mercredi 9 avril 2008

Le Flambeur, ou Dostoievski made in US

A la Télé : Les chaînes thématiques ciné, ça a du bon. Liberté de ton – Yannick Dahan et sa bande de dégénérés qui secoue le cocotier conformiste de la critique sur Ciné Frisson, Jean-Jacques Bernard ou Patrice Carré, toujours éclairés, souvent passionnants, systématiquement bienvenus et sans langue de bois – mais surtout, véritable coffre à trésors !
Dernier en date : Le Flambeur (The Gambler) de Karel Reisz. Karel, qui ? Cinéaste d’origine tchèque, émigré au UK, puis aux US, rare – à peine 10 films en 40 ans – donc cher, décédé en 2002. Vous le connaissez, au moins pour La Maîtresse du lieutenant français, qui a révélé en son temps Meryl Streep et Jeremy Irons – chapeau…
Le ciné US à son meilleur
Là, avec Le Flambeur, c’est la crème du ciné US des 70’s que vous recevez en pleine poire. Une grosse baffe, tranquille, sans esbrouffe - le ciné US à son meilleur. Sur un scénario dérangeant et masochiste du grand James Toback – qui réalise 2 ans plus tard Fingers (De Battre mon cœur s’est arrêté, en version made in Paris) et scénarise Bugsy de Warren Beatty, sur la création de Las Vegas – le cinéaste filme non la descente aux enfers d’un prof de littérature littéralement possédé par le démon du jeu sous toutes ses formes, mais sa survie.
Au quotidien. Avec sa famille. Ses amis. Sa copine. Ses étudiants. Ses bookmakers. Ses banquiers. Et sa conscience. Et c’est passionnant, souvent désolant. Et carrément flippant. Comme du Dostoievski, passé à la moulinette des 70’s.
James Caan fiévreux
Car cette trajectoire sur la fascination du risque et du danger est littéralement habitée par la prestation fiévreuse de James Caan (Sonny Corleone, Le Solitaire, Rollerball, Misery, The Yards, rien que ça…). Du coup, Le Flambeur transcende tous les films du genre (Kid de Cincinatti, L’Arnaqueur). Et quel plaisir de découvrir à ses côtés, dans de plus ou moins petits rôles, James Woods (on le présente ?!) en banquier psycho-rigide, M. Emmet Walsh (le privé visqueux de Sang pour sang), brun et mince ! – Burt Young, en pré-Paulie, version sadique. Sans oublier Antonio Fargas (Huggy les bons tuyaux !) dans une rôle bref, mais capital. Enfin, pour qui veut plonger dans les yeux verts de Lauren Hutton ou admirer sa superbe plastique, faites vos jeux...
Bref, du ciné US à son meilleur. Qu’attend donc la Paramount pour éditer cette perle introuvable en zone 2 ? Si vous loupez les quelques diffusions qui restent, précipitez-vous sur un autre film de Reisz, édité en DVD, lui : Les guerriers de l’enfer, 1979, avec Nick Nolte, sur le Vietnam. A côté, Platoon ressemble tout juste à une promenade bucolique au bois de Vincennes…
Travis Bickle

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