En salles : Tel son héros Barnabas Collins, Tim Burton allait-il sortir d'outre-tombe ? Car depuis La Planète des singes – Charlie et la chocolaterie mis à part – l'oeuvre du cinéaste s'engouffrait dans un rabbit hole interminable. Mais après avoir atteint le fond avec Alice, il semble revenir à nous, nous qui l'avons adoré pour ses chefs-d'oeuvre de la fin des années 90 – Edward aux mains d'argent, Ed Wood, Batman Returns, Mars Attacks. A défaut de totale rémission, Dark Shadows montre des signes évidents de convalescence de la part du cinéaste. Diagnostic en 7 points :
1 - C'est vrai, le pitch laisse craindre le pire – genre Famille Adams meets Les Visiteurs – en résumé, un vampire mi-gothique mi-romantique, qui tel Hibernatus, se réveille en pleines seventies dans son village ancestral, et objet d'une sombre malédiction... Mais si Burton peut continuer de lasser avec son fatras néo-gothique, il réveille l'attention grâce au regard acéré qu'il porte sur une Amérique quasi-contemporaine. Et surprise : les ressorts comiques de l'anachronisme s'intègrent bien à l'ensemble, car vite expédiés
2 - Sa direction artistique. Certes, Tim Burton se montre toujours obsédé par l'univers gothique d'Edgar Allan Poe et du style de la Hammer : atmosphère nocturne, personnages tourmentés et maudits, amours contrariées, décors flamboyants, etc... Force est de reconnaître qu'il est un des rares à pouvoir restituer cette atmosphère ténébreuse avec autant de flamboyance. Du moindre chandelier à la plus petite note de la partition de Danny Elfman, tout est absolument restitué. Mais s'il ne sombre pas dans l'académisme, c'est qu'il a incorporé de nouvelles thématiques – l'amour fou, cher à Burton – ou des motifs visuels venant scander la narration - les rochers battus par la mer. Ce qui redonne vigueur à son style et à son univers.
1 - C'est vrai, le pitch laisse craindre le pire – genre Famille Adams meets Les Visiteurs – en résumé, un vampire mi-gothique mi-romantique, qui tel Hibernatus, se réveille en pleines seventies dans son village ancestral, et objet d'une sombre malédiction... Mais si Burton peut continuer de lasser avec son fatras néo-gothique, il réveille l'attention grâce au regard acéré qu'il porte sur une Amérique quasi-contemporaine. Et surprise : les ressorts comiques de l'anachronisme s'intègrent bien à l'ensemble, car vite expédiés
2 - Sa direction artistique. Certes, Tim Burton se montre toujours obsédé par l'univers gothique d'Edgar Allan Poe et du style de la Hammer : atmosphère nocturne, personnages tourmentés et maudits, amours contrariées, décors flamboyants, etc... Force est de reconnaître qu'il est un des rares à pouvoir restituer cette atmosphère ténébreuse avec autant de flamboyance. Du moindre chandelier à la plus petite note de la partition de Danny Elfman, tout est absolument restitué. Mais s'il ne sombre pas dans l'académisme, c'est qu'il a incorporé de nouvelles thématiques – l'amour fou, cher à Burton – ou des motifs visuels venant scander la narration - les rochers battus par la mer. Ce qui redonne vigueur à son style et à son univers.
3 - Sa réalisation. Rien qu'en 2-3 mouvements – le prologue, qui se veut un condensé de toute l'oeuvre gothique du cinéaste en moins de 3 mn, (long traveling avant nocturne sur le port de Liverpool au XVIIIème siècle sur voix off narrative) suivi d'un panoramique sur un train parcourant les paysages américains contemporains – on a saisi d'un seul trait la thématique du film : un voyage à travers l'espace et le temps. Ebouissant ! Dommage que l'ensemble de la réalisation reste "burtoniennement" pépère, malgré quelques morceaux de bravoure – l'étreinte entre Angélique et Barnabas, le final dans le manoir.
4 – Avec le regard qu'il porte sur la société contemporaine, le cinéaste retrouve une veine sarcastique et décalée, qu'il n'avait plus employée depuis Mars Attacks – à regret. Là, même si Burton frôle la ligne blanche – vision un poil réactionnaire des hippies ou de la société de consommation – Dark Shadows reste très drôle et très juste. Dommage qu'il ne travaille plus souvent cette veine, à l'image d'Edward aux mains d'argent ou de Mars Attacks.
4 - Le bestiaire burtonien : l'amour du cinéaste pour les freaks, les êtres contrariés et décalés trouve un écrin magnifique dans cette adaptation d'une série TV très populaire aux US, jamais diffusée dans nos contrées. Les habitants du manoir de Collinwood forment une tribu réjouissante : de Barnabas, vampire ressuscité, à la jeune nymphomane en passant par la maîtresse des lieux et son frère immature et égoïste, il dresse le portrait d'une famille pas vraiment modèle ! Dommage qu'il n'exploite pas suffisamment les pistes offertes par chacun des personnages et doive, faute d'un scénario totalement abouti, en laisser certains sur le carreau – notamment ceux incarnés par Johnny Lee Miller (Trainspotting) et Michele Pfeiffer (Batman returns).
5 - Johnny Depp, davantage Bela Lugosi-Boris Karloff que Buster Keaton. Là, moins monolithique que dans ses dernières apparitions chez les cinéaste, Johnny Depp trouve la juste mesure entre le minimalisme de son jeu et l'expression des sentiments. Au point qu'on ne sache par moment s'il s'auto-parodie ou non.
6 - Pour Eva Green, qui vole carrément la vedette à l'acteur fétiche du cinéaste. Depuis Catwoman, dans Batman returns, jamais personnage féminin chez Burton n'avait été aussi réussi. Vamp, sensuelle, féline et fragile, l'actrice, jusque-là peu habituée aux rôles de composition, est éblouissante. Et son destin tragique – magnifiquement sublimé par des effets spéciaux qu'il serait dommage de dévoiler ici – la fait entrer directement dans le panthéon des plus beaux personnages freaks du cinéma de Burton. A quand le spin-off, Tim ?
7 – Enfin, la BO : certes, le score de Danny Elfman est toujours soigné – donc, un peu ronronnant pour du Burton ! Mais il fait écho à des standards des 70's – Nights in white satin des Moody Blues,, You're the firts, the last, de Barry White, Crocodile Rock d'Elton John – ce qui lui évite de tomber dans le pastiche. Occasion pour Tim Burton de ressusciter un autre freaks des 70's : Alice Cooper, pour deux compositions d'anthologie !
Travis Bickle
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