mardi 16 avril 2013

Les Gamins : 2 doigts dans l'acné, 2 doigts dans le culte


En salles : Cela fait 24 heures que je me sens comme un gamin. Depuis la projo des Gamins chez Gaumont. J'ai adoré cette comédie intelligente avec plein de gags cons comme je les aime. Je m'en explique en six points (d'acné).



1) 30 et 50 qui font 20 : une histoire ado-rable
Thomas le trentenaire qui hésite à se caser rencontre son futur beau-père, Gilbert le quinquagénaire qui déprime grave. Ensemble, ils piquent une crise... d'adolescence tardive et se mettent à faire les cons au détriment de leur vie de couple. Les situations sont hyper bien vues, les personnages attachants car crédibles et les dialogues sont brodés comme de la dentelle de Calais. Avec des dessins de bites dessus. Donc on se marre franchement et beaucoup. Lors de la projo chez Gaumont, bien souvent les rires empêchaient de profiter de toutes les vannes qui s'enchaînaient. Et ça, ça ne trompe pas sur le degré de poilade.

2) Chabat et Boublil s'embrasent sous l'Iggy
La réussite du film tient évidemment au duo hilarant constitué par Alain Chabat et Max Boublil. Ces deux-là s'entendent comme larrons en foire et la foire, ils la font souvent. On retrouve le Chabat de la grande époque : yeux qui pétillent, sourire goguenard, prêt à balancer une vanne ou à sortir sa bite pour la déconne. D'abord dépressif et bourru, Gilbert retrouve la flamme de ses vingt ans (l'étincelle dans le regard au supermarché, juste énorme) et bien vite le quinqua dégénère, au mépris des conventions et du bon goût. Jouissif. Face à lui, Max Boublil s'affirme en master tchatcheur tout en laissant apparaître la fragilité d'un jeune adulte qui n'a pas encore fait sa mue. Les deux personnages se cherchent et se trouvent, notamment grâce à Iggy Pop, au vin rouge et à l'épilation intégrale. Le plaisir des acteurs est palpable. Celui des spectateurs aussi.


3) Kiberlain et Bernier, une autre belle paire
Le binôme masculin aurait pu tout écraser sur son passage. Mais surprise, une deuxième paire se révèle : celle constituée par les femmes. Sandrine Kiberlain n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour nous faire marrer dans son rôle d'épouse fan de macrobio et d'engagement humanitaire. C'était casse-gueule car il y avait de quoi tomber dans la caricature ; or, jamais elle ne dérape. Parce que son personnage, elle le respecte. A ses côtés, dans le rôle de sa fille, Lola, l'amour de Thomas : Mélanie Bernier. Elle est juste craquante. Grands yeux bleus, sourire éclatant, timbre voilé, avec des courbes partout. Lola nous fait loler quand elle demande à son mec de lui faire l'acteur porno. Elle ira loin, Mélanie.

4) Strato-casting
Le reste du casting s'est mis au niveau du quatuor. Arié Elmaleh est top en fumier de l'industrie du disque, Alban Lenoir balance la purée (à tous points de vue) dans le rôle du rival presque parfait, Kheiron plie la salle en quatre dans le rôle du leader iranien qui veut parler français, François Dunoyer joue avec beaucoup de finesse un voisin modèle/chiant. Je passe sous silence quelques guest stars pour préserver l'effet de surprise... Et la révélation, c'est Thomas Solivérès. Thomas qui ? L'ado aux cheveux bouclés dans Intouchables, celui qui ramenait des croissants sous la pression d'Omar. En deux scènes, il nous faisait rire ; là, il éclate dans la peau d'un dealer des beaux quartiers. M'est avis qu'on va aussi le revoir souvent au cinéma, ce Thomas.

5) Un réal est né
Pour un premier film, Anthony Marciano met la barre haute. Il ne se contente pas de filmer des comédiens talentueux en train de dire des répliques hilarantes, il propose une mise en scène élégante, embellie par une photo soignée. On sent que les influences du bonhomme penchent davantage vers la comédie US (The Wedding Singer, les prods Apatow) que vers les grosses blagues hexagonales. Influence dans le fond comme dans la forme, donc, jusqu'à la B.O., sans faute de goût.

6) Dans le sillon d'Intouchables
Sans chercher à imiter, ni plagier Intouchables, Les Gamins présente quelques similitudes avec le film de Toledano et Nakache. Dans l'histoire : un jeune (r)éveille à la vie un "vieux" et tous deux s'enrichissent de leurs différences. Dans certaines scènes : l'arrestation par des flics un soir, une balade la nuit sur le périph comme un appel à la liberté... Dans l'image et la bande-son, aussi léchées l'une que l'autre. On est dans la même famille d'une comédie française renouvelée, moderne. Et drôle !

En tout cas, moi, je me suis marré et je n'étais pas le seul. Tout le mal qu'on peut souhaiter à Anthony Marciano, c'est de dépasser le million de spectateurs en salle. Ce serait mérité et en plus, cela l'obligerait à se plier à une jolie tradition chez Gaumont pour les réal de premier film ayant atteint ce nombre d'entrées : le tour de l'Arc de Triomphe à poil. Je suis sûr que Boublil et Chabat l'accompagneraient. Culs nus et rire gras, place de l'Etoile. Comme des gamins.

Anderton



Aucun commentaire: