En salles : Happy end, bien que revenu bredouille du Festival de Cannes 2017, est notre Palme de cœur. Qui tout en creusant le sillon entamé depuis Le Septième continent, témoigne d’un renouvellement formel qu’on n’attendait pas forcément de la part d’un cinéaste déjà palmé deux fois. Rencontre avec Philippe Rouyer, co-auteur d’un livre de référence d’entretiens avec le cinéaste autrichien, Haneke par Haneke, sur les enjeux du dernier film de Michael Haneke.
CINEBLOGYWOOD : En quoi Happy end s’inscrit-il dans le sillon de l’oeuvre de Haneke ? En quoi le renouvelle-t-il ?
Philippe Rouyer : Happy end reprend un maximum de thèmes et de motifs du cinéma de Haneke, que ce soit l’écran dans l’écran ou la composition par fragments, en les retravaillant dans le cadre du film de famille. Pour la première fois, il réussit à concilier construction en puzzle avec unité de temps, de lieux et d’action. À quoi il faut ajouter un goût de la farce plus marqué que dans ses précédents films.
Comment expliquer son accueil mitigé à Cannes ?
Déjà, les festivaliers ont été déçus de ne pas voir le film qu’ils avaient imaginé sur les migrants. Ni Haneke, ni sa production n’avaient annoncé que Happy end serait sur les migrants, mais du fait du tournage à Calais, beaucoup ont extrapolé et internet a contribué à entretenir la rumeur. Je pense aussi que les festivaliers ont été déroutés par ce goût de la farce qui ne colle pas avec l’image qu’ils avaient du cinéma d’Haneke. Et comme il s’agit de son premier film à ne pas proposer une grande scène choquante qui permette aux partisans et aux détracteurs de s’étriper, beaucoup n’ont pas su à quoi s’accrocher.
Déjà, les festivaliers ont été déçus de ne pas voir le film qu’ils avaient imaginé sur les migrants. Ni Haneke, ni sa production n’avaient annoncé que Happy end serait sur les migrants, mais du fait du tournage à Calais, beaucoup ont extrapolé et internet a contribué à entretenir la rumeur. Je pense aussi que les festivaliers ont été déroutés par ce goût de la farce qui ne colle pas avec l’image qu’ils avaient du cinéma d’Haneke. Et comme il s’agit de son premier film à ne pas proposer une grande scène choquante qui permette aux partisans et aux détracteurs de s’étriper, beaucoup n’ont pas su à quoi s’accrocher.
J’ajoute que le film a été programmé à un moment du festival où la fatigue commençait à se faire ressentir, alors que c’est un film qui est très exigeant. À Cannes, une personne sur trois avec qui j’en ai parlé, n’avait pas été assez attentive à l’ouverture filmée avec un smartphone et n’avait pas compris le personnage de la gamine. À l’inverse du cinéma de consommation courante, les films de Haneke ne répètent pas l’information deux ou trois fois au spectateur. Il faut même parfois que ce dernier mette du sien pour interpréter ce qu’on lui laisse entendre. Donc, il ne s’agit pas d’être distrait ou fatigué. Sinon, on peut facilement passer à côté.
Une sorte de film-somme, au titre ironique ?
Un film somme oui. Mais on ne peut pas le réduire à cela. C’est un film qui se réinvente presque à chaque séquence. Je suis sûr que dans dix ans, on considérera ce film comme une pièce majeure du cinéma de Haneke.
Un film somme oui. Mais on ne peut pas le réduire à cela. C’est un film qui se réinvente presque à chaque séquence. Je suis sûr que dans dix ans, on considérera ce film comme une pièce majeure du cinéma de Haneke.
Travis Bickle
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