Artistes : Casque capillaire sur la tête et grosses lunettes sur le nez, Thomas Solivérès s'est imposé au cinéma dans des rôles d'ados souvent bien comme il faut et pas sûrs d'eux. On l'a ainsi découvert comme souffre-douleur d’Omar Sy dans Intouchables ("le plumeau", les croissants, la barrette, c'est lui !) : en deux apparitions, il nous fait éclater de rire. Et voici qu'on le retrouve en dealer wesh du XVI face à Max Boublil et Alain Chabat dans Les Gamins et il est juste hilarant. Je suis fan !
Contact a été pris sur Twitter et Thomas a accepté de répondre à mes questions par téléphone. L'interview s'écoute en toute fin d'article mais le compte-rendu se lit juste ici. Où il est question d'impro, de puceaux, de poils et de coulisses des tournages d'Intouchables et des Gamins.
Cineblogywood : Peux-tu nous parler de toi : quel âge as-tu ? Comment es-tu devenu acteur ?
Thomas Solivérès : J’ai 22 ans. J’ai un grand frère qui est comédien, de théâtre principalement, et qui m’a poussé sur scène quand j’avais six ans. J’ai fait beaucoup de théâtre en amateur ; ensuite, il a monté une troupe professionnelle que j’ai intégrée. J’ai appris beaucoup comme ça, sans suivre de cours particuliers. Ensuite, vers 15-16 ans, je suis rentré en agence de pub et ça a très bien marché puisqu’en l’espace de deux-trois ans, j’ai fait 20-25 pubs. C’est comme ça que j’ai appris le travail à la caméra. Par la publicité, j’ai rencontré Eric Toledano et Olivier Nakache. J’ai fait une pub pour Castorama avec eux, on s’est très bien entendu et quand ils ont fait Intouchables, ils m’ont rappelé. Du coup, le fait d’avoir fait plein de pubs, j’ai rencontré un agent, il m’a envoyé sur des castings et voilà !
Cineblogywood : Au-delà des pubs, le public t’a surtout découvert dans Intouchables, même si en 2011, tu as joué dans L’Oncle Charles d’Etienne Chatiliez mais il a été un peu moins vu qu’Intouchables, je crois…
Thomas Solivérès : C’est ça, complètement ! [rire] C’est drôle parce que dans Intouchables, j’ai un petit rôle et ils ont fait 19,5 millions d’entrées en France alors que dans L’Oncle Charles, j’ai trente jours de tournage et manque de pot, on a fait 350.000 entrées. Donc là, j’espère qu’avec Les Gamins, vu que j’ai un petit rôle, on va au moins toucher les 10 millions [rire]. Pour le coup, je me demande s’il ne faut pas que je reste dans des petits rôles !
Cineblogywood : En même temps, c’est un rôle qui marque, quand même…
Thomas Solivérès : [pas convaincu] Ouais… Dans Intouchables ?
Cineblogywood : Ouais. Tu n’as pas ce sentiment-là ?
Thomas Solivérès : Ben ouais mais je ne sais pas si c’est mon physique, du coup, on s’en souvient… C’est comme ce qui s’est passé avec Les Gamins, c’est pas mal d’impro à la base, ce n’est pas du tout étoffé. Le directeur de casting, qui m’a vu dans Intouchables, m’a vendu le rôle d’Abelkader comme ça : c’est un rôle court mais très fort.
Cineblogywood : Comment s’est passé le tournage d’Intouchables ? On t’a laissé une certaine marge de manœuvre ou tout était très écrit ?
Thomas Solivérès : En fait, il y a une base écrite, c’est sûr, et ensuite, Eric et Olivier, ils travaillent beaucoup sur l’impro, ils changent beaucoup de choses sur le tournage en fonction des acteurs, je pense. Et Omar aussi est un bon client. Quand, à la sortie du lycée, il me met un petit coup de balayette, je pars en cavalant et il me dit de mettre une barrette : ça n’était pas écrit. Eric et Olivier se sont alors dits : "Attends, on va le faire revenir avec les croissants et on va lui mettre une barrette dans les cheveux". Et voilà, hop, c’est un petit gag qui a été rajouté. La même chose quand j’arrive avec les croissants et la barrette dans les cheveux, et que j’entends Omar, je pars en courant : ça n’était pas prévu.
Idem dans Les Gamins : je n’étais pas du tout prévu dans la scène qui se passe dans l’aire de jeux avec Max et Alain, c’est de l’impro. C’est Anthony [Marciano, le réalisateur, NDLR] qui a eu la sympathique idée de me dire : "Viens avec eux. Allez-y, déconnez, on laisse tourner la caméra, faites ce que vous voulez".
Idem dans Les Gamins : je n’étais pas du tout prévu dans la scène qui se passe dans l’aire de jeux avec Max et Alain, c’est de l’impro. C’est Anthony [Marciano, le réalisateur, NDLR] qui a eu la sympathique idée de me dire : "Viens avec eux. Allez-y, déconnez, on laisse tourner la caméra, faites ce que vous voulez".
Cineblogywood : Le fait de parler comme un jeune de banlieue, c’était du freestyle ou c’était très écrit ?
Thomas Solivérès : Non, là, c’était écrit. Il faut féliciter Max [Boublil] et Anthony [coscénaristes du film] : ils voulaient un jeune du "XVI" qui est dealer et qui, pour être crédible dans le milieu, se fait appeler Abdelkader. Mais le physique ne va pas du tout avec l’emploi. Après, il y a toujours des choses qui se rajoutent. Alain Chabat ets très dans l’impro, Max aussi. Tout cela étoffe un film. Les Gamins et Intouchables, ce sont des films qui ont vachement évolué pendant le tournage.
Cineblogywood : J’imagine que tu étais plus familier avec l’univers de Boublil qu’avec celui de Chabat…
Thomas Solivérès : Oui et non. Max, forcément toutes les chansons – Tu vas prendre, tout ça – ce sont des chansons que j’avais écoutées. Je n’ai pas vu son spectacle en revanche ; j’aimerais beaucoup y aller mais il a beaucoup de succès donc c’est compliqué d’aller le voir. Mais Chabat, je suis absolument fan. Les Nuls, même si ce n’est pas exactement de mon époque, il y a des trucs que j’ai vus et re-revus. La Cité de la peur, j’ai dû le voir au moins 25 fois… "Mais barrez-vous, cons de mimes !" [rire]. Et puis, Alain fait toujours les meilleures vannes, en soirée comme en interview. C’est la classe !
Cineblogywood : Dans Intouchables comme dans Les Gamins ou dans l’épisode très marrant de la websérie Post-coïtum, tu joues très bien un jeune homme des beaux quartiers pas sûr de lui. As-tu envie de continuer avec ce personnage, qui marche très bien, ou de faire autre chose ?
Thomas Solivérès : J’aime bien ces rôles de naïfs. Ce sont des mecs qui sont cools, gentils, un peu maladroits ; avec les filles, ils ne savent pas trop comment s’y prendre. C’est aussi un peu ce que je suis. J’ai fait une websérie que je recommande, qui s’appelle PuceauX : mon personnage s’appelle Alex ; la première fois, il ne sait pas trop comment s’y prendre, il a toujours son bonnet sur la tête, ses lunettes… ce genre de personnages, je les adore. Mais si un jour, on me demande de me raser les cheveux pour jouer un vétéran du Vietnam, je le fais grave, y a pas de souci. Même si pour l’instant, on me propose des rôles d’ados, de puceaux, et je le fais avec grand plaisir.
Cineblogywood : Même si tu ne peux plus mettre de barrette ?
Thomas Solivérès : Non, ça, c’est fini. Il y a marqué dans mon contrat : "Interdiction aux barrettes".
Cineblogywood : Tu fais plus jeune que ton âge, ça ne t’empêche pas d’accéder à certains rôles ?
Thomas Solivérès : Ce qui commence à arriver, c’est qu’on me dit que je suis trop mature pour faire un rôle de jeune de 16 ans.
Cineblogywood : Il va falloir te laisser pousser la moustache…
Thomas Solivérès : Alors, je vais devoir commencer maintenant et dans dix ans, j’aurais quelque chose [rire]. Parce que je n’ai pas du tout de poils, je suis imberbe total.
Cineblogywood : La conversation commence à me gêner un petit peu, je voudrais enchaîner…
Thomas Solivérès : Je suis vraiment désolé [rire].
Cineblogywood : Est-ce qu’on commence à te reconnaître dans la rue ? Il y a des gens qui t’appellent Abdelkader ou qui te demandent de ramener des croissants ?
Thomas Solivérès : Pour Intouchables, je ne m’attendais pas du tout à un engouement pareil. Bastien, "le plumeau", tout le monde m’appelle comme ça, encore maintenant. Dans le métro, j’entends toujours des jeunes ou des moins jeunes dire : "Vous penserez à m’apporter des croissants". Cela ne me gêne pas, ça me fait plaisir ; cela prouve que ce que j’ai fait les a fait marrer. Pour Abdelkader, comme le film vient de sortir, les gens ne me reconnaissent pas dans la rue, j’espère que ça viendra. Je reçois déjà des messages sur Twitter et Facebook.
Cineblogywood : Quels sont tes projets maintenant ?
Thomas Solivérès : J’étais dans la pièce Harold et Maude, avec Line Renaud. J’ai joué à Paris de février à juin 2012. Depuis janvier 2013, j’étais en tournée. Cela m’a un peu coupé de ce qui se passait sur Paris. J’ai des projets sympas qui arrivent, des séries, certainement des choses au cinéma, mais je ne peux pas en parler parce que rien n’est encore signé et je suis très, très superstitieux.
Cinebloblogywood : Tu as l’impression que les choses s’accélèrent pour toi ?
Thomas Solivérès : Je ne sais pas si elles s’accélèrent mais j’ai davantage de crédibilité dans le métier. Les gens disent : "Ah, lui, on l’a vu, il sait faire donc on peut lui faire confiance". La plupart des réalisateurs avec qui je travaille sont contents de ce que je fais donc j’espère qu’ils me rappelleront [rire].
Cineblogywood : Ne te fais pas avoir. S’ils te proposent 25.000 euros, n’en demande pas 20.000 ! [ceux qui ont vu Les Gamins comprendront]
Thomas Solivérès : [rire] C’est mon agent qui s’occupe de ça, elle sait !
Anderton
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