Buzz : Un des avantages de la vieillesse, avec la justification d’une paresse condescendante d’enfoiré, est la perte de dent. Un chicot qui tombe, c’est une carie en puissance de moins. C’est avec cette réflexion, à la pertinence toute relative pour ce qui nous occupe aujourd’hui mais à l’importance considérable pour moi à qui un charcutier maladroit venait de retirer l’antépénultième quenotte, que je prenais place dans la file d’attente qui menait au Showeb de printemps 2015, à l’UGC Ciné Cité Bercy. Entre le visage hâve d’un geek insomniaque et le tee-shirt Iron Maiden d’un autre au genre incertain, je patientais donc en espérant secrètement que les images qui allaient nous être diffusées parviendraient à me distraire de cette putain de douleur lancinante, aussi incongrue que Charlotte Gainsbourg dans un film de Fabien Onteniente.
A ce stade de ma chronique, il faut peut-être que je vous dise ce qu’est le Showeb... Dont c’est tout de même la cinquième occurrence et la première qui a l’honneur d’accueillir un membre, un membre un peu tendu donc, de votre blog préféré. Le Showeb est une sorte de grand raout biannuel organisé par Le Film Français, où on boit du café en devisant un minimum (on s’observe beaucoup) et durant lequel les distributeurs sont invités à venir présenter leurs prochaines sorties salles à un public de blogueurs dont l’activité sexuelle est inversement proportionnelle à celle qu’ils ont sur les réseaux sociaux.
Se succèdent donc dans une salle haletante chauffée à blanc des responsables de différentes sociétés venus vantés les mérites de films parfois très attendus, parfois moins et souvent pas du tout. Le point commun à toutes ces performances à base de guest plus ou moins prestigieux, de vidéos plus ou moins exclusives (sinon intéressantes), de vannes plus ou moins pourries, est qu’elles sont frappées du sceau de la confidentialité. Le message a été passé à de multiples reprises : on s’est sorti les doigts pour vous proposer des images exceptionnelles (à croire qu’ils les ont bien profonds le reste de l’année) mais c’est à la condition que vous n’en divulguiez rien, hormis le fait que vous avez pu les voir. Un peu comme une branlette sans Jack Face. C’est avec ce genre de consigne qu’on transforme une pensée en hashtag.
Comme les représentants des plus grosses sociétés de distribution ont été les plus véhéments sur le sujet, allant jusqu’à nous retirer nos téléphones portables le temps d’une présentation (j’ai vu quelques geeks défaillir et errer, pantelants et amorphes, lorsque les cerbères de Centaure les ont ainsi privés d’hypotalamus), mon top 5 des films les plus attendus sera issu de distributeurs plus modestes. De toute façon je ne vous apprendrais rien si je vous dis qu’il y a eu 3 comas pour 1 minute inédite d’Avengers L'Age d'Ultron, 4 orgasmes pour le trailer de Furious 7 et une perte des eaux pour quelques images de Star Wars VII.
The Dead Lands de Toa Fraser
Parce qu’un film d’action avec des maoris en slips, ça change. Et parce que Philippe Saint-André va avoir besoin de se consoler.
Trespass against us d’Adam Smith
Parce qu’un film réalisé par un économiste mort, ça intrigue. Surtout avec Michael Fassbender et Brendan Gleeson.
Good kill d’Andrew Niccol
Parce qu’après Bienvenue à Gattaca et Lord of War, on attend le réal au tournant sur un sujet brûlant.
Les Cowboys de Thomas Bidegain
Parce que quand le scénariste d’Un prophète et de De rouille et d’os passe pour la première fois derrière la caméra et dirige François Damiens et John C. Reilly dans un drame sur la thématique universelle de la filiation, on sait déjà que ça sera intelligent et émouvant.
Le grand jour de Pascal Plisson
Parce qu’on a tous des passions qu’on regrette de n’avoir jamais pleinement réalisé.
crédit photo du Showeb : @LeFilmFrancais
crédit photo du Showeb : @LeFilmFrancais
Sentenza
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