vendredi 19 mai 2017

Le Festival de Cannes d'Olivier Snanoudj (Warner France)

Buzz : Exploitants de cinéma et distributeurs de films... deux partenaires aux relations parfois compliquées. Olivier Snanoudj connaît bien ces deux univers, d'abord pour avoir travaillé au sein de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) puis, à partir de 2007, pour avoir pris en charge la distribution chez Warner France. Il a récemment été promu senior vice-president Distribution Cinéma au sein de la filiale du studio US. Forcément, sa vision du 7e art et du Festival de Cannes nous intéresse. Nous lui avons donc soumis notre Questionnaire cannois (découvrez les interviews). Où il est question de boulot, de pas d'alcool mais de fêtes quand même folles.




Qu'allez-vous faire à Cannes ?
Si Cannes est le plus grand festival de cinéma du monde, c’est aussi et avant tout le plus grand rendez vous professionnel mondial : il est légitime et indispensable d’y être ! J’y ai trois activités principales : la première est de représenter Warner, d’accueillir les executives du Studio, et le cas échéant les équipes de films, et donc de superviser la présentation d’un ou plusieurs films ; la deuxième est de participer au Marché du Film en tant qu’acheteur potentiel de droits de films pour la France. Cela implique de nombreux rendez vous avec les vendeurs internationaux, principalement lors de la première semaine. Enfin, ma troisième activité est de rencontrer les exploitants de salles de cinéma qui sont nos premiers clients.

Combien de fois avez-vous participé au Festival ?
Mon premier festival était le 50ème en 1997. Cette année, ce sera donc mon 21e Cannes.

Qu’attendez-vous de cette édition 2017 ?
Comme toute édition anniversaire, elle aura un caractère plus événementiel qu’à l’habitude. J’attends surtout beaucoup d’émotions de l’événement exceptionnel que nous organisons cette année [projection d'Impitoyable dans une copie restaurée, pour le 25e anniversaire du film de Clint Eastwood, NDLR].

Quel est votre plus grand plaisir pendant le Festival ? 
Il y en a plusieurs : tout d’abord, celui de découvrir des films dont on ne sait rien et qui peuvent nous cueillir et nous marquer ; ensuite, vivre une intense activité professionnelle dans une ambiance magique, très différente du reste de l’année compte tenu du climat et de l’environnement dans lequel nous évoluons. Comme prolongement de cela, c’est le plaisir pendant tout le Festival de débattre cinéma, parler cinéma, manger cinéma, boire cinéma... avec mes collègues et amis de tous horizons de la profession.

Qu’est-ce qui vous énerve le plus ?
Sans doute la propension qu’ont certains à s’énerver pour un oui ou pour un non, alors que nous sommes d’immenses privilégiés de pouvoir vivre notre passion intensément. Je ne suis pas, et j’espère ne jamais être, blasé de travailler dans le cinéma, quelles qu’en soient les difficultés ou les frustrations. Sinon, le racket encore trop pratiqué par les hôtels et les restaurants m’énerve aussi, car je le vois à travers le prisme d’une société américaine et cela donne une mauvaise image de la France.

Quel est votre plus beau souvenir ?
Une autre édition anniversaire, le 60e en 2007, car c’est au début de ce Festival que j’ai été engagé à la Warner et que j’ai vécu la quinzaine sur un petit nuage, conscient qu’une belle étape de ma vie professionnelle - à la Fédération des Exploitants - allait s’achever et qu’une autre allait débuter.

Qu’y a-t-il dans votre valise ?
Trop de choses ! Je ne sais pas voyager léger, mais pour Cannes, cela atteint un paroxysme : il faut deux tenues par jour, il peut pleuvoir ou faire très chaud et il faut aussi du matériel pour travailler...

Quel est votre truc pour tenir le coup pendant la quinzaine ?
Lors de mon premier festival, j’ai vite compris que mon intérêt n’était pas de faire la fête toutes les nuits, mais de profiter à plein de cette ébullition professionnelle et créative. Ma journée typique commence donc entre 9h et 10h le matin avec des rendez-vous ou du travail au bureau - on réalise aussi assez vite que le monde continue à tourner en dehors de Cannes ! -, déjeuner business à la Plage du Carlton, rendez-vous l’après-midi, retour rapide à la chambre pour enfiler le smoking et montée des marches à 19h suivie d’un dîner qui combine souvent l’amical et le professionnel. Je ne me couche pas tôt, généralement pas avant 2h du matin, mais je ne bois pas d’alcool ou très peu pendant tout le Festival.

Pour quel(le) artiste redeviendriez-vous un fan de base si vous le/la croisiez sur la Croisette ?
Bruce Springsteen !!! [Thierry Frémaux, grand fan du chanteur, devrait pouvoir faire quelque chose..., NDLR]
 
Votre fête cannoise la plus délirante, c’était où et quand ?
J’ai vécu quelques fêtes mémorables, dès ma première soirée cannoise en 1997 avec la fête du Cinquième Elément. Il y eu aussi celles de Matrix ou de Moulin Rouge. Côté français, Gaumont et Pathé, c’est à dire Nicolas et Jérôme Seydoux, organisent les fêtes les plus somptueuses et les plus raffinées : le dîner d’ouverture de Vatel ou la soirée Marie-Antoinette resteront dans toutes les mémoires; les fêtes d’Almodovar sont aussi parmi les plus chaleureuses.
Et puis il y a celles que j’ai contribué à organiser : avec Woody Allen pour Vicky Cristina Barcelona et Vous Allez Rencontrer un Bel et Sombre Inconnu, avec The Artist, avec Mad Max Fury Road, et surtout avec Baz Luhrmann pour Gatsby Le Magnifique, une fête comme on n’en faisait déjà plus à Cannes et qui était un délire sublime.




Quelle est votre Palme d’or préférée ?
Dans les vingt dernières années, probablement Le Vent se lève de Ken Loach. Si l’on remonte plus loin, Apocalypse Now de Coppola et All That Jazz de Bob Fosse.

Quel est votre programme après le Festival ?
Toujours très chargé à cette époque de l’année, mais il consistera notamment à préparer la sortie événement du Dunkerque de Christopher Nolan et organiser la troisième édition du Studio show, la Convention française des Studios américains, que nous avons créée avec mes camarades du Syndicat Franco-Américain du Cinéma [dont il est président, NDLR].


 Nous avons dû retailler la photo que nous a confiée Olivier Snanoudj mais la voici en intégralité : il est au côté de Damian Szifron, le réalisateur argentin des Nouveaux Sauvages, présenté en sélection officielle à Cannes 2014.


Suivez Olivier Snanoudj sur Twitter : @OSnanoudj


Anderton

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