En DVD et Blu-ray : Ils ont fait les beaux jours du cinéma de genre pendant près de 30 ans. Dans leurs ateliers, ils ont travaillé la glaise, le latex ou le métal pour donner vie sur grand écran à des monstres et autres créatures fantastiques. C'est à ces créateurs de génie que rend hommage le formidable documentaire Le Complexe de Frankenstein, disponible en vidéo.
Gilles Penso et Alexandre Poncet, le duo à l'origine du documentaire, avaient déjà frappé un grand coup en sortant en 2012 un premier doc intitulé Ray Harryhausen Le Titan des effets spéciaux. Gros succès critique et acclamation des fans. Alors qu'ils se trouvent à Hollywood, ils viennent projeter ce premier opus à ceux qu'ils ont interviewés pour le film, les "héritiers" du grand Ray. Lesquels leur font visiter leurs ateliers, dévoilant leurs créations - Aliens, Gremlins, Critters & co. Poncet filme tout. De retour en France, l'idée d'un nouveau doc prend forme : les compères présenteront les artistes qui ont inventé les monstres les plus cultes du cinéma.
Une fois de plus, la crème de la crème est interviewée : Rick Baker (Le Loup-garou de Londres, Thriller...), Phil Tippett (Star Wars), Matt Winston (le fils de Stan Winston, à l'origine de Terminator et des dinosaures de Jurassic Park), Chris Walas (Gremlins)... Ils évoquent le rôle des monstres, présentent leurs oeuvres, reviennent sur les tournages souvent épiques, évoquent les techniques qu'ils déploient. De la fin des années 70 à la fin des années 90, leur créativité est sans borne, l'innovation incessante. Dans ces hangars de Los Angeles, des équipes de sculpteurs et d'ingénieurs donnent naissance aux rêves les plus fous des cinéastes. Pour le plus grand bonheur du public.
Du latex aux pixels
Quelques films marquent des étapes déterminantes dans l'évolution du métier : avec Abyss (1989) puis Terminator 2 (1991), le digital prouve qu'il peut se substituer aux effets physiques. Un grand remplacement qui culmine avec Jurassic Park (1993). Bluffé par les essais que lui montre ILM, Steven Spielberg décide que ses dinosaures seront majoritairement conçus par ordinateur. Phil Tippett, alors chargé de créer des dinosaures miniatures animés en go-motion (images par images, comme le faisait Harryhausen), en fait une dépression ! Dennis Muren, son confrère d'ILM responsable de la CGI, réussira à lui faire réintégrer la production. Car le T-Rex, les raptors et les autres reptiles préhistoriques seront finalement conçus aussi bien numériquement que physiquement. Mais l'immense succès du film provoquera l'agonie d'un artisanat considéré comme dépassé. Les pixels ont remplacé le latex.
Pour autant, Penso et Poncet ont interrogé des cinéastes qui persistent à vanter les monstres "IRL" : Guillermo Del Toro, John Landis, Joe Dante, Kevin Smith ou Christophe Gans ne se laissent pas aveugler par une sorte de nostalgie. Ils expliquent pourquoi les effets spéciaux réels ont encore leur place dans les films : ils apportent émotion et crédibilité. Comme le remarque Joe Dante, la CGI rend tout possible, à tel point que le public perd son émerveillement. Magnifique documentaire, un peu triste quand même.
Carlotta propose une belle édition Blu-ray et DVD collector avec un deuxième disque bourré de bonus : on visite les ateliers de Rick Baker et consorts, on découvre l'incroyable collection d'un fan belge de Gremlins, on écoute Christophe Gans parler avec beaucoup d'intelligence des monstres, on assiste à une formidable masterclass de Guillermo Del Toro - un cinéaste drôle, malin, geek parmi les geeks, débordant d'amour pour le cinéma, qui transmet sa passion avec gourmandise. Il résume bien l'affaire : "Le Complexe de Frankenstein est un film fait par des fans pour les fans". Pas mieux !
Anderton
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