A lire : La Dolce Vita, Le Fanfaron, Rome Ville Ouverte, Mort à Venise et tant d'autres... de la fin de la deuxième guerre mondiale aux années 70, le cinéma italien a connu une période d'une exceptionnelle vitalité, nous offrant chef-d'oeuvre sur chef-d'oeuvre. Dans Le cinéma italien appassionato, l'écrivain Georges Ayache revient sur ces années exceptionnelles. A Cineblogywood, où nous vénérons autant Fellini et Antonioni que Risi et Scola, nous n'avons pu résister à poser quelques questions à l'auteur.
Cineblogywood : quel est le film qui vous a rendu appassionato de cinéma italien ?
Georges Ayache : indéniablement, Nous nous sommes tant aimés d'Ettore Scola. Mais deux autres films, vus ultérieurement, auraient pu provoquer en moi un choc comparable : I Vitelloni de Federico Fellini et, bien sûr, Le voleur de bicyclettes, de Vittorio De Sica.
Diriez-vous que le néo-réalisme et la comédie italienne sont les deux faces d'une même médaille ?
En un sens oui, dans la mesure où chacun de ces deux genres raconte la même Italie, l’un sur un mode tragique et l’autre sur un mode plus léger : les deux cependant se rejoignant dans une évocation réaliste - à propos de comédie italienne, on a pu parler de "réalisme rose" - de la société italienne.
Qu'est-ce qui explique la formidable vitalité du cinéma italien de l'après-guerre jusqu'au début des années 80 ?
Fondamentalement, un besoin impérieux de liberté créatrice après plus de vingt ans de carcan fasciste. Des énergies se sont alors libérées et ont pu s’épanouir. Pourtant, cela n’aurait pu arriver s’il n’y avait eu une conjonction tout à fait unique de metteurs en scène de génie, d’acteurs emblématiques, de scénaristes de haut vol, de compositeurs de musique de film incomparables, voire de producteurs avisés n’hésitant pas à prendre beaucoup de risques.
Est-ce l'essor de la télévision à la Berlusconi qui a brisé cet élan ?
Certes, la multiplication des chaînes privées, avec leur logique mercantile et leurs techniques artistiques aux antipodes de celles du grand cinéma italien de l’âge d’or, peut expliquer ce freinage qui deviendra effondrement. Pourtant, il ne faut pas mésestimer un certain essoufflement créatif de ceux qui avaient pu incarner ce cinéma depuis l’après-guerre. L’époque change également et n’est plus celle de la reconstruction et de l’optimisme avec l’irruption des années de plomb et du terrorisme. Bien sûr, la créativité du cinéma s’en ressent.
Quels sont les films italiens qu'il faut impérativement avoir vus ? Et les pépites méconnues à découvrir d'urgence ?
Hormis ceux cités dans ma réponse à la première question : Les Amants Diaboliques, L’Avventura, Le Général della Rovere, Rome ville ouverte, Le Guépard, Identification d’une femme, Mort à Venise, Le Fanfaron, Amarcord, Une journée particulière, etc. Parmi les pépites un peu moins connues : Les enfants nous regardent et Il Signor Max (De Sica), Chronique d’un amour et La dame sans camélias (Antonioni), Voyage en Italie (Rossellini) ou encore La Carrière d’une femme de chambre (Risi).
Un ouvrage di passione
Tout est dit dans le titre : Le cinéma italien appassionato. C'est la passion qui anime autant les protagonistes du 7e art transalpin que l'auteur même de l'ouvrage, publié aux éditions du Rocher. Et Georges Ayache nous raconte dans un style très fluide la grande et les petites histoires des films italiens et de ceux qui les ont faits. Metteurs en scènes, acteurs, divas, producteurs, scénaristes, connus ou bien oubliés, traversent les pages, depuis leurs débuts dans l'ombre jusqu'à leur éclatante apogée. Le casting est impressionnant, les rebondissements ne manquent pas. Tragédie ! Comédie ! On dévore le livre comme un plat de spaghetti alle vongole et on le referme en se disant : ça ferait un bon film !
Anderton
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