En salles : Deux ados à Naples. Oubliez la romance. Si Salvatore et Veronica se retrouvent ensemble, à l'abri des regards, ce n'est pas pour flirter. Salvatore a été contraint par un boss de la camorra de garder toute la journée Veronica dans un bâtiment à l'abandon. Pourquoi ? Il ne le sait pas, il doit juste obéir. Lui, le jeune homme timide est d'autant moins à l'aise que la prisonnière n'a pas sa langue dans sa poche.
Belle découverte que L'Intervallo : son réalisateur, Leonardo Di Costanzo, nous plonge au coeur du drame napolitain. Sans coup de feu, ni mare de sang. Et pourtant, la violence est omniprésente. Violence de la situation, violence des relations, violence des sentiments. Naples est une marâtre défigurée, à l'image du gigantesque site en ruine dans lequel les deux adolescents sont abandonnés à leur sort. A défaut de pouvoir s'en échapper, la friche devient un échappatoire à une réalité elle-même sans issue. La misère, l'oppression sont le quotidien. Dehors, c'est la guerre et il faut choisir son camp.
Seuls au monde
Sortant progressivement de leur mutisme, le geôlier et la captive se jaugent, s'affrontent, se rapprochent. Parlent, rient, se confient. Redeviennent insouciants pendant quelques heures. Quelques heures seulement. Car le boss de la camorra arrive à la nuit tombée...
Le film est criant de réalisme. Pas d'effet de mise en scène. Leonardo Di Costanzo crée une atmosphère étouffante par l'image (peu de mouvements de caméra, décors lépreux) et le son (le passage assourdissant des avions qui décollent de l'aéroport tout proche). Les jeunes acteurs, Alessio Gallo et Francesca Riso, des amateurs issus des quartiers populaires de la ville, apportent leur authenticité au sujet. Et leur parler cru, en dialecte napolitain. Une seule fois, Veronica parlera italien... lorsqu'elle s'imaginera participer à une émission de téléréalité. Rien de sordide pour autant, ni de complaisant : Di Costanzo aime ses personnages, tous deux victimes d'un système cruel. L'Intervallo est un beau film qui m'a touché par son propos et sa sincérité.
Anderton
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