En DVD et Blu-ray : C'est l'histoire vraie d'un serial killer inattendu que relate La Prochaine fois je viserai le coeur. Le "tueur de l'Oise" était un des gendarmes chargés d'enquêter sur ses propres meurtres. Le film, sorti en vidéo, offre l'occasion à Guillaume Canet et au jeune réalisateur Cédric Anger de démontrer tout leur talent.
La prestation de l'acteur est tout simplement bluffante. Un César n'aurait été que juste récompense tant il parvient à se faire oublier pour incarner un monstre traversé par des émotions contradictoires. On le voit se débattre entre ses pulsions de tueur et ses envies d'aimer. Méticuleux, jusqu'à l'obsession, il se laisse porter par son instinct et fait preuve d'un amateurisme confondant. Tout en sobriété, Canet parvient à nous attacher à cet être retors et stupide, dont la fragilité finit par émouvoir. Très fort. Il est hypnotisant, jusque dans les banalités qu'il lâche dans un français maladroit.
Face à lui, Ana Girardot interprète la jeune fille paumée qui s'éprend du gendarme mutique et peu prévenant. Elle rayonne autant que Canet fait jaillir les ténèbres autour de lui. Une autre fragilité toute aussi émouvante : on souffre pour elle, avec elle. Leur relation est tout aussi glauque que ces paysages de l'Oise : petites villes grises où suinte l'ennui, campagne rase et brumeuse, forêts humides. Et cette pluie, ce froid...
C'est tout l'art de Cédric Anger (L'Avocat, 2011) de créer une ambiance oppressante à partir de rien. Pas besoin d'en rajouter dans les effets de caméra : il privilégie les plans en mouvement, magnifiquement composés. L'édition Blu-ray de TF1 Vidéo met en valeur la superbe photo de Thomas Hardmeier et la toute aussi sublime musique de Grégoire Hetzel : percussions inquiétantes et envolées de cordes expriment l'intériorité du personnage, sa mélancolie, sa folie. En bonus, une interview passionnante du réal et un doc qui revient sur le tournage et la véritable histoire du tueur de l'Oise. Ne manquez pas ce thriller glaçant.
Anderton
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