Pas de frustration ! Certes, les leaders Captain America et Iron Man occupent le devant de la scène, mais leurs associés ne sont pas oubliés. Mieux, deux "nouveaux" super-héros - Black Panther et Spider-Man - sont bien mis en avant, jusque dans les fameuses scènes de générique de fin (lire la bonne analyse de Philippe Guedj). De quoi nous donner envie de les retrouver rapidement (et c'est bien l'objectif de Marvel Studios).
A l'instar de leurs personnages, les acteurs tiennent leur place. Chris Evans ne se laisse pas bouffer par la perfection de Captain America - ce qu'on pourrait appeler le syndrome Superman. Il parvient à lui donner l'humanité indispensable pour rendre sympathique ce super soldat parfois trop droit dans ses bottes. Quant à Robert Downey Jr, il évite de tomber dans la surenchère de cabotinage associée à Tony Stark. Et le reste du casting navigue habilement à la lisière du fun et du sérieux - pas de gros clins d'œil goguenards ni de regards pénétrés, comme c'est parfois le cas dans les films de super-héros. Tous sonnent justes, y compris les bizuths Chadwick Boseman et Tom Holland.
Vous l'avez compris, je ne suis pas loin de penser comme beaucoup que Captain America Civil War est l'une des productions Marvel les plus réussies à ce jour. Et j'aime à penser que les suivantes ne seront pas mal non plus.
Anderton
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