A voir sur Outbuster : Stefan et Toda ont un look approximatif, les cheveux longs et l'envie d'en découdre. Le skate vissé aux pieds, ils s'éprouvent mutuellement dans des défis filmés dont le nombre de visionnages sur youtube est proportionnel à la gravité des dégâts qu'ils s'infligent. Bref ils sont jeunes, serbes et insouciants...
Inséparables depuis leur plus tendre enfance (si tant est qu'on puisse qualifier de tendre une enfance passée à Bor, trou perdu dont l'existence n'est justifiée que par le cuivre qui court dans son sol), ils s'apprêtent à passer leur dernier été ensemble avant de quitter le Bor pour rejoindre le centre (ici je m'arrête pour que vous ayez le temps d'apprécier le jeu de mot). Ce dernier été, malheureusement, ne sera pas l'apothéose de leurs conneries vidéo-ludiques puisque l'avenir et ses responsabilités, sous les traits de Dunja, amie commune et plus si affinités, viendra contrecarrer leurs plans...
Tilva Ros n'est pas un film de plus sur le passage à l'âge adulte. Ce n'est pas non plus un drame social dans une contrée oubliée et dévastée par la guerre. Ce n'est pas enfin une comédie romantique dans laquelle des garçons chevelus draguent des filles tatouées. Pas seulement en tous cas. C'est surtout une chronique amère et intime sur les illusions d'une jeunesse gavée de réseaux sociaux et qu'on oblige à se projeter dans un avenir lointain alors qu'elle n'a que le degré d'attention d'un poisson rouge (7 secondes). Le fait que le lieu de cette chronique soit Bor, Serbie, est accessoire; elle aurait très bien pu se dérouler de la même façon à Bisbee, USA. L'important est la mise en scène d'une relation déclinante face un futur appréhendé avec anxiété... Anxiété devant laquelle l'impuissance de l'un nourrit la détermination de l'autre. Et Dunja, enjeu bien malgré elle de cette rivalité larvée, ne servira que de catalyseur à une prise de conscience que Stefan et Toda tentaient d'exorciser désespérément à coups de latte dans la gueule et autres joyeusetés sans filet.
Tilva Ros est un premier film mais un premier film sans les habituels effets de manche d'un réal en quête de reconnaissance. Nikolaï Lezaic filme avec sobriété une histoire universelle, sa mise en scène est entièrement au service des personnages et son aspect distanciée, presque froide, vient renforcer la puissance du propos. Le film aurait probablement gagné à être un peu plus court mais la découverte est belle et laisse un souvenir tenace. Peu de films sont capables de ces deux exploits :)
Sentenza
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