En DVD et Blu-ray : La disparition récente de Gene Wilder a notamment permis de remttre à l'honneur, l'un de ses partenaires sur grand écran, le regretté Richard Pryor. Ce dernier est justement au générique d'une comédie rare, disponible depuis quelques semaines en vidéo chez Elephant Films : Car Wash.
Réalisé en 1977 par Michael Schultz, cette comédie quasi musicale respecte la règle des trois unités chère au théâtre classique français puisqu'il s'intéresse au travail des employés (unité d'action) de la dernière station de lavage à la main de voitures à Los Angeles (unité de lieu) pendant une journée (unité de temps). Sauf qu'ici, les alexandrins sont remplacées par les vannes que se balancent ces collègues majoritairement noirs, et des couplets de chansons soul et disco qui proviennent de la radio allumée en permanence.
Black and blue collars
Black and blue collars
Eponge ou aspirateur en main, les brothers frottent, nettoient et font briller les voitures sous l'oeil de leur patron blanc et de son fils, maoïste et maladroit. Chacun tient sa place dans l'équipe. Il y a un ancien taulard qui essaie de refaire sa vie, un converti à l'islam en guerre contre le pouvoir blanc (Bill Duke, le mercenaire qui se rase sans mousse dans Predator), un homosexuel qui ne s'en laisse pas compter (Antonio Fargas aka Huggie les bons tuyaux dans Starsky & Hutch !), deux danseurs qui s'imaginent devenir des stars à Hollywood, un fan de super-héros qui drague la serveuse du restaurant d'en face,un gros bonhomme qui ne se trimballe jamais sans sa radio mais aussi une sorte de Macadam Cowboy taiseux, un Latino et un Amérindien qui se chamaillent, la secrétaire blanche qui couche avec son patron...
Ajoutez à cela un vieux cireur de chaussures, une pute qui cherche à échapper au chauffeur de taxi (George Carlin) qu'elle n'a pas payé et vous avez un condensé de cols bleus made in America. Un petit monde en voie de disparition avec la mécanisation du métier. Comme une parabole sur l'Amérique industrielle. Toute cette humanité se charrie, se dispute, s'entraide, se confronte à des clients venus des beaux quartiers : la mère de famille blanche pas rassurée (Lorraine Gary, la femme du chef Brody dans Les Dents de la mer), le prédicateur noir plein aux as (Richard Pryor) accompagné de sa cour (les Pointer Sisters)... Des personnages marquants mais pas marqués, jamais caricaturaux.
Soul to soul
Ajoutez à cela un vieux cireur de chaussures, une pute qui cherche à échapper au chauffeur de taxi (George Carlin) qu'elle n'a pas payé et vous avez un condensé de cols bleus made in America. Un petit monde en voie de disparition avec la mécanisation du métier. Comme une parabole sur l'Amérique industrielle. Toute cette humanité se charrie, se dispute, s'entraide, se confronte à des clients venus des beaux quartiers : la mère de famille blanche pas rassurée (Lorraine Gary, la femme du chef Brody dans Les Dents de la mer), le prédicateur noir plein aux as (Richard Pryor) accompagné de sa cour (les Pointer Sisters)... Des personnages marquants mais pas marqués, jamais caricaturaux.
Soul to soul
Pas de grand récit donc mais de petites histoires, des tranches de vie souvent drôles, parfois touchantes. On ne s'attendait pas forcément à ça mais on est emporté. L'humanité des personnages les rend immédiatement attachants. Et la B.O., primée aux Grammy et au Festival de Cannes, est magistrale, produite par Norman Whitfield, avec des titres tels que I Wanna Get Close To You de Rose Royce, qui donne lieu à une très belle scène entre la serveuse exaspérée et son amoureux transi.
Car chaque morceau met en musique une situation qui se déroule dans la vraie vie ou sert à faire avancer le récit. Dans un bonus passionnant, Xavier Leherpeur indique qu'il s'agit d'un procédé inédit au cinéma. A mes yeux, George Lucas y avait déjà recouru dans American Graffiti (1973), mais de manière un peu moins marquée. Le critique de cinéma multiplie les anecdotes et pointe à juste titre l'originalité du film qui a été conçu au départ comme une comédie musicale. Il révèle également que le script est signé... Joel Schumacher (!) et que l'obscur réalisateur, Michael Schultz, est par la suite devenu une figure incontournable de la TV US, réalisant notamment plusieurs épisodes d'Ally McBeal, Felicity, Arrow et Black-ish entre beaucoup d'autres.
J'ai apprécié sa mise en scène, dynamique mais sans esbrouffe, centrée sur les personnages. On sent son regard bienveillant sur chacun d'entre eux. Il ne les juge pas, il comprend leur désespoir. Même le patron blanc n'a rien de l'horrible capitaliste raciste. Je ne peux m'empêcher de penser que Spike Lee a été influencé par Car Wash quand il a fait Do The Right Thing. Même si le film de Schultz est plus nuancé, moins militant mais finalement tout aussi politique. Et fun ! A découvrir d'urgence, je vous dis.
Anderton
J'ai apprécié sa mise en scène, dynamique mais sans esbrouffe, centrée sur les personnages. On sent son regard bienveillant sur chacun d'entre eux. Il ne les juge pas, il comprend leur désespoir. Même le patron blanc n'a rien de l'horrible capitaliste raciste. Je ne peux m'empêcher de penser que Spike Lee a été influencé par Car Wash quand il a fait Do The Right Thing. Même si le film de Schultz est plus nuancé, moins militant mais finalement tout aussi politique. Et fun ! A découvrir d'urgence, je vous dis.
Anderton
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