dimanche 6 mai 2018

Toni Servillo est-il un monstre ?

A lire : Toni Servillo est-il un monstre ? Oui, affirme Hélène Frappat. Rien à voir avec un quelconque comportement déplacé ou excessif. Avec Toni Servillo le nouveau monstre, publié aux éditions Séguier, la critique signe un ouvrage court mais dense consacré à l'art de l'interprète de La Grande Bellezza.


La référence du titre aux films de Dino Risi (Les Monstres - 1963 et Les Nouveaux monstres - 1977) n'est pas anodine. Analysant la filmographie de Toni Servillo, revenant sur ses expériences théâtrales, citant les écrits de l'artiste, Hélène Frappat affirme que ce dernier n'est pas un acteur, mais un monstre. L'acteur, quand il est bon, "nous fait croire à la réalité de sa fiction", donne "chair et vie" à son personnage, suscite un phénomène d'identification auprès des spectateurs. "Telle est l'une de ses fonctions, écrit l'auteure, l'acteur rapproche - la fiction de 'la vie', le personnage d'une personne." 

Monstrueux pouvoir

A l'inverse, le monstre "ne rapproche pas mais éloigne (...) il ne ressemble, ni ne rassemble". A Hollywood, on appelle ce type d'acteur, séparé du public par son "rayonnement mystérieux", une star ; en Italie, un monstre. "D'un monstre, poursuit Hélène Frappat, on ne retient d'ailleurs jamais un personnage, ni même un film, mais plutôt le film continu que la constellation de ses rôles dessine."

Le monstre est ainsi associé à une seule fonction, selon l'auteure. Et celle de Toni Servillo, c'est le pouvoir. "Il a interprété toutes les formes du pouvoir humain", qu'il soit frivole (La Grande Bellezza), violent (Gomorra, Une vie tranquille, Un Tigre parmi les singes), en mutation (Il Divo et Loro).

Condensée en une centaine de pages, l'analyse d'Hélène Frappat est très intéressante mais aussi exigeante. Elle risque de laisser sur le côté les lecteurs qui s'attendaient à une bio enlevée. Elle passionnera en revanche les cinéphiles les plus pointus.

Anderton


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