En VoD : Dans sa collection Ovni, qui regroupe des films uniquement disponibles en VoD et achat digital, Sony Pictures Home Entertainment propose à partir du 13 juin Marshall La Vérité sur l'affaire Spell. Un film historique, sur un procès, avec Chadwick Boseman dans le rôle principal. Le tiercé gagnant !
Le film de procès est un genre en soi aux Etats-Unis. Et populaire de surcroît, tant les spectateurs se passionnent autant pour l'affaire et l'enquête qui s'en suit que pour les audiences et les plaidoiries au tribunal. Marshall La Vérité sur l'affaire Spell ne déroge pas à la règle. Le Marshall en question, Thurgood de son prénom, est le premier Africain-Américain à avoir été nommé à la Cour Suprême, en 1967. Auparavant, il a travaillé de nombreuses années comme avocat pour le compte de la NAACP, l'organisation qui promeut et défend les droits civiques des Africains-Américains. Ses missions l'amenaient aux quatre coins des Etats-Unis pour défendre des noirs accusés injustement de crimes qu'il n'avaient pas commis. Le film s'intéresse à l'une des affaires qui lui a été confiée, en 1940 : la défense de Joseph Spell, un chauffeur noir accusé d'avoir violé la femme blanche de son patron. Même au Connecticut, où il est jugé, Spell encourt la peine de mort.
Le premier intérêt du film est de nous révéler l'incroyable destin de Thurgood Marshall et surtout sa quête incessante de la justice en terrain hostile, au Nord comme au Sud des Etats-Unis. Le deuxième est de nous montrer les techniques, et parfois les ruses, que l'avocat est obligé d'employer pour défendre ses clients. Pour l'affaire Spell, Marshall doit s'associer à un avocat local pour pouvoir plaider. Or le juge lui refuse le droit de parler dans la salle du tribunal ! Evidemment l'association avec Sam Friedman, un avocat de confession juive spécialisé dans les affaires liées aux assurances, n'a rien d'évidente. Et pour couronner le tout, Joseph Spell a beau clamer son innocence mais il est loin d'être un parangon de vertu.
Le film présente tous les ingrédients pour captiver les spectateurs. Du mystère, des rebondissements ainsi qu'une reconstitution soignée des années quarante. Pas uniquement pour les décors mais également pour le climat de l'époque, marqué par le racisme, la ségrégation et les inquiétudes liées à la montée du nazisme en Allemagne.
Chadwick boss man
Chadwick boss man
Le réalisateur Reginal Hudlin, dont on avait beaucoup aimé la comédie Boomerang (1992), avec Eddie Murphy, signe une mise en scène classique. La réussite du film tient, outre à son propos, aux interprétations des acteurs. Lesquels apportent l'humanité indispensable pour rendre le récit prenant, et même émouvant. Comme à son habitude, Chadwick Boseman crève l'écran. Pas besoin du costume de Black Panther pour imposer sa présence. Il choisit de ne pas faire de Thurgood Marshall une icône mais un redoutable technicien du droit. Un esprit brillant qui ne se laisse pas intimider.
Dans le rôle de Sam Friedman, Josh Gad fait passer tout le conflit moral qui ronge son personnage. Il ne veut pas de cette affaire et a du mal à travailler sous les ordres d'un avocat noir. Par petites touches, il révèle l'évolution de Friedman et sa prise d'assurance dans un procès inédit pour lui. Belle interprétation également de Sterling K. Brown, qui campe un accusé au comportement douteux et dont il exprime brillamment toute l'ambiguïté. Petit rôle mais intense de Kate Hudson (la femme du patron de Spell). Malgré le talent de James Cromwell et de Dan Stevens, le juge et le procureur paraissent plus caricaturaux, même s'ils incarnent aussi les représentants bien réels d'une Amérique Wasp intolérante. A noter aussi, la brève apparition de Jussie Smollett (Jamal Lyon dans la série Empire).
Instructif et prenant, doté d'un casting solide, Marshall La Vérité sur l'affaire Spell mérite d'être découvert.
Anderton
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